En raison de l’annulation du conseil municipal d’octobre pour laquelle nous n’avons toujours pas obtenu d’explication, 57 délibérations nous attendaient jeudi soir 17 novembre.

Nous commençons par commenter les « décisions du maire » qui sont unilatérales et font l’objet d’une simple communication : elles nous apprennent, entre autres, le pourvoi en cassation de la ville et la prise en charge des frais d’avocats inhérents dans ses procédures relatives à l'affaire des Trois Marronniers. Nous critiquons ces dépenses importantes consécutives à des erreurs de décisions municipales appliquées à un Espace Boisé Classé au Plan local d'urbanisme (PLU) : J-P. Gorges nous répond que l’EBC, ça n’existe pas…, d’ailleurs, il va les supprimer « à la demande de l’État » (ah, donc ils existent !)

Olivier Maupu loue ensuite l’exhaustivité et la précision du procès-verbal du précédent conseil municipal où les menaces proférées à mon encontre par le maire sont parfaitement transcrites : « Bridet : mais non, Idéfix, Idéfix, je répète : Idéfix. Et ouais, vous finirez accroché dans un arbre. Voilà. Avec un baillon, un baillon ! Vous finirez accroché à un arbre ». Evoquant des menaces qui n’ont pas lieu d’être, Olivier se fait à nouveau qualifier de « petit juge ». Aucun problème pour le maire, c’était juste drôle et de toute façon il l’avoue bien : nous n’avons pas les mêmes moyens que lui pour ester en justice….

Dès la première délibération, J-P. Gorges quitte l’assemblée et cède la présidence à sa première adjointe, il s’agit en effet de voter sa protection fonctionnelle dans le cadre d’une action en justice pour diffamation contre France 3 qui a informé de la plainte déposée par une dizaine de citoyens chartrains contre le maire pour prise illégale d’intérêts. Nous nous étonnons de la qualification diffamatoire de cette information journalistique factuelle et estimons bien hasardeux de dépenser l’argent des Chartrains pour une procédure si fragile. Ce qui est étonnant, c’est que le rapport affirme que le journaliste tient des propos diffamatoires avant même que la chose soit jugée ! Pourtant, M. Lizurey considère encore que c’est Quentin Guillemain qui s’élève en magistrat qui suivrait l’exemple de « votre grand timonier le général Tapioca de Marseille », évoquant ici certainement la personne de J-L. Mélenchon. Il demande à Mme Fromont d’interrompre les débats et de passer au vote malgré la demande de parole de J. Marre et d’O. Maupu. Elle s’exécute sans délai : premier déni de démocratie dès la première délibération ! En l’absence du maître, il semblerait que les élèves rivalisent pour le dépasser…

À l’occasion d’une décision relative aux redevances d’occupation de terrasses en centre-ville, J-P. Gorges, de retour, se réveille : « le COVID a été salutaire pour me permettre ce formidable développement des terrasses de bars et restaurants », puis, ajoute à peu près pour conclure le débat en nous regardant hilare et avec insistance : « Encore quelques degrés supplémentaires de réchauffement climatique et on en profitera toute l’année, on sera bien ».

M. Masselus présente ensuite très, très rapidement le rapport de la Cour Régionale des Comptes sans évoquer évidemment ses alertes ni le niveau inquiétant de la dette de l’agglo qui approchera bientôt les 400 millions d’euros fin 2022 (voir le récent article à ce sujet sur CACTUS). C’est le maire qui répond aux commentaires de Q. Guillemain qui reprend essentiellement les termes des magistrats. Concernant le niveau de dette, il évoque les vingt dernières années où l’opposition lui a reproché sa gestion et prévoit bien de continuer à nouveau vingt ans au même rythme. Evidemment, comme Quentin a eu l’impudeur de faire vivre le débat sur ce petit sujet, il se fait encore qualifier d’incompétent notoire : « vous êtes un pro de la petite politique de comptoir, vous êtes tombé du ciel et vous partirez un jour de la même façon que vous êtes venu ». Lorsque j’évoque ensuite l’hommage fait la semaine dernière en session régionale par M. Nikolic (Rassemblement National) à la gestion de M. Gorges dont les équipements d’envergure (nourris par la dette) font l’attractivité en trompe l’œil de notre ville, le maire me dit « mais le RN, ce sont vos amis puisque vous votez comme eux à l’Assemblée Nationale ». Surpris par cet amalgame il me dit « Mais oui vous faites partie de la NUPES ». Je lui dis que je n’ai aucune carte, il me rétorque que j’ai pourtant fait la campagne de la NUPES aux législatives…, comme lui celle de Kasbarian au second tour, lui rétorquais-je ! « Vous êtes un garçon sympathique comme ça, M. Bridet, mais vous n’êtes pas un écologiste, vous êtes un anti-capitaliste pour la décroissance ». Décroissant, anti-capitaliste, j’approuve mais écologiste aussi, j’insiste !

A partir de ce moment de la séance, à environ 22 heures, toute demande d’intervention de notre part suscite soupirs et autres « ouh la la… ». (Ah oui, débattre, ce truc-là……..)

Q. Guillemain pointe l’augmentation de 50% du budget « Publication – édition » de la ville suite à l’extension de la diffusion de Votre Ville aux communes limitrophes, ce qui nous promet une augmentation à hauteur de 150% l’année prochaine, soit un million d’euros par an ! Réponse sans appel du maire : « Il s’agit d’une crotte de nez : si vous vous intéressez à ça, c’est que tout le reste va bien !». Et cerise sur le gâteau : « C’est du papier recyclé ; il stocke du carbone, si je ne l’utilise pas, il sera jeté et participera au réchauffement climatique ». Le festival du sophisme continue !

A l’occasion d’une délibération relative au pôle gare, M. Caplain, successeur de M. Garreau, précise qu’après avoir voté depuis le début du mandat contre les délibérations qui ne correspondaient pas au programme électoral de son groupe, celui-ci adopterait désormais une position plus constructive...

Face à une remarque d’Olivier Maupu, Gorges nie avoir prévu un parking sous les jardins de l’Evêché et coupe les cheveux en quatre ; c’est pourtant le projet qui apparaît bien à l’ordre du jour du précédent Conseil Municipal : « Pour raccrocher les jardins de l’évêché à quelque chose de dur, on va faire un grand mur, et quand vous avez ce mur-là, le parking est fait » . Néanmoins il conclut : « Vous et vos petits amis ne faites de la politique que par le mensonge ».

Après un débat un peu houleux où J. Marre met en cause le dispositif de parrainage individuel des jeunes sans emploi par les conseillers municipaux, M. Standaert (En Marche) enrichit ainsi la discussion : « Nous soutenons ce dispositif et nous serons volontaires pour parrainer ». Là, le maire est content : « Merci M. Standaert, ça c’est bien » 20/20 ! Il en profite pour mettre en cause les travailleurs sociaux : « Certaines associations (d’insertion et d’accompagnement social) vivent sur la misère des gens... » « Quand je vois les résultats dans les bureaux de vote, je comprends que les gens approuvent cette approche de la politique sociale » ; « La différence entre vous et nous, c’est que vous vous êtes des militants politiques et nous on fait les choses. » Toujours la même histoire : à droite on ne fait jamais de politique !

À l’expression de la question de Q. Guillemain suite à la suppression de fruits et légumes frais dans les menus des cantines scolaires, les remarques fusent sans rapport avec les propos : « C’est dégueulasse », « Faites-le taire », « Allez en Corée du Nord ». Dans sa réponse, le maire dit : « Nous n’assurons que 4 repas sur 21 dans la semaine. Pourquoi serait-il à la collectivité (qui n’a pas d’obligation à fournir ce service, précise-t-il) de se préoccuper de l’équilibre alimentaire ? ». « Il y a des gens qui mangent des pâtes tous les jours et avec du pain encore : ils sont morts ? ».

À minuit, tandis que chacun range son cartable, le maire donne la parole à M. Standaert (En Marche) qui, pourtant, contre le cadre du règlement intérieur, n’avait pas préalablement déposé de vœu ou de question écrite. Après trois heures trente de mutisme sur les sujets d’urbanisme, de budget, de protection fonctionnelle ou de restauration scolaire, il s’agissait pour M. Standaert de donner des gages supplémentaires de soumission à J-P. Gorges en attaquant frontalement cactus.press et votre serviteur :

Il déplore que notre site s’attaque dans l’article du 11 novembre « ras la casquette » à la tenue vestimentaire de M. Kasbarian (dont il est d’ailleurs attaché parlementaire) et en profite pour demander l’instauration d’un règlement vestimentaire pour le Conseil Municipal. En effet, en évoquant l’exemple du manque de tenue des parlementaires NUPES à l’Assemblée nationale, il m’accuse directement de manquer de respect vis-à-vis des morts pour la France en raison de mon aspect « négligé » lors de commémorations officielles (les témoins seront juges…) ! Il en remet ensuite une couche indignée en pointant mon refus de suivre le cortège officiel du 11-Novembre à l’intérieur de la cathédrale (comme d’ailleurs M. Lemoine, VP du Conseil Départemental), attitude que j’explique également dans les colonnes de CACTUS. S’en suit un échange avec le maire ravi de pointer encore notre manque de respect pour les traditions chartraines...

Inutile de préciser que M. Standaert est abondamment applaudi par une majorité se délectant de cette agression gratuite :  à vaincre sans danger, on triomphe sans gloire…

Jean-François Bridet