L’installation de plateformes accrochées aux troncs des marronniers et des tilleuls parc André-Gagnon et des platanes de la Butte des charbonniers pour constituer un parcours aérien au-dessus du boulevard et du jardin n‘est pas anodine.
Certes, les grandes tiges métalliques encadrent le tronc sans y toucher. Cependant à y regarder de près, les petites cales en bois qui, sans doute, vont permettre à des cordages d’enserrer le tronc sont, elles, bien vissées dans l‘arbre. Et le bois de périphérie, juste sous l’écorce est le bois vivant. C’est là où circule la sève qui descend des feuilles pour rejoindre les racines. C’est cette partie qui croît vers l’extérieur, qui fait donc grossir le tronc. Trouer cette partie vivante revient à y faire entrer des champignons, des bactéries, bref à affaiblir l’arbre. Pas à le tuer, dans un premier temps.
Mais cela en dit long sur le respect de tout un patrimoine qui a été conduit, patiemment élagué, très haut pour laisser généreusement le passage sous les branches. Quelques marques se voient encore, traces d’anciennes branches coupées pour dégager les grands troncs aujourd’hui si tentants pour les accrocheurs de plateformes aériennes. Les jardiniers de tout le vingtième siècle doivent s’en vouloir d’avoir développé des efforts pour que leurs productions se réduisent à de simples supports.
Bien sûr, beaucoup de gamins ont fait des cabanes perchées, et pas mal de troncs ont servi de poteaux à linge, mais c’étaient quelques unités, dans des jardins, des forêts, dans un contexte d’abondance. Pas dans un ensemble, pas dans une structure qui dessine un lieu, pas avec un patrimoine conduit et public. Et tout cela nous est servi au débotté en bout du « chemin de mémoire ».
Tiens, il n’y a qu’à essayer de jouer ainsi avec les jeunots de la place des cygnes. Ah, pardon, il y a en déjà un qui est mort ! Tout le monde ne sait pas jouer avec ses arbres.
François Roumet