La politique d’aménagement de la majorité municipale à Chartres connaît des revers flagrants. Des opérations majeures sont remises en cause : annulation par la justice, abandon ou transformation, à grand frais pour les Chartrains. Dénominateur commun de toutes ces opérations : la Société publique locale (SPL) Chartres Aménagement, dirigée par Franck Masselus, l’adjoint aux finances de Jean-Pierre Gorges. Décryptage ci-dessous de l’amateurisme des dirigeants de la ville et des engagements et autres promesses de campagne non tenus contredisant l’adage du Maire : « On dit ce qu’on fait et on fait ce que l’on dit ». Eh bien non !

Adieu plateau Nord-est

La justice a mis fin au projet d’aménagement commercial sur le plateau Nord-est. C’est tout le discours du Maire sur la Madeleine et le déménagement de Carrefour promis depuis 15 ans qui tombent à l’eau. Dans l’espace situé le long de l’avenue Jean-Mermoz, entre l’Odyssée et l’Illiade, devait sortir de terre le plus grand centre commercial du département. L’abandon du promoteur commercial et une récente décision de justice mettent définitivement fin au projet. En plus du conflit juridique avec Mercyalis, le promoteur commercial, les juges ont récemment estimé que le programme « Action cœur de Ville » visant la revitalisation du centre-ville ne pouvait servir à aménager un plateau situé à 3 km ! Logique.

La majorité, dans ses rêves les plus fous, souhaitait ajouter un téléphérique « aérotram » depuis le chevet de la cathédrale jusqu’au projet de centre-commercial : il fallait bien justifier le bon vieux béton en lieu et place du jardin de l’Evêché. Quel autre choix pour ancrer la gare de départ du téléphérique ? Tant pis pour le jardin !

Chartres aménagement « gère » l’opération et est rémunérée par des participations d’équilibre sans prendre de risque, les prêts étant garantis par la Ville. Tous ces revers sont dus à une opération monstre de 250 hectares : la ZAC du plateau Nord-est qui multiplie les échecs depuis 15 ans, et dont le programme initial est obsolète tant le commerce de grande surface évolue, mais pas eux... Amateurs !

Adieu plateau Nord-ouest

Le dernier conseil municipal a acté la clôture de la concession publique d’aménagement de l’opération plateau Nord-ouest. Il s’agit de 90 hectares de terres agricoles cultivées à l’arrière du lycée Jehan de Beauce qui étaient promises à une urbanisation. Si la décision de préserver ces terres agricoles est de bon sens, le coût de cette clôture est exorbitant. La SPL de Franck Masselus se verra remettre un chèque de 374 519 euros de la part de la Ville de Chartres au titre du protocole d’accord amiable signé entre la Ville et la SPL. Tape là mon pote !

La raison officielle de la clôture de cette opération immobilière : la protection des vues sur la cathédrale. Il aura fallu attendre la directive paysagère de 2022 pour se rendre compte qu’il était opportun de les préserver ! Amateurs !

Adieu dépose-minute en surface de la gare

Alors que le goudron est encore neuf et que le béton de l’opération de coliving Harvey du célèbre judoka David Douillet est en plein séchage, la Ville a décidé lors du dernier conseil municipal de revoir l’aménagement du parking dépose-minute de la gare. Cette rampe d’accès très pentue, aux trottoirs ridicules, rentrée au chausse pied, n’est déjà pas une grande réussite, mais a le mérite de permettre notamment à des personnes à mobilité réduite d’être conduites à proximité immédiate de l’entrée de la gare. Cet espace sera désormais réservé aux taxis.

Heureusement, ils ont pensé à tout : « La Ville de Chartres vous offre 30 minutes de stationnement gratuit dans le parking Q Park Colisée-gare ». Gratuit ? Pas tout à fait : il en coûtera la modique somme de…240 000 euros. Par an. Et pour le côté pratique, on oublie : tout se passera en souterrain.

À cela s’ajoutent 162 000 euros par an accordés à Q-Park au titre du dédommagement pour les opérations immobilières (les générateurs) du quartier qui ont pris du retard entraînant un manque à gagner pour le parking. Cette somme sera à payer annuellement jusqu’à l’implantation du dernier générateur ou de l’atteinte réelle des prévisions initiales.

« Ne vous inquiétez pas, c’est l’utilisateur qui paye, ça ne coûte rien aux Chartrains » qu’il disait. Ces 400 000 euros par an sont bien issus de vos impôts et de ceux des entreprises, que vous utilisiez ou non ce parking.

Quel rapport avec l’opération de coliving ? Contrairement à tous les programmes immobiliers, cette opération ne comprend aucune place de stationnement en souterrain. Si vous avez une voiture, Q-park vous accueille à 3 euros l’heure !

Qui a réalisé l’aménagement du pôle gare déjà… ? Ah oui, Chartres Aménagement ! Amateurs !

ps : l'illustration provient d'un aménageur (www.oecumene.fr). L'image avait été utilisée par la propagande gorgienne...

Olivier Maupu, conseiller municipal de Chartres et conseiller communautaire de Chartres Métropole