La majorité municipale a souhaité expérimenter un nouveau plan de circulation dans les quartiers Rechèvres-Bourgneuf. À travers cet article, nous exprimons la position des élus de Chartres écologie, nos points de vigilance et nos propositions pour une véritable transformation de la mobilité urbaine qui passe par trois objectifs forts : la priorité au développement des mobilités douces sécurisées, l’amélioration de la fréquence des bus, ainsi que la mise en œuvre de la ville 30 km/h.

Un nouveau plan de circulation en place depuis un mois, décrié par les habitants

L’expérimentation consiste à configurer la rue du Bourgneuf (près de 10 000 véhicules/jour) en sens unique sortant, vers Lèves, reportant le trafic « entrant » dans les rues adjacentes, en particulier les rues de Fresnay et de Rechèvres, petites rues désormais toutes deux à sens unique soudainement élevées au rang des rues structurantes, principales entrées de ville chartraine.

La mise en test de ce plan a aussitôt fait l’objet d’une pétition en ligne qui a recueilli plus de 1 500 signatures. Les nombreux commentaires, dont beaucoup sont issus de riverains du quartier de Rechèvres et notamment des rues de Rechèvres et de Fresnay, sont unanimes sur la perte de qualité du cadre de vie liée à la hausse de circulation dans leur quartier, la perte de temps occasionnée par les embouteillages formés à hauteur du feu tricolore de la rue d’Alsace Lorraine et remontant dans les rues en amont (il est évoqué 30 à 35 min de « bouchons »), ainsi que la dangerosité de ce plan pour les piétons/vélos.

Et encore, les conséquences auraient pu être bien pires. Ce plan est entré en fonction pendant les vacances de la Toussaint, et n’a été expérimenté que pendant le second confinement, c’est-à-dire à des périodes où le trafic est réduit d’environ 30 %, donc des périodes jusque-là clairement favorables. À l’heure où le déconfinement est envisagé, les riverains tremblent quant aux conséquences sur leur vie quotidienne si jamais le trafic reprenait à 100 %.

Des objectifs partagés, mais des lacunes en matière de concertation et de réalisation effective

Les trois principaux objectifs portés par la majorité, rappelés lors de 3 réunions publiques étaient alors de :

· limiter le trafic de transit, en compliquant volontairement les parcours, donc la circulation afin que ce trafic automobile et poids-lourd se reporte sur la rocade,

· favoriser les modes de déplacements doux et bus sur la voie libérée dans le sens entrant de la rue du Bourgneuf,

· initier une ville à 30 km/heure et sans feux par la mise en place de sens uniques dès que cela est possible.

Sur le fond, il est clair que nous partageons l’objectif visé de réduction des flux automobiles/poids lourds en zone urbaine. Nous comprenons également les logiques de mises en sens unique des voies routières partout où cela est possible, d’autant plus si l’espace libéré est mis à disposition des modes de déplacements doux (vélos, piétons…) ou des bus. La transformation des mobilités urbaines vers une mobilité décarbonée est une priorité.

Ainsi, la voie nouvellement réservée aux bus/vélo/taxi rue du Bourgneuf, et la piste cyclable créée rue Saint-Maurice/portion de la rue du Bourgneuf sont des avancées significatives qu’il serait nécessaire de pérenniser dans la durée tant ils sécurisent une rue jusque-là véritablement dangereuse pour les modes doux, d’autant plus avec le développement conséquent des résidences (place Drouaise, Croix Jumelin). Les riverains de la rue du Bourgneuf sont ainsi globalement favorables à ce nouveau sens de circulation qui se traduit par une réduction des flux. Néanmoins, si le trafic a considérablement diminué dans les rues Saint-Maurice et du Bourgneuf, il n’en n’est pas de même pour les rues de Fresnay, Parmentier, de Rechèvres et avenue d’Alsace-Lorraine qui subissent le report de flux de ce nouveau plan : risques, nuisances, embouteillages, détours importants particulièrement intolérables pour les riverains.

De même, les réunions dites de « concertation » ont eu pour but d’informer, et non de concerter. La méthode est ainsi discutable, en ne permettant aucune évolution significative en amont, et impose un calendrier peu propice à une appropriation et à l’accompagnement vers des changements d’habitudes. Ainsi, par exemple, les habitants de la rue de Rechèvres n’ont pas été conviés à participer aux trois réunions publiques préalables, alors qu’ils sont aujourd’hui les principaux impactés par la hausse de flux liée au report du trafic entrant de la rue du Bourgneuf. Nous demandons, pour ce type d’expérimentation, une concertation à une échelle plus ouverte que celle du quartier : échelle communale, voire intercommunale.

Un premier pas insuffisant, une grande vigilance dans cette expérimentation

Un plan insuffisant pour permettre un véritable report modal. Ce plan, tel que proposé, semble être un premier pas, mais un pas insuffisant pour permettre un véritable report modal, notamment vers des modes de déplacements actifs (piétons, vélos…). Les alternatives doivent être développées de manière transversales et connectées à l’échelle intercommunale, en lien avec l’objectif de ville 30 km/h.

L’expérimentation intervient dans un moment inopportun en matière de travaux : le quartier gare (rue Félibien, rue du Faubourg Saint-Jean) est bouclé à la circulation. Il en est de même de la rue de Longsault à Lèves, totalement fermée pour réfection. Il est souhaité un report vers la rocade… elle-même est en travaux ! Le confinement et la baisse du trafic liée ont néanmoins heureusement permis d’éviter le pire.

Les élus de la majorité en charge de ce dossier ont promis de revenir vers les Chartrains dans une seconde phase de concertation. Nous veillerons à ce que les engagements soient respectés.

Nous, élus de Chartres écologie, sommes une force de propositions. Nous demandons :

· de nouveaux aménagements pérennes permettant des changements généraux de comportement vers une réduction du tout voiture,

· une limitation généralisée des vitesses à 30 km/h dans toute la ville. C’est une priorité que nous portions également dans notre programme. Pourquoi cette expérimentation n’est-elle pas dès à présent associée à cette limitation de vitesse à 30 km/h dans tout le quartier, et généralisée à l’ensemble de la ville ? Pour tous les bénéfices que cela engendre, à nouveau, nous en faisons le vœu,

· une vitesse des circulations freinée par des aménagements de sécurité adéquats, notamment rues de Fresnay et de l’Arbre de la Liberté et du Petit Orme, où elles demeurent élevées,

· la sécurisation des mobilités piétonnes rue de Fresnay, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, étant donné l’étroitesse et la vétusté des trottoirs, alors qu’elle est proche de l’école de Rechèvres,

· la mise en œuvre, dans toutes les rues passées en sens unique, de contre-sens cyclable sécurisé généralisé : les rues de Fresnay, Parmentier, du Petit Orme, de l’Arbre de la Liberté, du Dr Baudin, de la Croix Jumelin, d’Alsace-Lorraine, Gabriel Loire doivent demeurer cyclables dans les deux sens, et sans plus tarder,

· le développement de la fréquence et la qualité de l’offre des bus en adéquation avec la demande pour irriguer les différents quartiers, et favoriser les changements de modes de déplacements,

· l’interdiction effective et contrôlée des flux de poids-lourds traversant le quartier alors que cela leur est interdit,

· un ajustement des feux tricolores permettant de réguler plus raisonnablement les flux de circulation, sans étirer les polluants bouchons,

· une régulation des flux à l’échelle des autres quartiers, et à l’échelle intercommunale afin de mener une action coordonnée et concertée avec les villes voisines.

Nous souhaitons être officiellement associés à cette démarche mise en œuvre par la majorité municipale et informés de l’évolution des flux de circulation (comptages routiers) pour être en capacité de formuler des solutions réalistes permettant d’améliorer la vie quotidienne des riverains.

Les élus de Chartres Écologie,

Quentin Guillemain, Brigitte Cottereau, Jean-François Bridet, Olivier Maupu