Notre amie Françoise Loiseau n’est plus. Le 27 mai, elle a cédé face à une maladie implacable, dont elle avait su faire une expérience existentielle. Elle vivait d’abord pour les siens, toujours oblative, se souciant prioritairement des autres. Professeur d’anglais au lycée Fulbert, bonne connaisseuse du monde anglo-saxon, elle avait placé au coeur de sa pédagogie le sens de l’Europe, participant avec d’autres enseignants linguistes à des rencontres qui permettaient aux élèves de s’immerger avec leurs pairs belges, flamands, irlandais dans les arcanes des institutions et des cultures ainsi rapprochées. Le travail en amont pendant les vacances d’été ? Cela faisait partie de la mission.
Parallèlement, très tôt, dès ses années d’étudiante à Aix, Amnesty International l’a comptée dans ses rangs, puis à Chartres, du temps où cette association avait ses entrées à la Collégiale Saint-André et aux salons Marceau. Plus tard, elle découvrit le Sénégal, où elle avait noué de grandes amitiés.
Françoise et sa famille ont quitté Chartres pour Angers voici une bonne dizaine d’années : elle y a trouvé l’abondance culturelle et associative, ainsi qu’un lycée spécialisé dans les disciplines artistiques.
Un de nos derniers échanges, aux alentours de Pâques, portait sur un article faisant état de ce qu’il y a de « pourri » (référence à la lucidité de Hamlet, le héros de Shakespeare, à propos du royaume corrompu où il vit) dans un monde où enfle la vague populiste. Elle ne s’en tenait pas à ce constat, toujours en quête d’une voie qui ouvre aux réconciliations.
« A la recherche du juste », c’est ainsi que son époux a accompagné l’annonce de son décès. Nous les rejoignons dans la peine, lui et leurs enfants, sans jamais perdre de vue la présence lumineuse dont elle laissera le souvenir.
Chantal Vinet