C’est un maire en pleine forme, et toujours sans masque, que nous avons retrouvé après plus de deux mois d’interruption (le conseil d’octobre a été annulé). A la demande formulée par Olivier Maupu de confirmer ses propos climatosceptiques scrupuleusement transcrits noir sur blanc dans le compte-rendu du précédent conseil, Jean-Pierre Gorges persiste et signe et en profite pour se relancer dans de nouvelles théories notamment fondées sur le fait qu’un réchauffement a déjà été relevé aux 13ème et 14ème siècles, en l’absence d’automobiles ! Avant d’asséner que le réchauffement climatique est causé à hauteur de 5 à 10% par l’humanité…
Le déni continue de l’inspirer lorsqu’il refuse ensuite de préciser les motivations du retrait des délégations de Ladislas Vergne, pourtant demandées par les trois groupes d’opposition. Délicat en effet de justifier au sein du conseil des règlements de compte de la droite locale affectée par les investitures aux législatives 2022 !
Viennent ensuite les perles habituelles, de celles qui construisent les légendes des hommes d’Etat :
• En réponse à notre étonnement du prix apparemment faible de 10 000 euros auquel la ville a vendu une licence IV à un établissement chic de la rue de la Pie (après en avoir vendu une au même tarif au Grand Monarque) : « il y a plus de demandes que d’offres, mais on n’est pas là pour arnaquer les commerçants ».
• De nouveaux doutes quant aux compétences de l’INSEE : « plus on construit, moins il y a d’habitants » (c’est oublier que la structure démographique des nouveaux habitants est plus faible, que des centaines de logements se vident et que la tendance nationale est à la baisse du nombre moyen d’habitants par foyer).
• Quand il est question de désertification médicale dans le débat, le maire rappelle sa dimension nationale : « Je n’aurais pas la compétence d’être ministre de la Santé, mais président je saurais choisir le bon » ; « Quand Castex est venu à Chartres je pensais que c’était pour me donner un ministère, mais finalement c’était pour me filer le COVID ! »
• « Il n’y a que dans les villes où on retire les sapins de Noël que l’on pense pouvoir se passer de caméras de surveillance »
• « Les maires déguisés en vert sont d’extrême-gauche et déstabilisent le pays » (au cas où on l’aurait oublié !)
Grâce à Jacqueline Marre qui a prononcé un vœu pour faire adhérer notre ville à une association d’information et de soutien à l’accueil des migrants, proposition que nous avons applaudie puis votée (en minorité évidemment), nous avons eu droit à l’incident de la soirée : avant de nous faire près de 30 minutes anti-migratoire, Gorges commence par qualifier son entourage de « famille Benetton » pour se dédouaner de tout soupçon de racisme. Au cœur d’un discours justifiant le moratoire « zéro immigration » qu’il avait déjà proposé dans son célèbre livre de 2016, il évoque le témoignage d’un habitant de la Madeleine en précisant « C’est quelqu’un qui m’expliquait pourquoi il n’avait pas voté pour moi, et pourtant je lui avais permis de devenir propriétaire de son logement ». Estomaqué par une telle franchise, je m’exclame depuis mon siège, sans micro : « quel ingrat ! », ce qui me vaut de la part du maire une volée d’insultes qui me demande de quitter la salle en raison de mon irrespect pour sa personne. Je reste évidemment, surtout pour que ma voix ne manque pas au vœu humaniste de Jacqueline Marre…
Jean-François Bridet, élu Chartres écologie