Avec son dernier roman Tu la retrouveras, Jean Hatzfeld nous emmène dans un univers où le chaos se mêle à ce que l’humanité nous réserve de plus beau, Alors que la guerre fait rage dans l’est de l’Europe entre 1944 et 1945, une amitié incroyable se noue entre deux fillettes. La juive Sheindel et la tzigane Izeta, perdues dans une guerre qui les dépasse, se retrouvent comme deux sœurs dans un zoo abandonné par ses gardiens. Véritable arche de Noé, ce zoo devient le refuge des animaux affamés et des fillettes.
Malgré leur jeune âge, les deux enfants décident d’unir leurs forces mais aussi leur envie de vivre pour soigner les animaux et les aider à fuir l’horreur de la guerre. Budapest, tenue par les Allemands, est devenueun véritable champ de bataille. L’Armée rouge encercle la ville et bombarde continuellement. La milice est également présente pour chasser les traîtres abattus sans autre forme de procès. Dans cette poudrière, Sheindelet sa complice parviennent à trouver du réconfort auprès des animaux. Sur le qui-vive en permanence, les deux fillettes arrivent malgré tout à faire sortir du zoo les girafes, les zèbres et autres animaux.
Dans la première partie de son récit, Jean Hatzfeld nous offre de beaux tableaux sur les relations de Sheindel et Izeta avec les hyènes ou encore avec une orang-outan surnommée Mama et son petit. Au cours de cette aventure peu ordinaire, Dumitru, vétérinaire de l’Armée rouge, rend visite quand il le peut aux deux nouvelles gardiennes du zoo. Son aide sera précieuse pour comprendre et soigner les animaux en captivité. En période de guerre, rien ne dure et la belle amitié liant Sheindel et Izeta s’arrêtera avec le départ des hyènes.
Quelques bonnes années plus tard, Sheindel partira à la recherche d’Izeta. Cette quête désespérée la mettra sur la route de Frédéric, un journaliste français, intrigué par cette histoire. Ce sera l’occasion pour Sheindel de retrouver Dumitru. Lors de ces retrouvailles, les deux survivants de cette histoire se livreront avec pudeur.
Toutes les guerres charrient leurs lots d’horreur et d’abominations. Mais l’extraordinaire peut jaillir au carrefour du chaos en rampant comme le jour. La rencontre de Sheindel et d’Izeta, petite lumière de vie, nous permet de croire encore au genre humain.
Pascal Hébert
Tu la retrouveras, de Jean Hatzfeld, éditions Gallimard, 202pages. 19,50€.
Photographie Francesca Mantovani