Pour tous les citoyens qui auraient loupé la dernière séance du conseil communautaire de Chartres métropole, Olivier Maupu et Jean-François Bridet s’associent pour vous livrer la substantifique moelle d’une session qui s’est achevée vendredi 29 janvier à 1h30 du matin. Solidaires de nos collègues du conseil municipal chartrain, nous partageons en effet chaque mois avec eux l’épreuve du marathon communautaire grâce à la captation vidéo en direct, séance que nous préparons conjointement au préalable.
Surprise du chef, la soirée ne commençait pas directement par un « seul en scène » du président Gorges mais François Bonneau, actuel président de la Région Centre Val de Loire, assurait la première partie pour exposer, comme en campagne pré-électorale (les élections régionales auxquelles il se représente sont programmées en juin 2021), toute la pertinence de sa politique articulée aux beaux projets chartrains. A l’entendre, on aurait cru un oral pour convaincre l’agglo de rentrer (ou de rester) dans la région Centre-Val de Loire !
La prise de relais du maire de Chartres, hôte de ces bois, donnait alors à admirer un numéro de duettistes, véritable danse du ventre entre les deux présidents se régalant de leur pouvoir : orgie de tutoiements, compliments et hommages. Tant d’amour en public, ça en était indécent !
Aidé par Quentin Guillemain qui osa lui demander un éclaircissement à ce sujet, François Bonneau précisa nettement qu’il avait désormais choisi d’abandonner la liaison ferroviaire Chartres-Orléans au profit d’une solution autoroutière « plus rapide et moins coûteuse ». Ses propos nous ont confirmé que la liaison Chartres-Tours via Voves était bien le dernier clou pour fermer le cercueil du tronçon Voves-Orléans. Avons-nous retrouvé les deux derniers fils spirituels de Georges Pompidou (l’inventeur des voies sur berges à Paris) pour continuer à développer des solutions vieilles de 60 ans ?
Concernant le projet d’équipement culturel et sportif du pôle gare, François Bonneau explique sa position d’appuyer des projets au cœur des agglomérations et non éloignés en périphérie. Gorges ajoutera que « le débat est derrière nous, le projet est démarré, les camions sont là… » sic !
Même quand Didier Garnier, vice-président au développement économique, ose interpeller le président de Région pour obtenir des subsides afin d’investir dans le siège de la Cosmetic Valley (inutile pompe à fric au demeurant), J-P Gorges s’excuse par avance auprès de F. Bonneau en tançant gentiment le quémandeur : « nous savons que la région ne peut pas tout faire et qu’il est bien difficile de contenter tout le monde, très cher collègue ». Fort avec les faibles, faible avec les forts : un personnage que Louis de Funès campait à merveille !
Après le départ du président de région il ne restait plus qu’à laisser refroidir les brosses à reluire…, et à passer enfin à l’ordre du jour de la séance : après quelques lectures de rapports, il s’agissait d’aborder alors le vote du budget, nécessairement lié à la création du nouvel impôt communautaire.
Sûr de sa majorité pour voter ce budget, le président Gorges ne pourra durant tous les débats s’empêcher de s’emporter ou s’agacer contre toute forme d’expression d’opposition, voire de nuance à la nouvelle taxe que conditionne ce budget, mais sans aucune cohérence…
Il qualifie ainsi l’abstention comme un vote pour puis contre. Au gré des prises de parole, celui qui annonce voter contre sera invité à quitter l’agglomération, accusé de ne rien comprendre aux finances publiques ou félicité pour son courage. Ayant eu l’outrecuidance de se réunir et de concerter sans son autorisation avant la séance, quelques maires ont décidé collectivement de s’abstenir et ont mandaté M. Breton (Berchères-les-Pierres) pour expliquer leur vote en citant leur nom : J-P Gorges les taxe de couardise. Que dire alors de tous ceux qui votent pour sans jamais s’exprimer ? Ils ont pourtant tous été d’un courage remarquable en participant à la construction inédite d’une opposition structurée, d’un contrepouvoir qui fait leur honneur : les menaces n’ont pas tardé à tomber sur ces félons !
Le vote, sans surprise, valide le budget, mais la séance confirme la naissance d’une opposition en voie de structuration. Elle nous aura également livré deux informations, par la bouche du président lui-même :
• Il pense que la piscine des Vauroux (tout juste rénovée et revenue dans le giron communautaire) doit être démolie (pour une éventuelle reconstruction ?),
• Il jure ne jamais avoir sollicité le moindre maire pour rentrer dans Chartres métropole.
Il est à penser malheureusement que le président est sincère dans la première de ces affirmations.…
La brève intervention de Madame Le Maire de Mainvilliers lui a permis de déplorer n’avoir pas été invitée à participer à la récente visite de la piscine des Vauroux où se sont rendus le Président Gorges et le Maire de Lucé. Madame Bonthoux, pourtant vice-présidente de l’ex-syndicat de gestion de cet équipement intégralement rénové en 2015, implanté sur sa commune, n’avait pas son mot à dire ! L’élue a pourtant rappelé un état de salubrité respectant les normes, démentant les propos du président qui voit en cette piscine une véritable champignonnière insalubre qu’il faut vite aplatir !
La discussion escamotée sur le PCAET (plan climat air énergie territorial), qui aurait mérité une séance entière à lui seul, a été reléguée en toute fin de séance. Ce document de plus de 600 pages, censé élaborer la stratégie face à la vulnérabilité du territoire, aux changements climatiques et au défi énergétique a fait l’objet d’une présentation par Florent Gauthier, Maire de Lucé.
Une seule intervention de fond de Quentin Guillemain, exposant le manque d’ambition de ce document et les multiples contradictions à l’image du projet autoroutier, la trop lente rénovation thermique du parc de logements, l’absence de réseau de chaleur pour optimiser les dépenses énergétiques colossales du data center, chahuté par des délégués visiblement peu intéressés par le sujet, s’est soldé par un florilège de contrevérités affirmées du président Gorges (« il est impossible de valoriser la chaleur fatale des data centers », « on est les seuls à avoir une usine biomasse », « l’autoroute entraînera une baisse de la pollution de l’air »…) et une réponse lunaire de Florent Gauthier « Plutôt que des belles paroles pour nous dire qu’on ne va pas assez loin, venez participer à la semaine du développement durable, et venez avec nous quand on va ramasser les déchets… ».
Notre agglomération va droit dans le mur. Tant de contrevérités, l’absence de responsabilité politique et de vision pour faire face à l’urgence climatique que tous les scientifiques nous prédisent !
À quatre mains, Olivier Maupu et Jean-François Bridet.