En journalisme, un marronnier est un article de presse ou un reportage d'information de faible importance, qui sert à meubler une période d'actualité creuse. Le marronnier est ordinairement consacré à un événement récurrent et prévisible, avec des sujets souvent simplistes, parfois mièvres (Wikipedia)

Lors du conseil municipal du jeudi 3 avril, qui pourtant mettait le budget municipal au cœur de l’ordre du jour et où les oppositions se sont exprimées à quatre reprises à ce sujet, le maire nous a déçu par sa prévisibilité : aucune réponse, aucun argument pour contrer les raisons de notre mécontentement que nous exposerons bientôt dans notre tribune de Votre Ville.

Nous n’avons entendu que la litanie si prévisible des attaques personnelles, des points de vue réactionnaires et de l’autosatisfaction sans faille de M. Gorges, en substance : « Avant moi le néant, après moi le chaos ».

Passage en revue de ce que nous entendons désormais à chaque conseil municipal, quel que soient l’actualité et les sujets abordés :

« Avant moi il n’y avait ni cinéma, ni médiathèque » : Chartres 2001, année zéro ?

« Votre présence à Sainte-Soline témoigne de votre violence, c’est dommage car scientifiquement c’est vraiment une ânerie de stocker l’eau potable en surface » : en effet beaucoup des méga-bassines telles que Sainte-Soline ont depuis été jugées illégales, comme l’A-169 d’ailleurs, ce qui démontre la nécessaire mobilisation citoyenne pour mettre la pression sur les administrations et les porteurs de projets qui méprisent le droit. Comme pour le combat pour les marronniers du boulevard de la Courtille, ça n’est pas parce que je suis élu que je laisse d’autres prendre des risques et mener les combats que je soutiens.

A l’égard des sept élus d’opposition : « Pourquoi rester dans cette ville si rien ne vous convient ? ». C’est le comble du totalitarisme que d’inviter les personnes qui font vivre le débat démocratique à aller habiter ailleurs !

A l’adresse de Ladislas Vergne : « Vous avez passé des mois à me lécher les pompes pour faire partie de ma liste et voilà que vous me trahissez avant la moitié du mandat par ambition personnelle ». Rappelons que c’est le maire qui l’a écarté de la majorité lorsqu’en 2022 M. Vergne, officiellement investi par Les Républicains, s’est présenté aux législatives sans l’autorisation du maître. Autre radotage : « On vous voit tous les jours sillonner la ville sur votre vélo, on se demande à quoi vous êtes payé... » : charmante insinuation, M. le Maire.et pour finir : « C’est bien la peine de faire l’ENA pour dire des bêtises pareilles ! »

A propos de mes qualités d’architecte : «Les parkings à créer en basse-ville ont déjà été pensés par M. Nicot et sont soutenus par M. Plaze, architectes qui ont gagné de grands concours, ce qui n’est pas votre cas ». Précisons que je souhaite à tout.e architecte en devenir de réaliser ce que j’ai pu concevoir et construire au sein de mon agence et avec mon équipe durant 25 ans. Des concours, nous en avons gagnés, notamment en matière d’écoles, de collèges, de crèches, de médiathèques, de salles associatives et de spectacles, à Dreux, Theuville, Châteauneuf-en-Thymerais, Saint-Prest, Epinay-sur-Seine (93), Ingré (45), Cormenon (41), Courtenay (45), projets qui ont été distingués par de nombreux prix régionaux en matière de construction bois et d’usage de matériaux bio-sourcés.

Au sujet de la baisse de population chartraine, le maire n’invoque plus l’incompétence de l’INSEE, mais répond en termes de production de logements neufs, il admet pour la première fois que cette baisse continue n’est pas un problème, que ce qui compte c’est la transformation sociologique de sa ville (moins d’enfants, plus de riches…).

A Jacqueline Marre comme à moi-même : « Votre projet est totalitaire, vous voulez imposer aux gens comment se nourrir, se déplacer, se divertir ». Ce que je trouve totalitaire, c’est l’uniforme à l’école, la suppression unilatérale des communs comme les arbres abattus à la Madeleine dont les locataires voisins sont privés, la mise en place des mêmes parasols partout sur les terrasses du centre-ville, la stérilisation pour des générations des sols autour de la cathédrale, l’obligation envisagée pour les habitants de la basse-ville de se stationner dans des parkings payants, etc.

« Quand je suis arrivé, j’ai supprimés 250 emplois fictifs dans les maisons de quartier qui servaient à endoctriner la population» : les rescapés de l’action socio-culturelle apprécieront…

Dans les méandres et digressions interminables du maire, une nouveauté s’est quand même glissée pour justifier une fois encore la démolition de l’ancienne mairie de 1960 pour la construction du pôle administratif : « Une chartraine m’a envoyé une carte postale d’Oulan-Bator (capitale de la Mongolie, jadis sous forte influence de l’URSS) figurant un bâtiment public très ressemblant à l’ancienne mairie de Chartres. Nous avions donc ici une copie soviétique, un modèle copié des centaines de fois ». J’imagine Dominique Maunoury se retourner dans sa tombe tandis que la référence architecturale à laquelle je pense est plutôt la mairie du Havre qu’Edouard Philippe, ami politique de Jipé Gorges aux dernières nouvelles, a pris soin de faire classer… !

Jean-François Bridet