Le film de Thierri Klifa, avec Fanny Ardant et Mathieu Kassovitz, était présenté en avant-première au Festival du film francophone.

Sur la scène du cinéma CGR d’Angoulême, Thierry Kifla le réalisateur de Les Rois de la piste a fini, vendredi 25 août, son bref discours en priant les spectateurs d’« en raconter le moins possible sur le film ». Un tel dévoilement ôterait effectivement le sel de cette comédie policière, dont la verve se corse peu à peu, sans se départir d’une intensité que ponctuent quelques notes mélodramatiques, auxquelles les dernières minutes donnent tout leur sens.

Au centre de cette histoire, rayonne et vitupère Rachel (Fanny Ardant), cuisinière à domicile et cheffe d’une bande de Pieds Nickelés composée de deux de ses fils et de son petit-fils. Lors d’un cambriolage, le cadet, Jérémie, (Nicolas Duvauchelle) dérobe une toile de Tamara Lempicka, sans en connaître la valeur. Il disparaît. Sa famille, dont son aîné Sam (Mathieu Kassovitz) et son neveu Nathan (Ben Attal), se lancent à sa recherche. Ils sont eux-mêmes pistés par les deux détectives de la compagnie d’assurance, Céleste (Laëtitia Dosch, finaude et voluptueuse) et Gauthier (Mathieu Vuillermoz, lunaire). Après un passage par Enghien-les-Bains (que Fanny Ardant connaît bien, ses parents y ont longtemps vécu), tout ce petit monde se retrouve sur la côte normande à Barfleur, où l’enquête s’emballe et s’envenime, jusqu’au dénouement que personne ne trahira.

On loue bien sûr les prestations de Nicolas Duvauchelle, bluffant, de Mathieu Kassovitz, souffreteux et tourmenté comme jamais, et, bien sûr, de Fanny Ardant, dans un rôle à contre-emploi de « Ma Dalton » (tel que l’a qualifié Mathieu Kassovitz dans sa déclaration précédant la projection). Loin d’éclipser ses partenaires, sa composition de harpie dominatrice inspire la performance de chacun. Ces détectives et arnaqueurs au petit pied servent, sans tomber dans la farce, un scénario futé et affûté. Quelque chose comme un vaudeville qu’aurait écrit Agatha Christie. Du cinéma ni trivial ni pontifiant, mais malin et jouissif, indémodable.

De bon augure avant la sortie en salles du film dans six mois, le public, à Angoulême, a longuement applaudi quand les lumières se sont rallumées.

Gilles Bornais

Les Rois de la piste (comédie dramatique, policier). De Thierry Klifa. Par Benoît Graffin et Thierry Klifa. Présenté en avant-première (hors-compétition) au 16ème Festival du Film francophone d’Angoulême du 22 au  28 août. Le Prix le plus prestigieux, le Valois de Diamant, a été remporté par le film Le temps d’aimer de Katell Quillévéré.

Légende photo : une partie de l’équipe de Les Rois de la piste jeudi dernier sur la scène à Angoulême avant la projection, avec Nicolas Duvauchelle (à gauche), Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz (à droite).