Ceux qui l’ont pris pour le père Noël, par quatre fois déjà, et les autres aussi, en sont pour leurs frais : l’occupant du palais de béton de l’hôtel de ville, pour la circonstance enrubanné (de plastique), n’a dans sa hotte que du clinquant, qui masque la réalité d’une politique injuste socialement et toxique écologiquement.
Le monopole du commerce
Au dernier conseil municipal, le « conducator » a voulu identifier les élus « qui n’aiment pas les commerçants ». Il n’aime rien tant que désigner à la vindicte ses opposants avec des accusations aussi malsaines qu’infondées. Mais que sait-il lui-même de ce que vivent ceux qui, à Chartres, gagnent leur vie en vendant leur production au marché, par exemple ? Depuis des mois, ils sont écoeurés de la mobilité qui leur est imposée de semaine en semaine en raison de parti-pris incompréhensibles : leurs clients, d’une fois à l’autre, ne les retrouvent pas, et ils n’écoulent pas partie de leur production. Quel mépris, d’ailleurs, de cette tradition qu’est le commerce vivant (comme on dit le spectacle vivant) : circulation automobile au milieu des chalands, sortie des riverains oblige, trottinettes électriques peu compatibles avec les piétons les plus fragiles. On suppose que la majorité regarde ailleurs.
Autre marché : celui de Noël, où le « pass sanitaire » est exigé (l’est-il dans les grandes surfaces ?) ; il n’est nulle part balisé ni indiqué dans la ville. La location du chalet – pas cadeau – sera difficile à amortir pour certains. Mais le maire aime les commerçants, paraît-il, lui qui a si bien pris ses quartiers en politique, dont il a pratiqué différents mandats, renonçant avec colère pour cause de cumul à celui de député, et s’étant cassé le nez précocement dans la dernière course (en sac) à la mandature suprême.
C’Chartres ou la disneylandisation de la ville
En tout cas, ce n’est pas la déco de Noël qu’on aurait dû lui confier. S’ajoutant au bariolage et à l’ambiance sonore absurdes de « Chartres en lumières », la quincaillerie allumée qui a été posée au pied de la cathédrale est indigne du monument. Si Charles Péguy revenait, il ajouterait un chapitre vigoureux à son essai L’Argent, sévère réquisitoire contre toutes les formes que prenait la cupidité en son temps. N’y a-t-il eu personne à l’UNESCO pour dire NON à ces horreurs, qui coûtent d’ailleurs fort cher en location à nous tous, sans que nous ayons notre mot à dire ?
Pas de cadeau pour Chartres Ecologie
Notre association citoyenne est particulièrement choyée. Ceux d’entre vous qui suivent l’actualité connaissent l’extrême élégance avec laquelle sont traités les élus écologistes, sans que jamais un membre de la majorité ne s’interpose ; les invectives du chef sont paroles incontestées. Depuis que nous existons, il n’a pas été possible de nous réunir dans une salle de la commune. Récemment encore, chargée en tant que présidente de réserver un espace pour réunir nos adhérents en assemblée générale annuelle, j’ai reçu, au bout de quelques jours, une réponse de refus de la part du cabinet du maire.
C’est piétiner en toute impunité le Code des communes, qui prévoit l’autorisation de réunion des associations de la commune régulièrement déclarées en Préfecture, ce qui est évidemment notre cas. Nous n’en restons pas là, bien entendu. Notre AG est prévue pour le 26 février 2022, qu’on se le dise déjà. Nous préciserons dès que possible le lieu où elle se tiendra. Chartres est une ville remplie de lieux où l’on pourrait se réunir, débattre, développer toutes sortes de socialisation, mais ils sont invariablement fermés, ou utilisés seulement selon le bon vouloir de ceux qui , détenant les clefs, se comportent en propriétaires, au grand dam de ceux qui créent, travaillent, réfléchissent, et n’ont pas moins que les vainqueurs du scrutin droit aux services et espaces communaux, collectifs.
Une ville à vendre
Nous sommes condamnés à passer encore des années où tout se paie. Chartres est seulement une ville à vendre ; ce n’est pas une ville où l’on vit ensemble. Les habitants sont incités à retirer le plus possible pour eux-mêmes ; ce faisant, ils sont aussi transformés en payeurs à la merci de décideurs qui déclenchent impôts, prix de l’eau, du terrain, etc. Inutile de préciser que les plus modestes n’ont eu d’autre choix que de faire leurs cartons. Cette politique, hélas, se paiera, et sans doute au prix fort, si les instances de l’État ne mettent pas bon ordre. En tout cas, il est un tarif prohibitif qui se profile : c’est le bilan écologique. Pour l’année prochaine, toute proche, je vous propose de noter tout ce qui nous permettra de calculer le bilan carbone de la ville, de la mairie, bref l’oeuvre du maire de Chartres – cadeau de retour.
Chantal Vinet, présidente de l’association Chartres Écologie