Jeudi 16 juillet 2020, Cactus publie le discours prononcé par Quentin Guillemain, candidat écologiste au poste de président de la communauté d’agglomération Chartres métropole.

Chers collègues,

A l’issue de ces élections municipales, il nous faut élire celle ou celui d’entre nous qui impulsera la politique commune à nos soixante-six communes. Il s’agit d’un moment démocratique important.

Nous le savons tous, cette agglomération souffre d’une absence de débat, reléguant cette assemblée depuis un certain nombre d’années à une chambre d’enregistrement. La parole contradictoire y est impossible sous peine de se voir couper les vivres.

Je veux tout d’abord vous dire à quel point je respecte l’engagement de chacun. Je ne méconnais pas ce que représente le sacerdoce d’être maire, quelles que soit nos sensibilités politiques. C’est en particulier pour cette raison que si vous me faites confiance, je souhaite co-construire avec vous la politique que mènera notre agglomération. Toutes les sensibilités pourront et devront s’exprimer dans leurs diversités. Notre agglomération ne pourra alors qu’en ressortir grandie, forte des expériences et des apports de chacune et chacun d’entre vous.

Ma candidature procède d’un souci premier : la règle démocratique du choix entre au moins deux candidats, deux conceptions, et celle de la nécessaire alternance. Conseiller municipal de Chartres, issu de la liste Chartres Ecologie, je m’engage à travailler à un rééquilibrage du partage des richesses et des contraintes, qui s’opérera en conformité avec l’urgente transition vers une agglomération pionnière et exemplaire en matière d’écologie. Cette candidature, que les observateurs qualifient d’inattendue vous permettra ainsi de faire un choix entre deux candidats mais surtout entre deux projets.

Jusqu’à présent, l’agglomération était dominée par la ville centre, Chartres, dont les grands travaux ont été largement conduits grâce à ses financements. Le président sortant qui cumule également la fonction de maire de Chartres est d’ailleurs candidat à sa réélection, pour un quatrième mandat. Or, il est temps de mettre en question ce fonctionnement par lequel Chartres s’attribue tous les avantages et tous les équipements structurants, au détriment des intérêts et du bien-vivre de l’ensemble des communes qui composent la communauté d’agglomération mais aussi de l’intérêt supérieur du développement de l’ensemble de notre territoire.

Chacun dans cette assemblée pourra choisir entre la continuation du passé et l’instauration, riche de potentialités, d’un système de représentation et de planification plus collégial. Une assemblée au sein de laquelle les responsabilités seront distribuées en fonction des compétences et avec une plus grande représentativité de notre territoire. Une assemblée où les décisions seront dûment réfléchies en fonction des besoins de chaque commune mais aussi au service d’un projet partagé.

En lien avec cette méthode et la philosophie de travail que je vous propose, je souhaite mettre fin à l’hyper-concentration des financements d’équipements sur la ville centre qui obère toute notre capacité d’investissement.

Le pôle administratif en centre-ville de Chartres lancé en 2014 est inachevé et non opérationnel. Il a trois ans de retard et coûtera presque le double de l’enveloppe prévue initialement. Le projet qui pouvait paraître novateur en matière environnementale il y a dix ans apparaît aujourd’hui dépassé et n’ouvrira pas ses portes avant 2021. Les atermoiements de la maîtrise d’ouvrage sont à l’origine de ce retard et d’une perte d’argent considérable.

Et que dire du chantier actuel du pôle gare de Chartres annoncé comme prêt à démarrer dans ce même hémicycle en 2014. Il n’a vu la réalisation en six ans que de la passerelle sur les voies SNCF qui coûte à elle seule 10 millions d’euros. Il est pourvu d’un projet de complexe culturel et sportif encore surdimensionné – le double du nécessaire.

Des alternatives plus crédibles, à la fois moins chères et plus respectueuses de l’environnement, avec accès efficace et stationnement déjà existant et gratuit pour tous les habitants de l’agglo et au-delà, existent. Penser que sa position sur le projet de nœud multimodal permet une efficacité d’accès est un leurre. L’accès deviendra impossible en voiture, l’engorgement annoncé. Il est encore possible de rectifier ce projet insensé.

Ces projets sont recyclés depuis vingt ans à grand renfort de communication comme des promesses électorales sans cesse renouvelées mais jamais réalisées. Alors que pouvons-nous penser des idées ou promesses lues dans le quotidien local il y a quelques jours ?

En ce qui me concerne, je propose à chacun d’entre vous un contrat de développement 2021/2026 qui puisse nous permettre d’engager pour vos communes des financements communautaires pour vos projets d’équipement sur les six prochaines années. Plutôt qu’un émiettement, je vous propose un pacte et une visibilité sur les six prochaines années autour de priorités fixées ensemble.

Autour de cette candidature, c’est un projet véritablement alternatif que je souhaite vous soumettre loin des projets pharaoniques du Président sortant qui n’en finissent jamais. Alors que la stratégie d’investissement de ces vingt dernières années a consisté à promouvoir des équipements sportifs de dimension nationale situés à Chartres, je souhaite que les six années qui viennent permettent de voir émerger des équipements sportifs et culturels à taille humaine sur l’ensemble de l’agglomération (gymnase, piscine, bibliothèques, etc.) permettant à tous nos concitoyens, nos enfants de pratiquer une activité physique et culturelle de proximité.

L’exemple de l’Odyssée est à ce titre frappant : il fallait un équipement pour attirer toute l’Ile-de-France, mais les enfants de nombreuses communes y accèdent moins facilement qu’à un équipement de proximité. Les coûts de fonctionnement sont prohibitifs. Face à cet équipement, le Président sortant a fait table rase de tout ce qui existait.

Je souhaite que nous puissions accompagner le développement de maisons médicales, de services et de commerces sur notre territoire qui souffre d’en manquer. Comment se fait-il que rien ne soit fait par notre collectivité pour faire en sorte que de jeunes médecins, de nouveaux commerçants s’installent dans nos villes et communes ? Je veux vous aider à y parvenir.

Pendant que les travaux inachevés s’additionnent, les autres postes qui requièrent des financements prééminents sont laissés pour compte. Les transports en commun sont à l’arrêt, le bus à haut niveau de service (BHNS) patine depuis dix ans sans perspectives d’aboutissement ni véritable volonté politique dans la mesure où ils pourraient venir en contradiction avec la politique de parkings souterrains. Quant aux pistes cyclables ne sont que des discontinuités de quelques centaines de mètres de pistes posées ça et là.

C’est un domaine où nous n’avancerons pas les uns sans les autres : programme résolu de bus gratuits, pistes cyclables, refonte des voies une fois que seront pensés des schémas de circulation, qui donneront aux usagers des transports publics, aux piétons et aux cyclistes une place aujourd’hui dévolue à l’ automobile. Le plan vert dont tout le monde partage le diagnostic (celui-ci a au moins le mérite d’exister) identifiait plus de 170 kms de voies cyclables réalisables sur notre territoire. Depuis 2004, seuls 17 kms ont été réalisés, soit  un kilomètre par an à l’échelle de notre collectivité.

Je souhaite démultiplier le soutien de notre collectivité aux initiatives tournées vers l’avenir de notre territoire. Il nous faut penser à ce que nous lèguerons à nos enfants, à nos petits-enfants, aux générations futures. Cela devrait devenir le fil directeur de notre territoire. C’est le sens du projet 2021/2026 de Chartres Métropole que je veux construire avec vous. Regardons l’histoire de notre territoire pour mieux entrevoir son avenir.

Situé dans la Beauce, notre territoire a toujours été considéré comme une terre d’agriculture. Pourquoi ne jamais parler de ce territoire rural, des surfaces agricoles qu’il nous faut préserver ? Il nous faut un projet d’avenir pour nos agriculteurs, nos maraîchers, nos éleveurs qui souffrent de ce modèle industriel qui les étouffe et qui leur demande de produire toujours plus pour gagner toujours moins. Aidons nos agriculteurs à se transformer et à trouver des débouchés locaux tels que nos cantines, les restaurants ou la vente aux particuliers. De nombreuses initiatives existent, elles ne sont malheureusement que trop rarement soutenues. C’est aussi le rôle de notre collectivité d’en faire un atout pour notre avenir et pour à terme, parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

A l’heure où la sécheresse pousse les autorités à restreindre l’usage de l’irrigation dès les premiers jours d’été chaque année et où les aléas météorologiques sont de plus en plus nombreux, il est plus que temps d’aider ceux qui nous nourrissent à transformer leur modèle en les accompagnant.  C’est un comble de manquer d’eau alors que la Beauce dispose d’une des plus grandes nappes phréatiques d’Europe. Protéger notre ressource en eau si précieuse pour notre avenir et l’économiser partout où c’est possible doit être également une de nos priorités.

Il nous faut aussi accompagner les projets touristiques locaux avec la vision d’ensemble que peut apporter l’agglomération, centrée sur la qualité de vie en vallée de l’Eure ou encore l’axe touristique que pourrait constituer la valorisation des structures liées au canal de l’Eure.

Il nous faut accompagner avec plus de volonté les dossiers de revitalisation d’anciennes friches commerciales ou économiques présentes dans nombre de nos villes et communes, afin de limiter le prélèvement agricole plébiscité aujourd’hui par le président sortant comme seule forme de « développement économique ».

Je veux aussi que nous développions des aides à la rénovation des équipements existants dans les communes (écoles, mairies, salles polyvalentes…) pour les préparer à l’avenir en particulier sur le plan énergétique.

Il nous faut, et de toute urgence, mettre fin au projet d’autoroute A154, qui est inutile et destructeur de six cents hectares de terres agricoles mais également dévastateur pour nombre de nos espaces naturels pourtant décrits comme protégés dans le Plan Vert que j’évoquais tout à l’heure. Certaines communes de notre agglomération seront directement impactées par son tracé et à cause de la fermeture d’accès existants sur l’actuelle N154 qui sera privatisée et transformée en autoroute payante.

En votant pour mon adversaire, vous voterez pour cette autoroute et la participation financière de notre collectivité à sa réalisation. Ce sont là aussi plusieurs dizaines de millions d’euros qui auraient pu servir à des projets de développement locaux.

Tel est un aperçu du programme que je vous proposerai de mettre en œuvre, car nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller ce qui nous fait vivre.

Les crises successives (sécheresses, imprévisibilité climatique, épidémies), la pollution de l’air et de l’eau, les incertitudes pesant sur l’avenir des jeunes générations nous imposent d’agir collectivement, à la ville et à la campagne, dans le sens de la protection de nos ressources.  C’est notre atout : nous pouvons concilier les actions du monde urbain et du monde rural ; tout doit être fait pour qu’ils s’épaulent. La période du confinement nous a révélé à quel point assurer l’autonomie alimentaire locale était capital. Nul doute que la ville a beaucoup à apprendre des élus ruraux, que je souhaite voir s’impliquer au premier plan ; la concertation y aidera dans le cadre d’assises de l’agglomération que je veux tenir dans les 66 communes et qui permettront dans le détail de construire autour de nos priorités notre projet commun. J’irai à votre rencontre quel que soit le résultat du vote.

Rien ne se fera sans une refonte de la démocratie interne à l’agglomération, vous l’avez compris, Mesdames et Messieurs. Il nous faut une gouvernance moins descendante, authentiquement participative ; tout est à construire, ensemble, telle est notre feuille de route pour six années.