Riss est journaliste, dessinateur et patron de Charlie Hebdo depuis l’attentat. Il était dans la salle de la rédaction lorsque le 7 janvier 2015, deux terroristes tentent pendant une minute et quarante-neuf secondes de « tuer Charlie ». Riss a mis du temps avant de pouvoir raconter « son attentat ». Mais cette distance avec le tragique évènement lui permet d’en faire un livre politique fort, entremêlé de passages émouvants.

Riss peut désormais se raconter, se dévoiler aussi par moment. Il alterne les chapitres pour rendre hommage à ses amis de ving-cinq ans (Charb, Cabu, Bernard, Mohamed, Wolinski, Elsa…) qui sont tombés sous les balles des deux terroristes. On pleure beaucoup en lisant ce livre, on rit aussi. Riss est resté malgré tout un sale gosse et c’est tant mieux.

Le temps passé n’a pas altéré sa plume. On retrouve un Riss plus combatif que jamais. Le livre prend alors toute sa dimension politique. L’auteur n’épargne personne ni même la rédaction de Charlie Hebdo qui, au lendemain de l’attentat, a vu certaines personnes se révéler de funestes opportunistes. Riss règle ses comptes et se dresse sans trembler contre ceux qui ont voulu faire taire Charlie ou les « Je suis Charlie, mais » qu’il appelle « les collabos ».

Ces critiques forcent le lecteur à réfléchir sur ce qu’est devenu « Je suis Charlie ». Le talent de Riss est de nous entraîner avec lui pour défendre la liberté d’expression, si fragile. Même s’il faut en payer le prix (sans Riss-tourne) …

GLRZ

Riss, Une minute quarante-neuf secondes, Actes sud, 21 euros.