L’auteur, Rob Hopkins, enseigne la permaculture. Il est le fondateur du mouvement international des villes en transition. Hopkins observe que les politiques actuelles nous mènent tout droit vers une augmentation de nos factures énergétiques, vers davantage d’énergie provenant de combustibles fossiles dont l’extraction consomme toujours plus d’énergie, et que l’accès aux énergies fossiles génère de plus en plus de conflits.
Il constate aussi que les ressources mondiales se raréfient, que le climat se dérègle chaque année davantage et que les Etats sont de plus en plus endettés. Dans ces conditions, la croissance ne semble pas la meilleure chose à souhaiter. Rob Hopkins déduit de ces observations des orientations pour une politique alternative dictée par la nécessité de réduire nos émissions de carbone. C’est par exemple de se passer progressivement du nucléaire, d’arrêter de créer de nouvelles autoroutes, de mettre un terme à l’extraction d’énergie fossile, d’éviter la centralisation systématique des services publics, car elle entraîne plus de déplacements, de renoncer à construire des zones commerciales à l’extérieur des villes, ce qui augmente la dépendance à la voiture.
Au contraire, nous devons encourager les économies d’énergie et l’efficacité énergétique, accorder des prêts ou des subventions sur des critères de durabilité et mettre un terme à tout grand projet qui génère des émissions de carbone. Concernant les constructions, Rob Hopkins nous incite à la réhabilitation des bâtiments plutôt que de bâtir du neuf et à utiliser le plus possible les matériaux locaux (paille, terre, chanvre, bois locaux). Il nous engage également à réduire nos déplacements, à utiliser les transports en commun, le vélo et la marche.
La « grande idée » de l’auteur, c’est qu’en reprenant en main la satisfaction de nos besoins essentiels au niveau local, nous pouvons provoquer une nouvelle activité économique tout en réduisant notre dépendance au pétrole et nos émissions de CO2 en ramenant le pouvoir au niveau local. Il explique que l’argent qui s’échappe actuellement de l’économie locale par les supermarchés, les achats en ligne et les factures d’énergie vers les placements internationaux ou les paradis fiscaux, pourrait être récupéré au niveau local. Pour ce faire nous devons construire une économie locale de transition résiliente rapprochant le producteur du consommateur, réduisant au passage l’énorme gaspillage d’énergie due au transport.
Rob Hopkins pense qu’il est urgent d’agir, mais qu’à l’échelle collective locale, (quartier, ville, territoire,) il est encore temps car le potentiel pour changer le monde par le bas est énorme. La transition est une démarche tournée vers l’avenir qui vise à créer une économie post-croissance à l’initiative des citoyens de base.
La seconde partie de l’ouvrage décrit de multiples expériences de transition déjà réalisées autour du monde. C’est, par exemple, la mise en place d’une monnaie locale à Bristol ou le succès de la circulation des vélos à Ferrare en Italie où n’existe pourtant aucune piste cyclable mais où voitures et vélos cohabitent en paix. A Portalegre au Portugal, la création d’une cuisine collective pour la transformation et la conservation des aliments. Autour de Bordeaux, six groupes de transition se sont créés : deux AMAP, un SEL, un jardin partagé, une recyclerie, une monnaie locale.
A Saint-Quentin-en-Yvelines, la plantation d’arbres fruitiers partout dans la ville et pressage de jus de pommes et de poires. A Paris 15ème, la création d’un « Répar’café ». A Melbourne, au Royaume Uni, l’installation de panneaux photovoltaïque sur le toit de l’église. A Slaithwaite, au Royaume Uni, la création d’une épicerie coopérative. A Londres, l’installation de capteurs photovoltaïques, réalisée par plusieurs coopératives de production d’énergie. Ils sont la preuve, après l’ouvrage « Un million de révolutions tranquilles », de Bénédicte Manier, « Libres », le film de Jean-Paul Jaud, ou « Demain », celui de Cyrille Dion et Mélanie Laurent, qu’il existe un mouvement actif et diffus un peu partout dans le monde, qui a déjà pris conscience de l’urgence de la transition écologique.
Cet essai est une mine d’idées pour tout ceux qui rêvent d’une autre politique, il est d’une lecture accessible et assez court (185 pages) à lire et à partager.
Denys Calu
Rob Hopkins, Ils changent le monde ! 1001 initiatives de transition écologique, Seuil, 2014.