Entre thriller politique et la transmission d’un père à sa fille, Trouver refuge, le dernier roman de Christophe Ono-dit-Biot, ne manque pas d’énergie, le tout dans une France dirigée par l’extrême droite avec un président qui se fait appeler Papa.
Dans cette France, dans laquelle l’humanisme, la tolérance et l’universalité ont été rangés au rayon des souvenirs, l’autorité devient le maître mot d’une politique basée sur le slogan de la famille et du travail. Dans cette France redéfinie et dont les fenêtres de la vie se sont refermées, pas facile de penser et d’exprimer librement ses convictions et sa critique d’un régime nationaliste que l’on espère ne jamaisvoir un jour en France.
Sacha et Mina tentent de vivre dans ce pays aux antipodes de leurs convictions politiques. Malgré leurs efforts pour ne pas attirer l’attention, un faux pas de Sacha les met en danger. Et les menaces pleuvent aussitôt. Comme beaucoup d’opposants, Sacha, Mina et leur fille prennent la fuite sans attendre pour tenter de trouver refuge au mont Athos, un sanctuaire de monastères placés sous les règles byzantines et dont l’accès aux femmes est interdit depuis le onzième siècle. Pour contourner cette règle, Mina et Irène coupent leurs cheveux. Repéré par les agents de Papa, le trio se sépare avant même d’embarquer. Sacha et sa fille parviennent à rejoindre l’île tandis que Mina roule vers Paris. Elle trouve refuge chez une de ses élèves de l’université où elle est enseignante. Tandis que Mina découvre le lien qui unit Papa à son mari, Sacha et Irène goûtent àla simplicité de la vie loin du bruit et de la fureur des hommes. Mais le terrible secret que cache Sacha a tout pour défaire la bonne réputation de Papa qui n’a pas l’intention de laisser son vieil ami de jeunesse utiliser des informations contre lui.
Spiritualité, beauté de la nature et simplicité des hommes se heurtent au pragmatisme politique d’un homme prêt à tout pour préserver son image et son pouvoir. Et le roman de Christophe Ono-dit-Biot de nous alerter sur ce que pourrait devenir la France si les extrêmes arrivaient au pouvoir : « Mina savait que cette hystérisation de l’assignation à l’identité, à la couleur de la peau, à la religion pratiquée, colportée par les extrémistes des deux camps, dont les troupes augmentaient, avait contribué à l’élection de Papa. »
Pascal Hébert
Trouver refuge, de Christophe Ono-dit-Biot, éditions Gallimard, 411pages, 20euros.