Avez-vous reçu dans votre boîte aux lettres le livre « Naturellement Chartres » publié et offert par la Mairie de Chartres ?

L’éditorial est lyrique. Je n’en cite ici que le second paragraphe : « Nous avons soif de terre, de ciel et d’eau. Nous avons soif de Nature et en même temps de Beau, nous avons soif de ce bien-être qu’elle nous apporte et de cet apaisement qu’il nous procure » (page 3).

Poursuivons ensemble la lecture et lisons entre les lignes.

Qu’y a-t-il derrière cette belle affirmation : « Derrière l’arbre qui est peut-être planté dans votre jardin se cache la forêt de notre vie originelle. » (page 9) ? L’explication est donnée deux pages plus loin : « Les peupliers et platanes, arbres emblématiques des villes, sont de redoutables menaces pour les infrastructures de circulation, routes et trottoirs, sans parler des réseaux souterrains » ? Que faut-il comprendre de la gestion de ce patrimoine arboré par la Ville de Chartres ? On rase ?

Comment se traduit cette autre affirmation : « Aujourd’hui, tous les projets de construction intègrent une composante paysagère et florale et aucun ne voit le jour sans que ne soit abordée la question de son impact environnemental. » (page 11) ? Savez-vous ce qu’indique concrètement le PLU (Plan local d’urbanisme) qui définit la règle :

« Au moins 30 % de la superficie du terrain doivent être traités en espaces verts. » MAIS « Un coefficient de pondération est affecté à l’emprise des réalisations végétales suivantes de façon à les prendre en compte dans le calcul de la surface d’espaces verts :

  • Espaces verts sur dalle (40 centimètres minimum de terre végétale) à coefficient 1
  • Espaces verts sur dalle (20 cm minimum de terre végétale) à coefficient 0,50
  • Toitures terrasses végétalisées à coefficient 0,25 »

Il suffit donc de 40 cm de terre végétale (et même 20 cm) pour être qualifié d’espace vert à Chartres. Avez-vous essayé de faire pousser un arbre dans une si fine couche de terre ?

Poursuivons notre lecture et regardons les images. Pour illustrer le titre « Chartres : territoire engagé pour la nature », la photo choisie est celle du nouveau parvis de la gare, très largement minéral avec quelques ilots carrés où le couvert végétal peine à pousser et où trônent quelques arbustes qui ne pourront jamais vraiment croître. Peut-être un peu plus que dans les pots de fleur du Boulevard Chasles ! Quelle est l’épaisseur de terre végétale qui a été rapportée ?

La description du Plan vert et de la trame bleue permet d’apprendre que « Désormais, chacun trouve son bonheur à travers les 22 kilomètres de cheminements piétons et pistes cyclables » (page 24). Qu’en est-il des pistes cyclables en ville, celles qui permettrait une circulation douce et décarbonée dans notre vie de tous les jours ? Le bénéfice environnemental ne serait-il pas largement supérieur si l’on en faisait une priorité ?

Bonne nouvelle vers la fin de l’opuscule gracieusement offert par la Ville de Chartres à ces habitants : « 1 000 nouveaux arbres plantés à l’horizon 2024 dont 700 fruitiers, et 3 arbres plantés pour chaque arbre coupé : à Chartres, l’arbre fait de la croissance » (page 43). Une belle accélération puisque l’on apprend aussi que 4 500 ont été plantés depuis 2001 (200 par an). Encore une question : était-il, est-il donc prévu de planter 9 nouveaux arbres pour remplacer les 3 marronniers du boulevard de la Courtille, toujours en sursis ? Où ? Boulevard de la Coutille ou à la périphérie de la ville pour ne pas empiéter sur le potentiel foncier ? Seraient-ils comptés dans les 1 000 nouveaux arbres plantés ? Le seraient-ils alors dans des pots comme sur la terrasse de la parcelle voisine ? Petits arbrisseaux alors… Mais rien n’est fait, les 3 marronniers continueront-ils à se dresser bien haut, au grand dam des promoteurs immobiliers …

Dévorez cet ouvrage, poursuivez le jeu des sept erreurs !