Avec son onzième film, Emmanuel Mouret nous offre un merveilleux spectacle, plus de deux heures de beauté et d’intelligence. Ses dix premiers films réalisés depuis 1999 (dont Promène toi donc tout nu, Un baiser s’il vous plaît, L’art d’aimer, Une autre vie, Caprice et Mademoiselle de Joncquières), chroniques légères et joyeuses des jeux de l’amour et du hasard, semblent avoir été autant de croquis pour la construction de ce grand tableau des sentiments.

La sensibilité du propos est servie par une construction dramatique digne des plus grands thrillers : nous ne sommes jamais au-dessus des personnages, mais partageons leurs surprises et leurs émotions. La perfection de la direction d’acteurs et leur talent donnent une parfaite sincérité aux dialogues pourtant très écrits tandis que de magnifiques gros plans nous offrent à lire les infinies variations exprimées par leur visage : grand écran obligatoire !

Les décors naturels, la lumière, le choix des musiques, tout fait sens, beauté et fluidité, jusqu’à nous faire entrer dans les clair-obscurs de la peinture flamande. François Truffaut avait appris le cinéma en tournant la saga d’Antoine Doisnel puis la maîtrise acquise, parfaitement illustrée par La Nuit Américaine, lui permit ensuite d’enchaîner les chefs-d’oeuvre en parcourant tous les registres. N’en souhaitons pas moins à Emmanuel Mouret.

Il y a plus beau que le génie : un talent en construction, à voir et revoir dans cet excellent long-métrage qui pourtant passe trop vite !

Jean-François Bridet