Ç'en est fini de 2022 ! Du Grand Chelem au Mondial, d'un passionnant Tour de France à l'ascension de Caroline Garcia, de la retraite de Federer au Ballon d'or de Benzema et de pleins d'autres moments marquants, revue de l'année en forme d'abécédaire. Avec parfois un peu de parti pris.

A comme Angleterre. Annus horribilis de l'autre côté de la Manche ! La disparition de leur reine bien-aimée, les effets désastreux du Brexit... Et en sus, deux échecs sportifs sinon historiques du moins humiliants face à ces satanés Frenchies qui ont fané la Rose avant de croquer du Lion. D'abord, une vexante défaite en finale du Tournoi qui offrait le Grand Chelem aux Bleus de Fabien Galthié. Et plus récemment, l'élimination  en quart de finale du Mondial face aux Bleus de Didier Deschamps. Cocorico !

B comme boycoot. Haro sur le Qatar, émirat de toutes les hontes. Haro sur le football qui a choisi d'y organiser son Mondial au mépris de toutes les bonnes règles écologiques, des droits des travailleurs et des communautés LBGT. « Boycoot, boycoot !», ont hurlé des esprits chagrins. Mais seulement trois petits mois avant l'ouverture de la compétition. Hé ! C'était en 2010 qu'il aurait fallu contester... En attendant, c'est 25 millions de téléspectateurs qui ont regardé la finale France-Argentine. Et parmi eux, sûrement des boycotteurs, n'en doutons pas...

C comme chiffres. En milliards d'euros : le nouveau budget des Jeux 2024 initialement prévu à 3,98 ; la mascotte (bonnet phrygien) devrait rapporter 400 millions. En millions d'euros : 419, ce que se sont partagés les pays ayant participé au Mondial du Qatar avec 40 pour l'Argentine et 28,5 pour la France. En millions de dollars : 94,5, ce qu'a gagné Serena Williams en 27 ans de carrière ; et 1,57 ce qu'a empoché Caroline Garcia pour son Masters. En milliers  d'euros: 91.553, le nombre de spectateurs du Barcelone-Real en ¼ de finale de la Ligue des champions... femmes, un record. Et pour la "bonne bouche" et le portefeuille de Mbappé : 630 millions d'euros (brut...) pour trois ans soit 72 millions (toujours brut) par an, soit enfin 2,7 millions par mois... après impôt. Etourdissant ! (Sources : L'Equipe)

D comme Antoine Dupont.  19 mars, "Finale" du Tournoi. 61e minute, Antoine Dupont transperce la rideau défensif anglais et inscrit l'essai qui va propulser le Quinze de France vers le Grand Chelem, le 10e de son histoire et le premier depuis 2012. Un jaillissement digne de celui qui a été couronné meilleur joueur du monde. Dupont au nom commun et à la destinée hors du commun...

E comme Remco Evenepoel. Un démarrage tout en puissance et un monumental succès dans Bastogne-Liège, un autre impressionnant raid solitaire pour un maillot Arc-en-Ciel et, pour conclure, un Tour d'Espagne remporté tout en contrôle. Le Belge, auquel on prédit une carrière à la Merckx, affole tous les compteurs. On a hâte de le voir dans le Tour de France. Ses adversaires, moins...

F comme Roger Federer. Clap de fin à 41 ans pour le tennisman suisse aux 20 ''Grand Chelem'' (NDLR : tournois majeurs : Australie, Roland-Garros, Wimbledon et US Open). Tout a été dit sur "Rodgeur": sa puissance, son élégance, son fair-play, ses coups droits et ses revers sublimes. Bref, le sport comme un art.

G comme Caroline Garcia. 7 novembre, Fort Worth aux Etats-Unis : Caroline Garcia remporte le Masters et rentre dans l'histoire du tennis français. Passée d'au-delà de la 70e place mondiale à la quatrième après un été et un automne étourdissants, la tenniswoman française met fin  à deux années de doutes. Rayon de soleil pour un tennis français dans la grisaille...

H comme Harry Kane. A la 52e minute, il n'avait pas tremblé face à Lloris, son coéquipier de Tottenham, pour égaliser face aux Bleus. Bis repetita à la 84e minute pour une nouvelle égalisation après le but de Giroud mais un tir trop puissant et un ballon qui s'envole en même temps que les rêves anglais. On se souviendra de la détresse de son visage. Raillé par des supporteurs à sa reprise de Premier League la semaine dernière, Harry Kane a rapidement fait taire ces abrutis en scorant deux fois contre Brentford. Un grand joueur assurément !

I comme l'inconnu (e). Il y a toujours un (e) sportif (ve) inconnu (e), méconnu (e) ou tout à coup révélé (e) qui éclot chaque année. En sport traditionnel ou en discipline émergente. Quel sera l'heureux élu ?

J comme Jonas Vingegaard. Celui qu'on attendait pas trop. Bien sûr, il avait été le dauphin de Pogacar en 2021. Mais de là à le voir remporter le Tour ! Mais avec une élephantesque équipe Jumbo à son service, le Danois a maté et largué le Slovène en forgeant son succès dans le diabolique col du Granon. On attend 2023 avec impatience...

K comme Kylian. Kylian Mbappé, bien sûr ! Meilleur buteur du Mondial, trois buts en finale, des démarrages irrésistibles, des dribbles déroutants, une vision d'aigle, un style inimitable et, en prime, une tête bien faite. La preuve : « Il n'y a aucune raison que mon club paye un échec en sélection », a t-il d'ailleurs déclaré à l'issue de son match de reprise de Ligue 1 (2-1 contre Strasbourg) où il a été une nouvelle fois l'artisan du succès. Tout a été dit sur le natif de Bondy adoubé par le "Roi" Pelé et promis aux plus grandes destinées. Avec lui, Paris (s'il y reste), les Bleus et le football français ont de beaux jours à vivre.

L comme L'Equipe. Il est au sport ce que les livres sacrés sont aux religions. C'est donc pour cela qu'on l'appelle la Bible du sport. Acheter et lire L'Equipe, seul quotidien sportif  de l'Hexagone, c'est une religion, une drogue... L'Equipe, c'est tout savoir, tout comprendre, tout découvrir ; L'Equipe, c'est un parler vrai, une force de révélations, une ouverture continuelle ; L'Equipe, c'est enfin un régal de plumes, de mots justes, de phrases choc, d'analyses pertinentes, d'enquêtes mordantes. Du vrai, du grand journalisme tellement loin du panurgisme de la presse d'info géné...

M comme Léon Marchand. Il s'est exilé aux Etats-Unis pour étudier. Mais aussi pour nager vite et bien. Résultat : double championdu monde du  400 et 200 4 nages et en argent au 200 papillon. Sur les traces de son modèle Michael Phelps. Une nouvelle pépite et une locomotive pour la natation française.

N comme Norvège. Climat nordique oblige, on les savait doués pour tous les sports venus du froid, le biathlète Johannes Boe en tête. Mais non content d'être à l'aise sur les skis, les Norvégiens le sont sur d'autres terrains. En foot, avec le phénomène buteur Erling Haaland qui enfile les buts à Manchester City, en tennis avec Casper Ruud, finaliste à Roland-Garros à l'US Open et, sur le tour de piste d'athlétisme, avec Karsten Warhlom recordman du monde du 400 haies. Chauds, chauds norvégiens...

O comme Or. Comme le Ballon d'Or qu'il a remporté ou comme une saison du même métal qui  l'a vu atteindre sa plénitude. Après une Liga et une Ligue des champions digne des plus grands destins du football, Karim Benzema a reçu des mains de Zidane la récompense individuelle suprême pour un footballeur. Dommage seulement qu'il ait raté sa sortie des Bleus...

P comme procès.  Le monde du sport n'échappe pas celui des affaires. La gloire, l'argent, le sentiment d'impunité sont parfois les causes des déviances et mauvaises trajectoires. Deux procès ont marqué l'année. Celui de Benjamin Mendy, footballeur de Manchester City, champion du monde avec les Bleus en 2018, accusé de viols et d'agressions sexuelles, qui risque la perpétuité. Celui de Bernard Laporte, ex-ministre des Sports (sous Sarkozy), et patron du rugby français condamné (il a fait appel), à deux ans avec sursis pour corruption, trafic d'influence, prise illégale d'intérêt. Pas glorieux tout ça.

Q comme Quentin Fillon Mallet. Cinq fois médaillé aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin : deux fois en or à l'individuelle et en poursuite,  trois fois en argent en sprint et aux relais (masculins et mixte). Et pour conclure une saison extraordinaire, lauréat de la Coupe du monde de biathlon. Digne successeur de Martin Fourcade.

R comme Rakotomalala. C'est probablement l'inconnu de cette revue d'année. Quentin Rakotomalala auquel L'Equipe Magazine a consacré un grand reportage, est comme un promoteur. Sa place de 3e au championnat d'Europe à Rome en août est passée presque inaperçue. Tout comme son titre de champion de France pour lequel il était seul compétiteur. Et pour cause, il pratique un sport presque exclusivement féminin mais qui s'ouvre aux hommes, la natation artistique ! D'autres suivront-ils ?

S comme Stade de France. Du fait de la guerre en Ukraine, la prestigieuse enceinte de Paris/Saint-Denis a remplacé presque au pied levé le stade Krestowski de Saint-Petersbourg pour la finale de la Ligue des champions Real-Liverpool. Vols et agressions d'individus n'ayant rien à voir avec le sport, difficultés d'accès aux tribunes, grève du RER, billetterie peut-être défaillante, autant d'incidents qui ont gâché la soirée même si le match fut de qualité. Ce que l'on a quand même oublié de préciser, c'est aussi que l'enthousiasme des supporteurs du football se traduit hélas de plus en plus souvent par du fanatisme avec tous les excès qu'il provoque...

T comme treize.  Les Bleus du rugby n'ont plus perdu depuis le 17 juillet 2021. Plus d'un an et treize victoires de rangs dont une sur les All Blacks et surtout un grand chelem dans le Tournoi avant, entre autres, un succès sur les champions du monde d'Afrique du Sud dans la tournée d'automne. Si les Bleus de Galthié et Dupont réalisent un deuxième grand chelem consécutif (on peut rêver...), ils égaleront le record d'invincibilité (18 matches) des Néo-Zélandais qu'ils affronteront en ouverture du Mondial au Stade de France le 8 septembre...

U comme Dayot Upamecano. Malgré quelques erreurs qui auraient pu coûter cher aux Bleus, il a été l'un des artisans de l'aventure des Bleus au Mondial du Qatar. Le joueur du Bayern  Munich est appelé à devenir l'un des plus grands défenseurs mondiaux. Et probablement à succéder à Raphael Varane comme patron du dernier rideau des Bleus.

V comme Max Verstappen. Il y a eu Michael Schumacher et ses sept titres de champion du monde de F1. Puis ça a été au tour de Lewis Hamilton d'égaler le champion allemand. Le prochain : très probablement Max Verstappen. Déjà deux titres mondiaux et déjà pilote de record avec quinze succès sur les vingt-deux Grand Prix 2022. Il n'a laissé que des miettes aux Ferrari, Mercedes et autres McLaren et Alpine...

W comme Victor Wembanyama. Il a beau avouer qu'il n'est pas aisé de se déplacer avec un tel physique, il affole les parquets de basket. Et pas seulement ceux de France. Avec ses 2,21 m de taille et ses 2,45m d'envergure, Victor Wenbanyama est promis au plus grand avenir. Le prodige de Boulogne-Levallois émigrera bientôt aux Etats-Unis où les plus grands clubs lorgnent sur lui. Lebron James, Kevin Durant, références es-NBA l'ont qualifié d'extra-terrestre.

X comme les X de 2023. Le Quinze de France sera t-il champion du monde ? Le PSG gagnera t-il enfin la Ligue des champions ? Le hand peut-il réaliser un doublé mondial hommes-femmes ? Un coureur français remportera t-il le Tour de France ?  Le tennis français révèlera t-il enfin le successeur de Yannick Noah ? Et surtout Kylian Mbappé restera-t-il au PSG ? Réponses fin 2023.

Y comme Y'a qu'à.  Y'a qu'à, faut que, z'auraient dû... Comme tous les discours de millions de supporteurs plus connaisseurs les uns que les autres mais aussi de certains consultants radio-TV-presse qui savent mieux que tout le monde ce qu'il fallait faire pour gagner...

Z comme zéro. Zéro pointé à TF1 qui a rendu l'antenne avant que l'arbitre et la vidéo n'annulent le but égalisateur de Griezmann contre la Tunisie en troisième match de poule. Mais il est vrai qu'un spot pub de 30 secondes rapportait à la chaîne un peu plus de 300 000 euros. Vive le sport !

JHD