Madame, Monsieur,

Cinq candidats, trois titulaires, deux suppléants, issus du mouvement écologiste, ont l’honneur de solliciter votre attention et votre suffrage. L’urgence de la situation, sous les aspects du dérèglement climatique, du déclin des ressources, de la crise économique, sociale, et maintenant sanitaire, nous a conduits à proposer aux grands électeurs du département d’Eure-et-Loir un programme ouvrant à une ère de réconciliation entre les gens d’ici et la terre sur laquelle ils vivent et dont ils dépendent. Telle est à nos yeux la mission des sénateurs, représentants du peuple supposés d’expérience : relayer par la voie législative les besoins authentiques et vitaux des habitants dans le cadre de l’indispensable transition écologique. Ce que ne fait pas l’actuelle majorité sénatoriale liée à un parti dépassé par le changement climatique et ses impacts sociaux et environnementaux.

L’été 2020 a fait ressortir toutes les fragilités de notre système économique. Le modèle dominant de croissance fondé sur une production toujours accrue est voué à la faillite : outre l’épuisement des terres et  l’extinction de la bio-diversité dus aux pratiques agro-industrielles et le dramatique tarissement des nappes phréatiques, chaque année plus marqué, nous déplorons l’endettement vertigineux de certaines collectivités à cause de travaux démesurés, qu’il s’agisse d’équipement ou de voirie. Il résulte de telles politiques des déséquilibres sociaux, et le chômage, contrairement aux promesses toujours alléguées, n’est jamais endigué.

Face à un tel désastre, nous commencerons par nous mettre à l’écoute des citoyens, les ruraux et les urbains, ceux qui, en somme, connaissent le mieux leur cadre et leurs conditions de vie – pas question de tout regarder depuis le Palais du Luxembourg. Nous serons sur le terrain, afin de veiller à la bonne marche des dispositifs qui résulteront de la concertation.

Le principe est de préparer pour les générations futures une vie saine et épanouissante, ce qui en l’état actuel des choses est loin d’être assuré. Nous nous ferons un devoir de soutenir, partout dans le département, ceux qui sont déjà dans l’action : maraîchers, agriculteurs, céréaliers convertis ou en conversion à la culture biologique. Nous nous appuierons sur les réseaux des maires et sur les associations pour faire de la pédagogie et susciter l’adhésion des citoyens à la transition – l’investissement de chacun compte pour réaliser la nécessaire transformation de nos territoires. Nous impulserons une politique d’aide aux agriculteurs encore hésitants ou sceptiques, bien qu’ils soient de plus en plus acculés et pressurés par le système. Le seul moyen de faire vivre cette nouvelle économie est d’aider à organiser les débouchés (cantines, restaurants, commerces, marchés), et ainsi de relier les campagnes aux villes. C’est ce dynamisme, seule alternative à la gestion actuelle, qui permettra de réaliser l’autonomie alimentaire et artisanale qui protégera nos territoires d’une dépendance risquée vis-à-vis d’une mondialisation qui a révélé ses limites et les dégâts qu’elle provoque. Cette économie de proximité, qui intégrera aussi le renouveau de cultures traditionnelles telles que le lin, par exemple, est pourvoyeuse d’emplois.

Notre département doit créer des emplois industriels et de services, pour ses habitants et les nouveaux venus toujours plus nombreux à quitter l’Île-de-France, en accueillant les entreprises qui s’engagent à devenir des espaces à responsabilité sociale et écologique. Par exemple, le télétravail, largement répandu depuis quelques mois, démontre qu’il peut améliorer les conditions de vie et diminuer largement l’impact sanitaire des transports.

Resserrer les liens entre ville et campagne oblige aussi à repenser les mobilités. Les réseaux de transports publics ne peuvent concurrencer l’automobile individuelle que s’ils sont réguliers et souples ; les voies ferrées – intérieures et vers les départements limitrophes – seront réhabilitées. La pratique du vélo, alternative à la voiture, se développe partout où il est possible de rouler en toute sécurité sur les derniers kilomètres pour les trajets domicile-travail, domicile-école ou dans le cadre des loisirs. L’extension de la carte Navigo aux Euréliens est également un objectif prioritaire. Nous rendrons cela possible.

D’autres leviers devront être actionnés : ainsi celui du patrimoine, profane comme sacré. Un maillage de moulins, châteaux, gentilhommières, basiliques et autres églises, tous tournés vers la cathédrale de Chartres, devra être recomposé, ne serait-ce que par des circuits mieux balisés de pistes cyclables. Et parcourir la Beauce dans des odeurs d’herbe et de fleurs serait infiniment plus attrayant que dans la pestilence des engrais chimiques ! Les sites naturels retrouveraient ainsi leur aspect et la bio-diversité originelle : haies et arbres qui freineraient les vents seraient favorables à l’éclosion d’une vie qui a depuis longtemps disparu.

Autre responsabilité majeure : l’éducation ; une société qui la néglige est condamnée à la désagrégation. L’école étant souvent le seul point de vie dans les communes rurales, nous nous battrons aux côtés des élus locaux pour la maintenir et l’entretenir. De surcroît, aujourd’hui que l’on sait les acteurs de la culture menacés par la crise sanitaire, il importe de réfléchir à leur présence jusque dans le plus petit village ; ouvrir des théâtres et des ateliers de création et d’exposition rapprocherait à coup sûr les citoyens.

Enfin, alors que notre population vieillit, le risque de voir notre département se transformer en désert médical est important. Nous nous engageons à œuvrer dans le sens du regain, notamment par un maillage des maisons de santé et le développement de la télémédecine.

Soyez certains que la seule motivation de notre engagement est un changement décisif et salvateur pour notre société, vers plus d’égalité entre les territoires et vers une plus grande cohésion du département. L’existence même du Sénat a été un temps discutée. Nous sommes favorables à sa réforme, et ferons en sorte de le transformer par nos pratiques : une chambre qui, par ses propositions de lois, œuvre à la transition écologique et à la résilience des territoires avec et pour les habitants, au sein de laquelle l’Eure-et-Loir serait pionnier.