La campagne écologiste est à la fois partout et nulle part, et les media populaires lui font une guerre sans merci (Chartres est à ce titre un véritable laboratoire, et c’est inouï dans une République).

Qui va pouvoir relier ces centaines de milliers de gens partout qui consacrent leurs journées, leur travail, leur vie à créer des communautés résilientes, à monter des dispositifs qui rendront le monde de demain supportable ? Commençons, chez nous, par l’association Sykadap. Je pense aussi au collectif de la montagne limousine (Yannick Jadot y trouverait une pépinière d’idées déjà mises en application, même si ces gens, ingénieurs, paysans, comédiens, éducateurs n’attendent rien de l’échéance présidentielle, et feront avec, ou sans…), à celui du Triangle de Gonesse (qui a fait arrêter le projet de mégaparc d’Auchan Europacity), aux artisans et cultivateurs, et penseurs, de N-D des Landes, à toutes les batailles qui se livrent partout contre des opérations de destruction du patrimoine naturel et de privatisation du patrimoine historique (c’est toujours lié : voyez Grignon).

Il est grand temps de revenir aussi sur l’absurde casse de la SNCF (à prendre le train souvent, on est atterré) et d’empêcher celle de Radio France, en passe de devenir un pur vecteur de propagande. Il faut ajouter à ce bref état des lieux hautement menacé, le rôle salvateur des reporters rigoureux qui ont coincé les Sarkozy, Cahuzac et autres Benalla, aux juges qui, pied à pied, les renvoient à leur statut de justiciables : nous leur devrons pas moins que d’avoir préservé la démocratie en des temps contraires. Pour être dignes de ces républicains remarquables, les écologistes doivent gagner l’élection présidentielle.

Que ceux qui connaissent d’autres causes poursuivent la liste : voici de quoi prendre son bâton de pèlerin pour enlever l’Elysée. Aucun homme seul n’y parviendra : Yannick Jadot, puisque tu es investi, et pas autoproclamé comme le sont les autres, rappelle ceux avec lesquels tu as débattu, qui ont obtenu un score presque égal au tien, une équipe fera réseau, et seule compte désormais l’action (qui lissera les divergences politiques).  N’oublie pas de t’entourer des enseignants, des gens de théâtre, des écrivains, des scientifiques, des économistes, et même de quelques représentants du monde fermé de la finance, qui ont vulgarisé, au meilleur sens du terme, l’idée de l’urgence du sursaut vital, et qui contribuent, plus généralement, à maintenir les intelligences à flot (au rebours de ceux qui s’escriment à les endormir). Pour l’instant, tu ne fais pas vibrer par ton discours la sphère des écologistes actifs non politiques, c’est à toi de leur rendre ce que tous nous leur devons, et de t’entourer d’eux. Il n’y a plus que les situations concrètes, de danger objectif de détruire nos sociétés en même temps que les ressources, pour entraîner les gens et les convaincre de voter. Sinon, tu sais qui va ramasser la mise.

(Si Jadot ne lit pas « Cactus », je remercie qui le peut de lui transmettre ce modeste message).

Chantal Vinet, présidente de l’association Chartres écologie