En cette avant-veille du second tour des élections départementales, comment ne pas avoir en tête l’appel désespéré de cet agriculteur « Aidez-moi à sauver ma ferme ! », inscrit sur un calicot posé sur une remorque au milieu du champ ? C’est au bout du chemin de Fontaine-Bouillant, au Gorget, hameau de la commune de Saint-Prest, juste après les prés où paissent paisiblement des chevaux : image de détresse surgie au milieu de l’opulence tranquille du cadre de la promenade locale. Voilà la bonne raison de voter : c’est tout un système économico-politique qu’il faut contrer en votant.
Les seuls porte-voix de ce paysan sont les candidats d’Eure-et-Loir Ecologie, défenseurs d’une agriculture saine vers laquelle ils savent que l’on peut entraîner les âmes – et les bras ! – de bonne volonté, en aidant à cette transition. Non aux pesticides et aux nitrates, non à l’autoroute A 154, non à la suppression du COMPA : on voit clairement dans ces trois résolutions la cohérence du pari agricole réunissant au présent nourriture et santé, et la mémoire d’un peuple paysan qui a créé cette région.
Ce seul argument de la préservation de la TERRE suffirait à plaider en faveur de Gérard Leray et Sandra Renda, candidats pour Chartres I. Mais ces deux ne sont pas seuls : Guy Lirzin et Caroline Maupu, passant aussi le cap du second tour, pour Chartres III, offrent au Département la chance qu’un quatuor d’écologistes fasse jouer une autre musique. Participant aux débats, ils communiqueront sur les enjeux auprès du public et, s’il le faut, en déjoueront toutes les dérives, longuement dénoncées dans les colonnes de Cactus.
Il faut une vigilance et une combativité sans pareilles pour faire changer les pratiques quasi féodales, dictées depuis la mairie de Chartres, d’une institution départementale qui a mené la vie dure aux personnels des services, en raison même d’abus liés à l’exercice de mandats cumulatifs et des réseaux mis en place au fil des décennies. En somme, le monde paysan, les services sociaux, la culture et l’éducation devront redevenir les priorités qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’être.
L’issue de ce second tour demeure incertaine : chaque voix compte. Votez pour que soit possible l’action écologique (l’appel des 1 500 scientifiques du GIEC au sursaut cette semaine nous renvoie collectivement à l’urgence), citoyenne (au service d’un unique mandat) : c’est le seul pari en faveur de l’avenir.
Chantal Vinet, présidente de l’association Chartres Écologie.