D'août à octobre, la sauvegarde des marronniers de la Courtille a défrayé la chronique chartraine, révélant pour un vaste public l'étendue du désastre sciemment mis en œuvre par les structures municipales, certains élus, dont le maire, alliés aux groupes privés de construction immobilière. Fort de la protection de la justice, le collectif qui a empêché l'abattage des marronniers a quitté le site, et le personnel de la Chambre des Métiers a été relocalisé. Le promoteur a placé une caméra de surveillance. Mais les veilleurs n'ont pas abdiqué toute vigilance.

Hier, 7 décembre, en fin de matinée, une de nos vigies, à distance légale, a constaté des travaux de débroussaillage et de soufflage de feuilles autour des marronniers. L'équipe des élagueurs, elle va bientôt le comprendre, ignore qu'elle s'affaire sur un Espace Boisé Classé («- Comment ? Mais c'est trop petit...  - Si, si, consultez le PLU... »), et n'a pas eu connaissance de l'astreinte de cinq cent mille euros par arbre touché décrétée en septembre par le Tribunal judiciaire de Chartres. Au moment où les ouvriers sortaient pour leur pause de midi, notre ami a donc mis en garde le prestataire du risque qu'il courait de se voir impliqué s'il s'aventurait à une quelconque coupe, voire plus. Il semblait tout en ignorer.

Coïncidence : informé par le réseau qu'il se passe quelque chose, alors qu'il se trouvait dans le quartier, Quentin Guillemain, apercevant  dans la cour du « 24 Courtille » le promoteur, M. Bourguignon, s'est avancé pour le saluer. Mais le sang de l'aménageur n'a fait qu'un tour à sa vue, il s'est rué sur notre ami conseiller municipal écologiste, l'a malmené, insulté, cramponné par son manteau au point d'en arracher des boutons, jusqu'à le ramener au bord du trottoir, hurlant « C'est une propriété privée, espèce de c… !!! ». Un témoin de la scène n'a fait aucune difficulté pour laisser ses coordonnées. Quentin Guillemain a porté plainte contre le promoteur pour violences.

Il ne ressort de cet incident que des questions : quelle tâche, exactement, a été confiée à ces élagueurs ? Selon quel contrat ? Pourquoi une telle réaction de la part de celui qui se revendique propriétaire des lieux ? Pareil déchaînement pourrait-il se concevoir chez un être qui aurait la conscience tranquille ?

Quoi qu'il en soit, deux constats s'imposent : la mobilisation pacifique suscite encore chez le bétonneur qui a dû en rabattre une colère qui en fait un agresseur. Raison supplémentaire pour se dire, tous, que cela craint toujours pour les marronniers.