Baptiste Morizot est un philosophe maître de conférence à l’université d’Aix-Marseille, son domaine d’étude porte sur les rapports de l’humain et du vivant, il est influencé par Bruno Latour et Philippe Descola. Il habite au pied du Vercors, c’est un jeune écolo (41 ans).
Face à la crise écologique devant laquelle on peut se sentir impuissant, Baptiste Morizot nous donne une petite lueur d’espoir : la nature abrite une multitude de forme de vie qui comme un feu, n’a besoin que d’un souffle sur ses braises pour repartir. Ce souffle ou levier d’action écologique c’est par exemple l’initiative Vercors Vie Sauvage qui offre une forêt sauvage en libre évolution, mais qui est ouverte aux promeneurs.
L’auteur dénonce à plusieurs reprises le système économique, extractiviste et financiarisé, ignorant la sobriété qui soumet tous les domaines à la marchandisation. Ce système condamne les agriculteurs à réduire les dynamiques du vivant, l’usage massif des pesticides détruit la vie des sols, les populations d’insectes pollinisateurs et les oiseaux. A contrario, il donne en exemple, la ferme du Grand Laval (à Montellier dans la Drôme) dont l’objectif est de faire revenir un maximum de vie sauvage, car des enquêtes scientifiques ont démontré que cela produisait de la résilience de la robustesse et de la vitalité sur les cultures. « L’enjeu est de faire confiance aux dynamiques du vivant ». De plus les chercheurs ont observé une grande richesse d’antioxydants sur les légumes et fruits de l’agriculture biologique. Passer d’une logique d’adversité à une logique de partenariat avec le vivant, c’est l’esprit qui habite les agro-écologistes.
Au dualisme agriculture productiviste contre sanctuarisation d’espaces de nature, Morizot préfère des projets complémentaires : repaysanner l’agriculture et réensauvager des espaces de nature pour raviver les braises du vivant.
Philosophe naturaliste mais aussi humaniste, il déclare : « on ne peut plus protéger la nature sauvage sans défendre un monde humain qui soit compatible avec elle et épanouissant pour les relations. »
Cet essai s’appuie sur des observations scientifiques en milieu sauvage et agricole. Il apporte une contribution positive et très intéressante à la pensée écologique.
Baptiste Morizot, Raviver les braises du vivant, un front commun, éditions Actes Sud 2024, 246 pages, 21 euros.
Denys Calu