Un écrivain emménage provisoirement dans un appartement dans ce que l’on peut appeler le quartier juif de Paris, là où, le 16 juillet 1942, 13 152 juifs de France dont 4 115 enfants furent conduits à la mort. Le temps d’écrire une pièce qui ferait enfin le procès de la rafle du Vel d’Hiv, puisqu’après la mort de René Bousquet, on sait que ce procès n’aura jamais.

Pour ce travail de mémoire, défilent à la barre des morts : acteurs le plus souvent anonymes qui ont été, à un titre ou un autre, des acteurs de la tragédie. Seule exception, Reinhardt Heydrich, l’hôte de la Villa Marnier à Wannsee, s’il fallait marquer un commencement à cette macabre histoire.

Notre auteur qui est, par conséquent, le personnage principal de sa pièce rencontre également des vivants. Des hommes, des femmes d’aujourd’hui qui, comme lui, portent la rafle du Vel d’Hiv en héritage quatre-vingts ans après. Une question les hante : comment demeurer fidèle à ce jeune homme, mort à Auschwitz, qui nous conjure de ne pas oublier ?

Philippe  Lipchitz a déjà consacré un livre à la Grande Rafle : un recueil de nouvelles « Nuit de juillet - la rafle du Vel d’Hiv », publié aux Editions l’Harmattan, dans la collection Ethnographiques. Une façon pour celui qui se déclare appartenir à la « génération du silence », ceux à qui on ne voulait pas – on ne pouvait pas raconter l’indicible, d’en finir avec ce silence, privilégiant la médiation de la fiction.