Il y a presque trois décennies, à partir de 1997, il s'était lancé à la conquête du fauteuil de maire de Chartres. En solo ou presque, simplement appuyé par une structure associative. Les habitants d’un certain âge se souviennent de son labourage des rues de la ville et de ses fascicules de propagande à la syntaxe approximative et à la mise en page brouillonne. En mars 2001, il avait gagné son pari sur le fil, largement servi par l’usure du pouvoir en place et les divisions de ses adversaires.
Aujourd’hui, pas sûr qu’il éprouve de la nostalgie en voyant Ladislas Vergne reproduire le modèle de « Grand-Papa ». Le conflit de générations dans une fenêtre de tir idéale. Comme celle d’il y a vingt-cinq ans.
Vergne a plusieurs handicaps : il est considéré comme un traître, un inconstant et un opportuniste par le maire actuel. Alors qu’il faisait partie de l’équipe municipale majoritaire en 2020, il vote désormais contre le budget. Il est affublé de l’étiquette infamante d’énarque parisien. Il est réputé trop jeune, sans expérience, ne pas maîtriser ses dossiers. Et surtout, LR ne le soutient plus, sauf le député drouais Olivier Marleix, à titre personnel.
Mais il a de solides atouts. Vergne incarne le renouvellement des cadres, le gendre idéal au sourire Colgate. Il utilise à fond les réseaux sociaux. Ses autres messages sur papier glacé sont publiés régulièrement, ils sont courts, simples, vite lus, facilement compréhensibles. Le style apéro. Il appuie sur les sujets sensibles : gaspillages, stationnement automobile, bétonisation, abattage des arbres, etc. Ecolo Vergne ? Il en faudrait mourir ! Sa cible marketing regroupe les écolos de la dernière heure, ceux qui sont toujours accros au productivisme, les trentenaires (comme lui) et les anciens choqués par la brutalité du maire, son manque d’empathie, ses obsessions climatosceptiques ridicules. Son arme fatale dans le terreau beauceron (homologué « clientèle TF1 ») est son discours de droite sécuritaire, mémoriel et catho.
Des gens dans l’entourage du maire alertent ce dernier sur le danger du dégagisme qui pourrait se produire en mars 2026. Car un second tour se profile à l’horizon. Cinq listes au moins seront en lice : la liste du sortant « renforcée » par les affidés du député macroniste, celle de l’union de la gauche et des écologistes de Jean-François Bridet, celle de Vergne, celle d’un obscur Zemmouriste et celle de Lutte Ouvrière.