Cette pandémie est une catastrophe pour beaucoup de secteurs d’activité : l’aviation, l’automobile, le tourisme, la restauration, les commerces non indispensables (librairies), les spectacles de toutes sortes, théâtre, cinéma, musique, cirque, sports… et aussi dramatiquement pour les précaires, chômeurs et les sans-abri. Il ne faut pas oublier non plus les familles endeuillées qui ont été privées de funérailles honorables.
Mais c’est aussi le moment d’une pause, d’une réflexion, de prendre le temps de savourer le silence dans la ville, l’absence de pollution qui nous offre un ciel étoilé plus clair. Faire une pause dans la course de tous les jours : transports, boulot, achats, loisirs, etc. Se permettre une grasse matinée ou une sieste, le repos. Peut-être certains auront évité le burn-out, mais n’éviteront pas l’inquiétude.
De prendre le temps aussi de faire ce qu’on a laissé de côté : réparations ou bricolages toujours reportés, grand rangement et nettoyage, tri dans l’accumulation des objets qui encombrent nos placards. De prendre le temps de lire et relire, d’échanger des bouquins.
Cela met en évidence notre besoin de communiquer, d’écrire, d’envoyer des messages à sa famille, à ses amis, dont certains plus éloignés.
Ce temps libre mais contraint nous donne l’occasion de développer notre créativité : dessin, danse, sport, musique, jeux de société, cuisine, bricolage, couture, jardinage…
Cet événement dramatique exceptionnel est surtout l’occasion de prises de conscience :
– que les services publics sont indispensables et utiles à tous (bien commun) : hôpitaux, école, police, justice, réseaux de communication.
– qu’il est impératif de produire en France et en Europe, les médicaments et les produits de première nécessité, que les souverainetés alimentaire et sanitaire sont essentielles, que les délocalisations à outrance constituent une erreur prévisible.
– les parents font l’expérience de l’importance du travail et du professionnalisme des enseignants trop souvent exposés à la critique.
– nous prenons conscience de ce qui est vital pour la société : l’habitat, la santé, l’alimentation et la culture.
– le confinement est aussi l’occasion de solidarités entre voisins et pour ceux qui sont dans l’action, personnel de santé, caissières, éboueurs, d’ une reconnaissance du caractère indispensable de leur tâche.
L’après confinement fait déjà couler beaucoup d’encre. Certains pensent qu’après, tout redeviendra comme avant. Corinne Morel Darleux fait référence à Tchernobyl et Fukushima : les gouvernements continuent de produire de l’électricité nucléaire, les méga-feux en Australie n’ont pas infléchi le moins du monde la politique énergétique du gouvernement. Pourtant cette nouvelle catastrophe de dimension planétaire, dont l’impact économique oblige à repenser tout le système néo-libéral, sera sans doute l’occasion de quelques initiatives du gouvernement et de certains investisseurs enfin éclairés, et pour nos compatriotes, d’un changement dans leurs comportements en matière de consommation, de déplacements… On peut rêver d’un autre monde où il y aurait plus de justice sociale et une véritable attention à l’environnement.
Denys Calu, correspondant permanent de Cactus à Romans-sur-Isère.