Depuis le début du printemps, j’ai pris la résolution de me rendre à vélo en région parisienne pour l'accomplissement de mes projets professionnels d'architecte. J'agis ainsi pour ma grande satisfaction morale, pour contribuer à la bifurcation écologique, mais aussi pour mon plaisir et ma forme physique. Après quelques semaines, les repères entre la gare Montparnasse et un chantier à Épinay-sur-Seine me sont familiers et, pour peu d’être vigilant, casqué et bien équipé, tout se passe bien, et j’arrive trente minutes plus tôt qu’en voiture !

Seul obstacle sur le parcours, et c’est un comble : la gare de Chartres, départ et arrivée de cet aller-retour hebdomadaire.

Entre l’édification de la passerelle et la prolongation du tunnel jusqu’au parking auto, ce sont presque 15 millions d’euros qui ont été dépensés pour améliorer le parcours des voyageurs. En revanche, pour les cyclistes, pionniers d’un modèle qu’il faudrait « massifier », c’est toujours la punition des escaliers à descendre puis gravir deux-roues sur l’épaule (15 à 20 kgs avec les sacoches chargées de dossiers), tout en s’excusant de la gêne éventuelle auprès des piétons voisins.

Apothéose qui déclenche ce coup de gueule cette semaine : la SNCF a choisi de faire arriver le train en voie 12, vous savez, tout au bout, desservie par deux étroits escaliers qui interdisent de se croiser et obligent le cycliste policé à laisser passer le flux principal avant de s’y engager avec sa monture sur l'épaule…

Les voyageurs en situation de handicap ne sont d’ailleurs pas mieux lotis lorsque leur train s’arrête en voies 8 ou 12, celles-ci n’étant pas accessibles par la passerelle et ses ascenseurs.

Alors, oui, je continuerai à me sentir légitime pour dénoncer cette gabegie, ce projet de gare tape-à-l’œil et inutile, prétexte à la folie des grandeurs gorgienne, et ne rendant service qu’aux automobilistes condamnés à s’abonner au nouveau parking après avoir contribué à la pollution de notre atmosphère urbaine !

Jean-François Bridet