Alors que les regards du monde entier sont braqués avec inquiétude sur l’évolution de la pandémie de Covid-19, qu’une grande partie des citoyens européens sont confinés chez eux, quand ils ne sont pas mobilisés par leur métier, essentiel à la collectivité, et qu’au sein même des institutions nationales et européennes tout le travail jugé non primordial a été reporté, les lobbys de l’industrie agrochimique, eux, continuent leurs assauts pour sécuriser leurs milliards au détriment des abeilles et de la nature !

Le géant agrochimique Dow/Corteva vient de saisir la cour administrative d’appel de Marseille pour obtenir l’annulation de l’interdiction de deux insecticides à base de sulfoxaflor – une substance chimique aux effets dévastateurs sur les abeilles ! Ce pesticide avait été approuvé dans des conditions douteuses par l’Union européenne en 2015 pour remplacer les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles alors en passe d’être interdits : la firme qui produit le sulfoxaflor, Dow AgroSciences (devenue depuis Corteva) était incapable de fournir les preuves de son innocuité sur les abeilles ; l’EFSA, l’autorité sanitaire européenne, alertait elle-même sur un « risque élevé pour les abeilles » ; cette substance venait tout juste d’être retirée aux États-Unis à la suite d’une mobilisation des associations et des apiculteurs ; la réglementation européenne sur la protection des pollinisateurs, qui prévoit l’obligation de réaliser des tests sur les abeilles avant toute approbation de nouveau produit, n’avait tout simplement pas été respectée…

Les autorités européennes avaient complaisamment accordé à l’entreprise agrochimique un délai de deux ans pour fournir les études nécessaires pour évaluer les risques que son produit faisait courir aux abeilles : ces études confirmatoires, obtenues depuis, ont montré sans surprise que le sulfoxaflor, tout comme les néonicotinoïdes qu’il est censé remplacer, est un implacable tueur d’abeilles. En novembre 2019, le tribunal administratif de Nice a statué sur le retrait du marché français de deux pesticides à base de sulfoxaflor – le « Closer » et le « Transform » – et en décembre 2019, cette substance a été officiellement interdite en France.

Et pourtant, le fabricant de pesticides vient de relancer son armée de juristes et d’avocats à l’assaut de la justice française, pour tenter une nouvelle fois d’imposer ce pesticide tueur d’abeilles en France ! C’est une manœuvre odieuse pour tordre le bras de nos institutions et obtenir, coûte que coûte, la mise sur le marché et l’utilisation dans la nature et dans les champs d’une substance dont les effets délétères sur les abeilles ont été confirmés par la science, dans l’unique but de rentabiliser ses investissements dans ce produit, et sécuriser les profits de la firme qui le fabrique au détriment des abeilles et de tous les pollinisateurs, dont le déclin tragique est pourtant beaucoup plus préoccupant que le chiffre d’affaires d’un géant de l’agrochimie !

Face à ces lobbys que rien n’arrête, et qui continuent inlassablement leurs assauts pour façonner les lois et les réglementations à leur avantage, seule une mobilisation massive et déterminée des citoyens, en France et dans toute l’Europe, pourra constituer un rempart assez solide pour les empêcher de sacrifier les abeilles et toute la biodiversité indispensable à notre sécurité alimentaire, pour leurs simples profits à court terme !

Des centaines de milliers de personnes ont déjà signé la pétition lancée par POLLINIS pour obtenir l’interdiction, à l’échelle européenne, de tous les pesticides tueurs d’abeilles : ajoutez votre voix à cette mobilisation essentielle pour la survie des pollinisateurs et l’ensemble de la chaîne alimentaire !