Plus que deux semaines (jusqu’au 6 septembre) pour visiter l’exposition Jean Plichart au prieuré Saint-Vincent (rue de la Pie) et à la médiathèque. Artiste chartrain disparu en 2006, il laisse une oeuvre gravée abondante et remarquable aux couleurs vives. C’est un artiste complet bien ancré dans le pays chartrain ; on lui doit notamment une série de bois gravés sur les ponts de Chartres, particulièrement réussie. Une première exposition en 2016 avait été organisée à l’Esperluète à l’occasion de l’anniversaire de sa disparition à l’initiative de l’Association des Amis de Jean Plichart. Vous pourrez découvrir  d’autres aspects de sa production, dans un cadre qui fut son atelier, une large sélection  de ses gravures, peintures et sculptures. Ne manquez pas cet événement !

Peintre graveur français, Paris 29 septembre 1950 – Le Coudray 13 septembre 2006.
Jean Plichart est né en 1950 à Paris. En 1968, sa famille quitte la région parisienne pour la campagne et choisit de s’installer en Beauce, non loin de Chartres, il termine ses études secondaires au lycée Marceau de Chartres et, après une période d’incertitude, décide d’entrer à l’université de Vincennes. Il y reste un an et intègre en 1974 l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Très tôt, il présente un don pour le dessin. Enfant, sa mère lui réservait les papiers d’emballages kraft sur lesquels il aimait dessiner. Elève de Jean Feugereux à la Galerie Alphonse Marré, 8 rue au Lait à Chartres, Jean Plichart s’installe ensuite comme professionnel à Dammarie où il réside avec Jeanne Bréchemier qui sera son épouse et la mère de ses deux premiers fils, Joseph et Martin, nés respectivement en 1979 et 1983. Plus tard, il loue un atelier rue du Pont Saint-Hilaire à Chartres.

Durant cette période, son œuvre est profondément imprégnée de l’atmosphère de la Beauce. Ce sont, par exemple, des paysages de champs de blés couchés par le vent, des bouquets d’arbres courbés et les sinuosités de la Conie parmi les roseaux… Il rencontre à cette époque un certain succès et expose à Paris, Londres et Oslo. Il représente la Ville de Chartres lors du grand prix de France des arts plastiques en compagnie de Michel Thibault. A partir de 1979, il expose régulièrement dans différents salons : FIAC, SAGA et celui de Bayeux spécialisé dans la gravure contemporaine. Il participe aussi à de nombreuses expositions locales, régionales, nationales et internationales. Il réalise, en partenariat avec l’atelier des maîtres verriers Loire, une fresque qui décore le pignon d’un immeuble à l’extrémité du Mail Jean de Dunois à La Madeleine (1994).

Dans les années 1990, la municipalité de Chartres met à la disposition des artistes de la ville des lieux de travail et de recherche pour une durée limitée. Jean Plichart occupe l’un d’eux, le Prieuré Saint-Vincent, rue de la Porte Cendreuse. Il partage cet atelier avec Leslie Xuereb, elle-même artiste, qui devient sa compagne, et sera la mère de son troisième fils Théodoric né en 1997. Il y organise des animations pédagogiques à l’intention de jeunes pendant les vacances scolaires, ainsi que des expositions.

En 1997, à l’occasion des quarante ans du jumelage entre Chartres et Ravenne, il produit une affiche où figurent les symboles des deux villes : le labyrinthe de la cathédrale de Chartres et les colombes du mausolée de Galla Placidia à Ravenne. En 2000, Jean Plichart a le projet de partir s’installer en Bretagne, mais découvre qu’il est atteint d’une maladie grave. En 2001, il quitte le Prieuré Saint-Vincent, il ouvre alors son dernier atelier rue Nicole où il profite de ses périodes de rémission pour travailler le monotype, la gravure sur linoléum ou le plexiglass, dans un esprit de recherche permanente. Paradoxalement, comme l’observe son ami le céramiste Abbas Bani Hasan, c’est lors de la période la plus sombre de sa vie qu’il produit ses œuvres les plus lumineuses et colorées. Il meurt le 13 septembre 2006 sans avoir épuisé tout son talent.

Artiste complet, Jean Plichart s’est essayé dans de nombreuses techniques d’art plastique : dessin, peinture, pastel, aquarelle, gravure en taille douce, xylogravure, sculpture, céramique, vitrail… Au cours des dernières années de sa vie il met au point une technique originale, très aboutie, la « taille d’épargne enluminée », hommage aux techniques médiévales d’enluminures, la différence étant que dans l’oeuvre de Jean Plichart, l’enluminure a pris le pas sur le texte. Utilisant le support de plaques de polystyrène évidées et gravées, ce procédé consiste à superposer trois couches de peinture en trois étapes successives. Le papier est d’abord peint, pour constituer un fond, la plaque gravée est encrée de peinture noire puis imprimée, l’estampe proprement dite n’apparaît qu’à la fin lorsque la plaque est encrée avec la couleur et imprimée une seconde fois. Cette superposition de plans donne un effet de relief et de profondeur au tableau.

Jean Plichart possède une vaste culture classique alliée à une grande sensibilité. Son œuvre regorge de références mythologiques, littéraires qui évoquent les grandes interrogations qui l’obsèdent. Doué pour l’écriture et poète, comme en témoignent les textes qui accompagnent la plaquette de présentation de son œuvre gravée (1989) et son album des Ponts de Chartres (1993). Il est également mélomane et un musicien confirmé.

Il repose au cimetière Saint-Chéron à Chartres sous une dalle de mosaïque, œuvre de son ami Abbas Bani Hasan.

Biographie réalisée par Élisabeth et Denys Calu pour l’Association « les Amis de Jean Plichart »
(sources : article wikipédia de Joseph Plichart, sa famille, JC Boulay.)