Après la sortie de son quatrième roman Seaghan ou « l’enfant de mer » en 2015, Patrick Béguier, six ans plus tard, enfonce le clou avec son tout dernier livre Mer Courage pour nous alerter sur le devenir de nos océans qui deviennent de véritables poubelles. Alors que les politiques tergiversent sur les conséquences du réchauffement de la planète, force est de constater que rien n’avance réellement. La mer, véritable machine à laver des déchets de l’homme, est à saturation. Et comme dirait l’autre : on regarde ailleurs… Et comme on continue de regarder ailleurs, le journaliste romancier, tout comme le héros de son roman, revient à la charge pour nous rappeler que la mer est non seulement concernée par le réchauffement climatique mais aussi par les pollutions de toutes sortes. Sensibilisé par l’état des océans, Patrick Béguier nous interpelle avec un roman fantastique et pragmatique. L’heure n’est plus à la procrastination.
Après un premier cri d’alarme, Patrick Béguier passe à l’action dans ce roman où le fils de Seaghan réalise des exploits surnaturels pour tenter de convaincre un président des États-Unis climato-sceptique et des chefs d’État sans scrupule. Malgré l’aide d’un allié contrôlant les abeilles pour faire prendre conscience au monde qu’il y a urgence, les deux compères n’arriveront pas à convaincre l’opinion et les responsables politiques. Il faudra que la mer redonne vie à Seaghan pour que le monde entende enfin son cri. Revenu parmi les hommes, Seaghan parvient à réunir autour de lui des citoyens convaincus qu’il faut changer d’attitude pour éviter que la vie ne quitte la planète bleue. Seaghan, tout comme dans le premier opus, a l’espoir de ramener les hommes à la raison. Des manifestations sont organisées un peu partout pour la défense de la mer et de la planète.
Avec la passion chevillée au corps, Patrick Béguier nous entraîne dans son combat. Dans le silence des mots et des profondeurs de l’océan, s’élève l’immense cri de ce lanceur d’alerte dénonçant l’inaction suicidaire des hommes.
Pascal Hébert
Interview de Patrick Béguier
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire une suite à Seaghan ou « l’enfant de mer » ?
Je l’avais promise aux lecteurs et je me l’étais promis à moi-même. On prend du retard pour la protection des océans. Les conférences internationales ne sont qu’une suite de bonnes résolutions. Des mots, mais surtout pas trop de vagues pour mettre en danger la mondialisation économique et surtout financière.
On aurait pu penser que le fils de Seaghan, réussirait là où son père a échoué. Mais il disparaît lui aussi. Etait-il important pour vous de faire renaître Seaghan ?
Oui, car il a vécu une première expérience de cohabitation avec les hommes. Kedril, son fils, est un peu désemparé devant la mission qui l’attend. Il commet des erreurs qui lui seront fatales.
Quel est le message de Seaghan dans ce second opus ?
Tenir, se battre jusqu’au bout ! Il y a toujours un espoir.
Depuis la parution de Seaghan ou « l’enfant de mer » il y a six ans, comment analysez-vous l’évolution de la défense des océans ?
Insuffisante, hélas ! Des personnalités, politiques ou autres, des écologistes renommés, des associations se battent, mais j’ai l’impression que ces acteurs donnent toujours des coups d’épée dans l’eau… Les ambitions nées de la géopolitique et de la volonté de puissance étatique viennent régulièrement annuler les ambitions écologiques.
Est-ce que les mesures qui sont prises pour préserver les poissons sont suffisantes ?
Il y a des progrès. Et beaucoup de tricheurs !
Avec la fonte des glaces, ne croyez-vous pas que la mer est déjà en action pour punir les hommes ?
La mer ne veut pas punir les hommes. Elle montre simplement sa puissance,
Pourquoi les hommes politiques paraissent plus sensibilisés par le réchauffement climatique que par la pollution des océans ?
Parce qu’ils vivent sur le plancher des vaches ! Parce que les poissons ne votent pas !
Les citoyens ne sont-ils pas aussi responsables du sort de la mer ?
Si, bien sûr ! Dans mon roman, ce sont eux qui poussent à la résolution des problèmes. Mais les actions individuelles et même collectives ne suffiront pas. La solution est mondiale ou bien, on ne la trouvera pas.
Pourquoi les pêcheurs ne sont-ils pas les ambassadeurs de la mer ?
Cela dépend des pêcheurs. Certains sont conscients des problèmes, d’autres sont d’abord conscients de leur chiffre d’affaires. Je l’ai dit dans ce roman : la mer possède le plus grand territoire sur cette planète (plus de 70%) et elle n’a pas d’ambassadeur. C’est pourquoi elle a mis au monde Seaghan !
Qu’avez-vous retenu de la réunion de ‘’Paris-climat2015’’ ?
Rien de bien concret, ni d’assuré.
Qui porte aujourd’hui la voix de la mer ?
Nous tous, si on parle avec force !
Etes-vous optimiste ou pessimiste quant à l’avenir de ce monde ?
Pas très optimiste, sinon j’aurais écrit d’autres romans.
Propos recueillis par Pascal Hébert.
Mer Courage, de Patrick Béguier, Geste éditions, 241 pages, 20 €.
Patrick Béguier en bref :
– Patrick Béguier a écrit plusieurs romans et essais ainsi que des pièces de théâtre.
– Il a été directeur du Centre de Perfectionnement des Journalistes à Paris.
– Il a été de 1994 à 2000, rédacteur en chef et éditorialiste de L’Écho républicain à Chartres.
– Il est aujourd’hui journaliste indépendant et conseiller éditorial du site Parisdepeches.fr
– Mer Courage est son sixième roman.