Il y a un an, le 22 août 2022, donc en plein été, une trentaine de citoyens se sont interposés pacifiquement entre des élagueurs et trois magnifiques et vieux marronniers qu'ils voulaient abattre. Sept policiers et un membre du renseignement territorial se sont rendus sur place. Les « occupants » allaient-ils être expulsés manu militari ?

Finalement, et après quelques longues tergiversations, la police a quitté les lieux, ce qui n'a pas empêché l'abattage de tous les autres arbres existants sur le terrain de l'ancienne Chambre de métiers, condamnés par la construction de deux ensembles immobiliers, 38 logements côté Courtille et 37 côté rue Victor-Gilbert.

C'est vous, monsieur le Maire de Chartres, qui avez autorisé l'abattage de ces beaux marronniers, en violation du PLU, qui indique clairement que ces arbres sont implantés à l'intérieur d'un Espace Boisé Classé, donc protégés. De plus, votre arrêté n'avait pas été affiché comme la loi le stipule.

Dans les jours qui ont suivi, des citoyens de plus en plus nombreux, membres ou non d'associations, sont venus voir et s'informer de la situation ; certains ont même dormi pendant un mois sous la tente, au pied des marronniers afin d'empêcher tout assaut matinal.

Pourquoi cette situation ? Pour le promoteur, l'abattage des arbres est un préalable indispensable pour permettre la construction des 75 logements et de leurs parkings souterrains, lesquels devant occuper la quasi totalité du terrain, ce qui veut dire aussi que les eaux pluviales ne seront pas absorbées sur la parcelle, mais rejetées dans le réseau public.

Faut-il vous rappeler que la Justice a rendu différents jugements, tous favorables aux défenseurs des marronniers :

• Suite aux recours des riverains portés auprès du Tribunal Administratif d'Orléans : suspension de l'arrêté de non opposition à l'abattage, annulation du permis de construire du projet de logements côté Victor-Gilbert (un nouveau permis de construire a ensuite été délivré et fait encore l'objet de recours). Quant au permis de construire côté Courtille, également contesté, le jugement est toujours en attente.

• Ou encore suite à l'assignation du promoteur auprés du Tribunal Correctionnel de Chartres qui demandait l'expulsion des occupants : non seulement rejet de la demande mais assorti d'une astreinte de 500 000 euros par arbre élagué ou abattu ! Le promoteur a fait appel : il n'a obtenu que la suppression de l'astreinte… et se console avec la démolition de tous les bâtiments côté Victor-Gilbert.

Tous ces évènements ont eu beaucoup d'échos dans la presse et à la télévision. Ils ont surtout permis la rencontre de nombreux habitants qui ont pu prendre connaissance des agissements de la ville qui déroule un tapis rouge aux promoteurs immobiliers.

Pour faire face aux atteintes au cadre de vie de Chartres, un collectif s'est constitué, et il s'est avéré nécessaire de créer une association de défense de l'environnement de l'agglomération chartraine, l'ADEAC-22 août.

Le seul et unique responsable du bétonnage de la ville, c'est vous, monsieur le Maire de Chartres qui, sous prétexte de densification, avez voulu et instauré diverses règles de construction dans le Plan local d'urbanisme (PLU) dont la plus scandaleuse est qu'un mètre carré de pelouse sur 40 cm de terre sur une dalle de parking vaut autant qu'un mètre carré de pleine terre ! Cette règle aberrante, à la limite de l'honnêteté, ne devrait pas exister ! Il est même impossible d'y planter un arbre, sauf en pot… Connaissez-vous un PLU en France qui dicte les mêmes règles ? On peut ajouter que les hauteurs autorisées pour les nouvelles constructions sont excessives et incohérentes.

Le PLU devrait être modifié après l'enquête publique prévue en septembre ou octobre prochain, mais la suppression de cette disposition abusive n'est malheureusement pas à l'ordre du jour !

Alors, monsieur le Maire, vous vous vantez en répétant que vous plantez beaucoup d'arbres en ville et vous n'avez cesse de vous moquer des défenseurs des « trois marronniers », mais vous ne dites pas qu'à cause de votre PLU des centaines d'arbres ont été et seront abattus pour faire place au béton !

Nous vous demandons donc instamment d'ajouter au projet de modification du PLU la correction de la règle de calcul de la surface minimale des « espaces verts » (article 13 du PLU dans toutes les zones urbaines), à savoir instaurer un coefficient de pondération égal à 0,5 maximum pour les plantations sur 40 cm de terre au-dessus d'une dalle en béton.

La seule arme qui reste aux riverains pour rejeter les projets immobiliers surdimensionnés qui les menacent est le recours en justice : il coûte cher, non seulement aux requérants mais aussi au budget de la ville, donc à tous les habitants de Chartres.

ADEAC-22 août, Chartres écologie, sykadap et au nom de tous les citoyens qui sont soucieux de préserver la qualité du cadre de vie.

Illustration : la photographie a été prise le 10 août 2023 en bordure de Seine et de la propriété d'Émile Zola à Médan (Yvelines). Zola, l'auteur de "J'accuse...".