Vendredi 16 octobre, nous étions plusieurs membres de Chartres écologie à visiter le chantier du nouvel Hôtel de ville de Chartres, autrement dit le pôle administratif. On peut d’abord s’étonner que ce projet, si controversé, a été choisi pour illustrer les Journées Nationales de l’Architecture. Il n’y aurait donc pas de meilleurs exemples à Chartres et en Eure-et-Loir ?

Les travaux avancent… mais très lentement. Les ascenseurs sont enfin en place. Il reste beaucoup de choses à faire un peu partout. Aucun espace n’est terminé. Des meubles sont entreposés çà et là, histoire de dire que c’est bientôt fini et pour « regagner du temps ».

L’ambiance générale est assez froide, marquée par l’omniprésence de la pierre et du verre. La lumière naturelle pénètre peu au cœur des blocs autant que l’on pouvait s’y attendre : les baies vitrées ne sont pas si nombreuses. L’éclairage artificiel sera donc très sollicité.

Les exigences de Monsieur Willmotte, en terme de finitions (sophistiquées et non standard), seraient une des raisons du retard. Les entreprises ne seraient pas à la hauteur… Monsieur Willmotte est d’abord un scénographe. Il s’est illustré à travers le monde : citons le réaménagement du Rijksmuseum à Amsterdam et, plus modeste mais très réussi, le musée Lalique à Wingen-sur-Moder, Bas-Rhin.

A contrario, l’aspect architectural du bâtiment, blocs largement enveloppés de verre, dont le traitement des façades est le même quelle que soit leur orientation, ne fait que refléter le bâti environnement et fait preuve d’anti-bioclimatisme. Comment y voir la moindre insertion architecturale dans le paysage chartrain ? On peut le voir comme un corps étranger.

La composition en volume et en plan est très géométrique. Pour preuve, la symétrie du plan masse, axée sur l’Hôtel Montescot, donc subordonnée, ignore le rapport avec la place des Halles en ne lui offrant, en guise de façade principale, qu’un simple côté.

Revenons à la visite du chantier : tous les efforts sont aujourd’hui concentrés sur le « front office » pour pouvoir l’ouvrir au public au printemps prochain. Nous ne pouvons que le souhaiter.

Nous avons pu voir la salle du conseil municipal située en sous-sol, et non plus en étage : oui, les élus ne pourront donc pas profiter « de la vue sur la cathédrale » initialement annoncée. Cette salle est agencée conformément à la vision démocratique du maire : l’exécutif fait face à tous les autres conseillers, alignés comme de studieux étudiants dans leur amphithéâtre. On est loin d’un hémicycle !

L’immense salle polyvalente située au pied de l’Hôtel Montescot bénéficie en son centre d’un éclairage naturel zénithal apporté par trois verrières. Lesquelles découpent le « jardin », réduit à des pelouses à l’agonie. Ce « jardin » est pourtant toujours inclus en secteur sauvegardé et notifié « espace végétal à conserver » !

Oui, il a fallu deux modifications de l’emprise du secteur sauvegardé (donc deux enquêtes publiques) pour « régulariser » le permis de construire, qui était non conforme, si ce n’est que le jardin Montescot y est encore. Bizarre…

Très peu de visiteurs savent que les 400 places de stationnement ont été (discrètement) supprimées. Toutefois une liaison a été réalisée entre le parking des Halles et le niveau -2 du pôle : serait-ce pour déposer les personnalités ? Quant aux futurs employés venant en voiture, ils iront se garer ailleurs.

Quelques visiteurs se sont inquiétés à cause des frais de maintenance et de nettoyage des milliers de m² de vitrages, dont certains sont difficilement accessibles. Les cheminements extérieurs, côté « jardin », sont revêtus de dalles de pierre déjà vertes de mousses et en voie de désagrégation.

Mais rassurez-vous, Monsieur Jaurégui, l’un des guides de cette visite et « rédacteur du programme » dont il est très fier (le pôle est son bébé, il le connaît par cœur, le projet va accueillir tous les services…), nous a expliqué que, compte tenu de tout ce qui s’est passé, le projet est resté dans son enveloppe, qu’il a fallu se battre pour limiter les dépenses supplémentaires, que du temps a été perdu…

Il apparaît pourtant que le montant des dépenses avoisine aujourd’hui les 60 millions d’euros, bien loin du budget initial de 32 millions. Heureusement, le Département et Chartres Métropole participent aux dépenses d’un projet dont le maître d’ouvrage reste la Ville de Chartres.

Patrick Chenevrel