C’est toujours amusant de lire un roman avec des personnages liés au monde de la littérature. Il s’y glisse parfois quelques anecdotes véridiques, des histoires de plagiat, de recherche d’inspiration, d’angoisse de la page blanche, sans oublier le monde de l’édition et les rapports entre un romancier et son éditeur. Quelque chose à te dire, le dernier roman de Carole Fives réunit un peu tout ça et plus encore.
Ce livre est une sorte de trait d’union entre une jeune écrivaine en devenir et une romancière reconnue. Elsa Feuillet tente de percer dans un milieu où peu sortent réellement de l’ombre. Elsa n’a d’yeux que pour Béatrice Blandy dont elle a lu tous les livres et qui est une source d’inspiration au plan littéraire… mais aussi au plan social. Perdue dans sa province natale avec un fils à charge, Elsa Feuillet rêve d’une vie à la Béatrice Blandy et d’être une nouvelle Béatrice Blandy, partie prématurément en pleine gloire. Enviant son aisance devant les caméras et ses réponses intelligentes à chaque interview, Elsa voit en Béatrice le symbole de la réussite et d’une vie pleinement accomplie. Cette romancière est le modèle à suivre pour celle qui espère voir un jour son travail enfin récompensé.
Le hasard met en lien Elsa avec le mari de Béatrice Blandy. Doucement mais sûrement, Elsa s’installe dans l’appartement de sa romancière préférée rempli de souvenirs, de photos. Il y a également le bureau de Béatrice qui intrigue Elsa et dont l’accès n’est pas autorisé. La visite de l’éditrice de Béatrice Blandy à son mari va donner un nouveau virage à la vie d’Elsa qui s’empare de l’idée qu’un manuscrit non achevé doit bien se trouver quelque part.
Après avoir mis la main sur des carnets, Elsa décide de mettre en forme les notes de Béatrice Blandy et d’éditer ce livre sous son propre nom… en évitant soigneusement de créditer l’auteure originale. Devenue la star de la rentrée littéraire, Elsa est sur son petit nuage. Mais la supercherie de ce plagiat est révélée par l’éditrice de Béatrice Blandy qui ne peut apporter la moindre preuve de son honnêteté. Si les éditeurs d’Elsa et de Béatrice Blandy s’accordent sur un 50 % des droits d’auteur, la star de la rentrée littéraire doit affronter le scandale tout en s’assurant d’une manière cynique la vente record de son livre et de ceux à venir. Quand la littérature rencontre le business...
Pascal Hébert
Quelque chose à te dire, de Carole Fives, éditions Gallimard, 168 pages, 18 euros.
Photo : Francesca Mantovani.