Chère amie, cher ami,

Alerte générale !

L’industrie agrochimique est en train de passer en force pour continuer à commercialiser des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles en France…

… en dépit d’années de lutte des apiculteurs, des ONG, des citoyens, et de centaines d’études scientifiques qui alertent contre les effets destructeurs de ces pesticides sur les abeilles, les pollinisateurs sauvages et l’ensemble de la biodiversité…

… et malgré l’interdiction ferme et définitive de ces produits, démocratiquement votée par l’Assemblée nationale et le Sénat en 2016 !

D’ici quelques jours, le ministre de l’Agriculture va émettre une proposition de dérogation pour que les néonicotinoïdes puissent être utilisés sur le sol français pour trois années encore : aidez-nous à peser de toutes nos forces sur les députés et les sénateurs pour qu’ils refusent d’adopter ce texte !

Faut-il le rappeler ?

Les scientifiques ont démontré les effets délétères des néonicotinoïdes, même à faible dose, sur le comportement alimentaire des abeilles et des bourdons, sur leur activité de butinage, sur leur capacité à communiquer entre elles, sur le fonctionnement de leurs facultés sensorielles olfactives ou visuelles, sur leur aptitude à voler, à apprendre et mémoriser, sur leur capacité à résister aux parasites et sur l’affaiblissement de leur système immunitaire, sur la fécondité des reines, leur activité de reproduction ou leur capacité à initier une nouvelle colonie, y compris chez les pollinisateurs sauvages ; sur la mortalité des larves d’abeilles, les modifications génétiques engendrées sur les couvains, les séquelles dans leur développement futur, sans compter les études qui montrent un lien direct entre extinction des pollinisateurs sauvages et néonicotinoïdes, la méta-analyse de la Task Force on Systemic Pesticides qui réunit plusieurs dizaines de chercheurs et 1 121 publications à propos des effets catastrophiques de ces pesticides sur l’ensemble des écosystèmes…

… ainsi que les études empiriques qui ont démontré la persistance incroyable de ces pesticides dans les champs : contrairement à ce qu’affirment les autorités sous l’influence de l’industrie, les plantes de bord de champ sont bel et bien contaminées par les résidus de pesticides, ainsi que les fleurs sauvages, leur pollen et leur nectar, intoxiquant les abeilles sauvages et domestiques qui les butinent. De même, puisque plus de 80 % du produit pesticide présent sur les cultures traitées par enrobage est lessivé dans les sols et les nappes phréatiques où on relève sa présence jusqu’à trois années plus tard, toutes les cultures suivantes pendant ces années seront potentiellement mortelles pour les pollinisateurs !

La disparition des pollinisateurs, domestiques et sauvages, met en péril la capacité de reproduction de la majorité des plantes, fruits, légumes, dont nous avons besoin pour nous nourrir : les cerises, pommes, concombres, prunes et citrouilles seraient parmi les denrées les plus impactées par le déclin des pollinisateurs.

Sans pollinisation naturelle des plantes à fleurs, les chercheurs prévoient l’émergence de carences massives et de maladies dans la population, et une augmentation du nombre de décès partout dans le monde, y compris dans les pays jusqu’ici épargnés par la faim. Il est impératif de préserver nos pollinisateurs, avant qu’il soit trop tard !

Face à ce constat sans appel, les parlementaires français avaient décidé, en 2016, d’interdire pour de bon les pesticides néonicotinoïdes en France à partir de 2018, mettant ainsi un terme à plus de 20 années de massacre des abeilles et des pollinisateurs sauvages au profit de l’industrie agrochimique.

« Quoi qu’il arrive, en 2020, c’est fini pour tous les néonicotinoïdes. » avait dit à l’époque la députée Barbara Pompili, aujourd’hui ministre de la Transition écologique. Pour les firmes, cette décision revient à faire un trait sur des millions d’euros de bénéfices.

Pour préserver leur juteux pactole, ces puissantes multinationales et leurs armées de lobbys n’hésitent pas à utiliser le désespoir d’agriculteurs mis sur la paille par les réformes successives de leur secteur décidées par l’Union européenne :

C’est le cas des planteurs de betterave à sucre, qui, pour faire face à la fin des quotas, l’ouverture à la concurrence mondiale décidée par Bruxelles et un prix du sucre en baisse drastique, ont dû multiplier par trois leurs rendements ces dernières années. Rappelons que ces réformes, qui ont mis à mal les producteurs alors que ces derniers n’ont fait que suivre les directives énoncées par les autorités, ont surtout profité aux grandes industries de l’agro-alimentaire, Coca-Cola en tête, qui avec un million de tonnes de sucre acheté chaque année sur le territoire européen peut maintenant acheter à 300 euros la tonne contre 700 euros en 2013, soit un bénéfice de 400 millions d’euros par an !

Les agriculteurs, eux, se retrouvent aujourd’hui dos au mur, coincés dans un système 100 % dépendant des produits chimiques fournis par l’industrie, véritable maître de leur filière de bout en bout. Les grandes firmes profitent de leur vulnérabilité et leurs légitimes angoisses pour les envoyer en première ligne auprès du gouvernement, afin de réclamer des dérogations pour continuer à utiliser des tueurs d’abeilles dans leurs champs…

… pas pour sauver leurs cultures, mais pour perpétuer un modèle qui profite aux firmes, et leur permet de continuer à commercialiser des pesticides interdits en dépit de la démocratie et des atteintes graves à l’environnement !

Derrière eux, les producteurs de maïs, parmi les plus gros consommateurs de néonicotinoïdes, ont déjà avancé leurs pions dans la bataille, pour obtenir eux aussi une dérogation et continuer à utiliser ces produits…

L’industrie se frotte déjà les mains : si elle réussit son coup en faisant obtenir aux planteurs de maïs et de betterave le droit d’utiliser des néonics pour trois années de plus, ce ne sont pas moins de 3,6 millions d’hectares de cultures qui seront ainsi concernées, soit un cinquième des terres arables françaises ! Et après eux, à qui le tour ? Les producteurs de blé ? De colza ? De tournesol ?…

Il faut à tout prix empêcher cet engrenage funeste, qui signera l’arrêt de mort de millions d’abeilles et pollinisateurs sauvages supplémentaires : interpellez dès maintenant vos parlementaires pour vous opposer au retour des tueurs d’abeilles en France !

Il n’est évidemment pas question de laisser lamentablement tomber les agriculteurs qui cultivent aujourd’hui la betterave à sucre : des aides à la conversion en bio, ou au développement d’autres cultures, de légumineuses par exemple, pour réellement garantir la souveraineté alimentaire française en fournissant la population en denrées comestibles (un tiers du sucre produit en France est destiné à l’industrie pharmaceutique ou aux agrocarburants), seraient largement préférables, plutôt que de sacrifier pendant des années encore les abeilles et toute la biodiversité indispensable à la production alimentaire !

D’autant plus que l’ANSES elle-même, l’agence sanitaire française, doute de l’efficacité des néonicotinoïdes pour combattre le puceron vert, vecteur de la jaunisse qui endommage les cultures de betterave à sucre et effraie les agriculteurs…

D’autres études, menées sur les cultures de maïs, ont montré que le traitement systématique des cultures avec des néonicotinoïdes n’était la plupart du temps pas nécessaire, et résulte en une contamination inutile de l’environnement.

LʼAgence européenne de lʼenvironnement, qui a analysé les rendements sur le tournesol et le maïs entre 1995 et 2007, période durant laquelle lʼenrobage à lʼimidaclopride – l’un des néonicotinoïdes les plus répandus – a été autorisé puis interdit sur ces cultures, n’a relevé aucune différence significative de rendement.

En Europe, le moratoire de 2013 portant sur trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride) n’a pas entraîné la catastrophe annoncée par l’agrochimie : les lobbys de l’industrie annonçaient une baisse de productivité de 10 % à 50 % pour le maïs, le blé d’hiver, l’orge, le colza, la betterave à sucre et le tournesol… En réalité, les rapports officiels montrent une augmentation moyenne des rendements entre 2013 et 2015 !

Malgré ces preuves sans appel, le nouveau ministre de l’Agriculture, sous la pression de l’industrie, est sur le point de signer une première dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes, qui ouvrira une brèche béante dans la Loi Biodiversité – dans laquelle toutes les grandes industries agrochimiques et semencières ne manqueront pas de s’engouffrer pour tirer leur épingle du jeu et faire fructifier leurs bénéfices…

… au détriment des abeilles, de la biodiversité et de notre sécurité et souveraineté alimentaire à tous à l’avenir…

… en s’essuyant les pieds sur des années de lutte des apiculteurs et des citoyens, sur des centaines d’études scientifiques de haut vol, et sur une décision ferme et définitive de nos institutions démocratiques…

Ne les laissez pas sacrifier les pollinisateurs pour leurs profits !

« Si on commence à dire “on interdit là où il y a des alternatives mais on fait des dérogations et on les laisse courir dans le temps”, on sait très bien que c’est la porte ouverte au fait qu’il y ait certains néonicotinoïdes qui ne soient jamais interdits. » martelait Barbara Pompili à l’époque du vote de la Loi Biodiversité.

Si ces dérogations sont acceptées, on le sait : les tueurs d’abeilles continueront d’être utilisés des années encore dans nos champs, imprégnant nos nappes phréatiques, ravageant les populations d’abeilles, de syrphes, de papillons, de coccinelles, de crustacés d’eau douce, de vers de terre, indispensables à l’agriculture…

… polluant durablement nos sols, et contaminant l’ensemble des fleurs, prairies et haies sauvages des environs !

Aidez-nous à faire barrage de toutes nos forces à ce nouveau permis de tuer que le ministre de l’Agriculture veut délivrer à l’industrie !

Les députés et sénateurs devront ratifier ces dérogations dans les semaines qui viennent : nous devons exercer sur eux une pression sans précédent, pour les convaincre de s’opposer à ce texte ! S’il vous plaît, aidez-nous à créer un raz-de-marée de messages de protestation dans les boîtes mail des parlementaires :

1/ cliquez ici pour interpeller directement les parlementaires de votre circonscription

2/ transmettez cet email le plus largement possible autour de vous, pour informer et rallier le plus grand nombre de citoyens à notre action !

Qu’il s’agisse des députés dont l’élection dépend directement de nos votes, ou des sénateurs qui vont, pour partie, être renouvelés le mois prochain, croyez-moi : ils ne peuvent pas rester de marbre face au soulèvement massif et indigné de centaines, de milliers, de leurs administrés !

Nous avons mis en place un système qui vous permet, en entrant vos coordonnées, d’interpeller directement les parlementaires de votre circonscription :

Cela ne vous prendra que « quelques clics », et donnera une légitimité déterminante aux démarches que nous sommes en train d’entreprendre, avec d’autres organisations de défense de la biodiversité et des syndicats d’apiculteurs et d’agriculteurs, pour faire barrage aux dérogations pour les tueurs d’abeilles.

Nous avons déjà interpellé les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement, alerté la presse, et sollicité des rendez-vous avec un grand nombre de députés. Mais pour donner du poids à nos arguments, nous avons besoin du soutien massif des citoyens à travers tout le pays. S’il vous plaît, interpellez immédiatement vos parlementaires, et faites passer ce message à tous vos contacts !

Merci par avance pour votre action déterminante, pour empêcher le retour en France des tueurs d’abeilles. Bien cordialement,

Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis