Les jardins privés de Chartres, beaux et très arborés, ne sont pas toujours visibles depuis l'espace public ; seuls les arbres qui dépassent des clôtures signalent leur présence. C'est pourquoi les habitants ne réalisent pas encore leur progressive disparition. Ce sont des poumons essentiels pour maintenir la fraîcheur des jours d'été et pour infiltrer les eaux de pluie.
Si Monsieur Gorges s'enorgueillit de planter beaucoup d'arbres dans « sa » ville, il ne dit pas combien de centaines sont abattus pour laisser place à des projets immobiliers.
Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) de Chartres qui définit les règles de construction pour chacune des parcelles de la commune est certainement un des plus désastreux de France. Il est urgent de le réviser. En effet il n'impose que très peu de contraintes : emprise des constructions presque illimitée, pas d'interdiction de construire en fonds de parcelle qui sont souvent arborés, hauteurs autorisées extravagantes, etc.
Ainsi les promoteurs s'en donnent à cœur joie. Ils peuvent acquérir des terrains et programmer des immeubles surdimensionnés qui sont « réglementaires » et donc (malheureusement) autorisés. Les maisons seront démolies, les arbres abattus et les jardins supprimés.
Le premier responsable de cette catastrophe est le maire qui a sciemment défini les règles du PLU. Sous un (mauvais) prétexte de densification, il a ouvert la porte aux promoteurs immobiliers.
Pourtant plus de mille appartements sont en chantier, autorisés ou programmés à Chartres (pour moins de cinquante maisons), alors que des centaines de logements sont vacants ! À ce propos, monsieur le Maire a récemment déclaré que la rénovation des logements vacants en centre-ville apportera 4 000 habitants en dix ans ! Comment y croire ?
Madame Dorange, qui signe les autorisations de construire sans se soucier des pertes de jouissance des riverains, s'affiche sur les panneaux électoraux avec le slogan « Ce territoire est entre vos mains ! ». S'adresse-t-elle aux promoteurs ?
Face à toutes ces agressions, les habitants de Chartres commencent à réagir et se regroupent en association de défense du paysage urbain. Ils portent recours contre des projets inacceptables.
Les membres de l'association Chartres écologie observent attentivement ce qui se passe dans ce domaine et se rapprochent des Chartrains qui les alertent pour les conseiller. Il est possible de faire annuler les projets les plus aberrants. Encore faut-il ne pas se résigner après avoir découvert l'affichage d'un permis de construire à côté de chez soi.
Défendre ses droits nécessite de l'énergie et des dépenses : si le recours gracieux auprès du maire ne coûte rien et a l'avantage de retarder le projet de deux mois, le recours contentieux auprès du Tribunal administratif d'Orléans coûte les frais d'avocat. Dans le même temps, pour payer ses propres frais de justice, la Ville de Chartres utilise notre argent, c'est un comble !
Il faut savoir aussi que des propriétaires de maison, souvent âgés, sont harcelés par des appels téléphoniques et des courriers de la part de promoteurs immobiliers qui, alléchés par l'appât du gain, cherchent à acheter leur propriété.
Enfin, nous pouvons espérer que l'offre pléthorique de logements sur Chartres et les communes riveraines et l'augmentation du coût des matériaux mettra fin à l'escalade.
En attendant, il est urgent de se mobiliser contre le bétonnage de notre ville !
Patrick Chenevrel