Les rares postes d'administrateurs "offerts" par le maire aux élus d'opposition pour représenter la ville dans les instances des SEM et SPL sont présentés comme LE geste démocratique par excellence nous permettant de participer à l'élaboration et au contrôle des politiques locales.

Au bout de deux ans de pratique, j'ai plutôt constaté qu'il s'agissait d'un piège nous empêchant de développer sereinement notre opposition légitime aux actions menées par ces "satellites".

Les conseils d'administration se déroulant en journée, l'assiduité y est difficile quand on a une activité professionnelle, et mes quelques absences autorisent le maire à ne pas répondre aux questions que mes collègues de Chartres Écologie peuvent poser sur les projets de la SEM : "on vous donne une place et vous ne venez pas !"

Lorsque je peux y assister, je suis respectueusement écouté pour les avis techniques que je peux donner sur les projets immobiliers au titre de ma compétence architecturale, dont la pertinence est toujours saluée et soulignée par Jean-Pierre Gorges, à huis-clos évidemment. En retour, notre opposition à ces opérations en conseil municipal est disqualifiée "puisque j'ai participé aux travaux en conseil d'administration".....

Nous avons donc collectivement décidé de ne plus donner de caution technique et démocratique à la politique immobilière menée par la SEM, que nous rejetons globalement. Cette politique prend essentiellement corps dans l'association de la SEM Chartres Développements Immobiliers (présidée par l'adjointe au maire Elisabeth Fromont)* à des promoteurs privés pour réaliser des programmes immobiliers dans le cadre de SCCV (Sociétés civiles de construction-vente). Là où la participation d'une structure semi-publique devrait orienter l'action immobilière au profit de l'intérêt général, tous les projets en cours accentuent et accélèrent paradoxalement les ravages de la promotion immobilière la plus sauvage prospérant sur un règlement de PLU extrêmement permissif :

- pas de valeur ajoutée architecturale,
- pas de valeur ajoutée technique ou environnementale à l'heure où nous devrions développer des bâtiments démonstrateurs à énergie positive : toujours tout béton et niveau thermique juste réglementaire
- poursuite de la destruction de cœurs d'îlots végétaux (rue Noël Ballay),
- production d'une offre de logements inaccessible même aux classes moyennes (4 200 euros/m² pour la dernière commercialisation rue Victor-Gilbert, ancien site de la chambre des Métiers), dont le coût est renchéri par les honoraires et la marge de la SEM s'ajoutant au bilan financier des opérations.

La SEM Chartres Développements Immobiliers facilite et se nourrit aujourd'hui de la prédation immobilière de la ville de Chartres, loin des objectifs de maîtrise, de mesure et de garantie de l'intérêt général qui devraient justifier l'existence de cette structure.

Par cette démission, je veux recouvrer avec mes collègues de Chartres Ecologie toute ma liberté de critique fondamentale des politiques anti-écologiques et anti-sociales incarnées par la SEM.

*À ne pas confondre avec la "SPL Masselus" (Chartres aménagement), très récemment épinglée par la Chambre régionale des comptes...

Jean-François Bridet, conseiller municipal Chartres Écologie