Laure Murat est historienne française et enseigne à l’UCLA (université de Californie, Los Angeles). De ce point de vue, elle dresse un comparatif des réactions et répercussions de l’affaire Weinstein en France et aux Etats-Unis d’Amérique. En effet, ces deux pays affichent une conception très différentes des rapports hommes-femmes : « la galanterie à la française et le puritanisme américain ». Pourtant, la vague « MeToo » a provoqué une prise de conscience globale surprenante face à la violence faite aux femmes des deux côtés de l’Atlantique.

L’historienne nous rappelle que la France a été dans les derniers pays occidentaux à accorder le droit de vote aux femmes, que, par ailleurs, 99% des personnes condamnées pour violences sexuelles sont des hommes. L’affaire DSK avait déjà suscité beaucoup d’émotion et de polémiques avant que n’éclate l’affaire Weinstein. Elle s’interroge sur le sens de la tribune « Deneuve » parue dans Le Monde intitulée :  « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle. » L’auteure est surprise de la popularité d’Orelsan dont la chanson :  « Sale pute ! » est une incitation à la violence évidente, de même que Bertrand Cantat continue de susciter l’engouement de ses fans bien après le meurtre de Marie Trintignant.

La dernière partie de ce court essai porte sur le monde du cinéma, les remous à Hollywood, et la politique de programmation à la Cinémathèque de Paris, ainsi que les polémiques autour des réalisateurs Roman Polansky et Woody Allen…

Cet ouvrage est fort intéressant, car il nous livre une réflexion très fine sur la question des rapports homme-femme, également sur l’évolution des moeurs ces dernières années, portée par le mouvement féministe qui, par son ampleur, peut être qualifiée effectivement de véritable « révolution ».

Laure Murat, Une révolution sexuelle, réflexions sur l’après Weinstein, éditions Stock, 2019, 149 pages. 17,50 €

Denys Calu