Le franchissement d’une année porte éternellement sa cohorte de souhaits, d’attente vaguement magique, de peur, aussi. 2025 n’est pas en reste. Personne n’est rassuré, et l’on voudrait pourtant que la planète tourne mieux. Des enfants sont à naître, qui auront déjà fort à faire avec les bouleversements climatiques, dans le temps même où des dictateurs surarmés massacrent sur fond de lamentations des institutions internationales réduites à l’impuissance.
Le pire est que, partout en Europe et dans le monde, des partis qui envient ces potentats et copient leurs méthodes engrangent des votes. Ravages des médias qui se vautrent dans le populisme, vendus aux affairistes mondialisés. L’instruction publique et la culture, la lecture, les arts vivants perdent du terrain : l’occupation des cerveaux en a gagné. Tout noir, le tableau ?
Pas exactement. Au coeur de la léthargie ambiante, ils n’ont jamais été aussi nombreux, les lucides, les généreux et les intelligents, également dotés de courage, qui travaillent à une humanité qui porterait bien son nom. Non, ils/elles ne laisseront pas épuiser les ressources, de la terre comme des esprits : sous quelque angle que l’on regarde l’évolution du monde, ouvrir rend toujours plus heureux et prospère que se barricader. Ariane Mnouchkine est plus solaire que Bruno Retailleau - dans son théâtre-Babel, elle a, même économiquement, beaucoup plus apporté à la France.
Chartres, puisqu’on y revient toujours, est un microcosme très représentatif de cette croisée des chemins : 2025 s’annonce comme une année de bilan et de réflexion, préludant au choix d’une nouvelle équipe au gouvernail. La cathédrale enserrée dans un carrelage bétonné, cela commence à scandaliser, comme un emblème d’une politique municipale qui a autoritairement tout sacrifié aux bonnes affaires immobilières. Partout, des choix qui ont pour corollaire l’invisibilisation des pauvres, et même une éviction des habitants de la Madeleine, dont les services et l’habitat sont rendus inaccessibles, comme ceux de Bel Air, à mesure que les terrains sont cédés aux promoteurs.
C’est toute la gouvernance de l’agglomération qu’il faut amener chaque citoyen à comprendre pour qu’elle puisse être changée. C’est cette maturité civique que craignent les propriétaires de mandats indéfiniment reconduits. Ecoutons-nous tous, reprenons la pratique du débat : il faudra improviser des agoras, l’opposition ne disposant pas de lieu où s’adresser au public, au mépris de la démocratie élémentaire.
C’est là tout le bonheur que l’on peut espérer pour Chartres et les villes qui lui sont rattachées : oeuvrer au regain de la vie communale, se connaître, voir réémerger les aspirations au collectif, à la création. Rien moins. Tout cela, avec conviction.
Chantal Vinet, présidente de l'association Chartres Ecologie