Jeudi 2 décembre, à l’initiative de Chartres Écologie, avait lieu aux Enfants du Paradis la projection du film d’Emmanuel Cappelin Une fois que tu sais, suivie d’un débat en présence de Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, présidente de Génération Ecologie et ancienne ministre de l’Écologie, ainsi que de plusieurs représentants de nos associations locales telles que Sykadap, Eure-et-Loir Nature, et ZéroWaste.
Le film-documentaire, à mi-chemin entre le road-movie et le journal intime, bien que se concentrant sur la collapsologie, n’a pas vocation à nous alerter une énième fois sur l’état dégradé de notre planète ni sur l’urgence climatique. Le réalisateur aborde plutôt le thème de l’effondrement sous d’autres angles, comme celui de la solastalgie (ou éco-anxiété), celui de la résilience collective, et nous invite à travailler l’idée de l’acceptation face à l’inéluctable. Parce qu’aujourd’hui, la question du dérèglement climatique ne se pose plus ; il s’agit plutôt d’accepter l’idée un futur chaotique et d’organiser nos sociétés en conséquence.
Les témoignages sont édifiants : Jean-Marc Jancovici avertit : l’épuisement des ressources naturelles va faire chuter nos sociétés modernes en recherche perpétuelle de croissance. L’émouvant témoignage de l’américain Richard Heinberg, teinté de sagesse et d’amertume face à l’inaction de nos États, nous ébranle : nous n’aurons bientôt plus d’autre choix que celui de prendre des mesures drastiques pour sauver ce qu’il reste de notre planète. Saleemul Huq, expert du GIEC, est la voix des pays émergents dans les conférences pour le climat (COP). Il explique comment certains pays comme le Bangladesh ont dû s’adapter à la montée des eaux. Pablo Servigne insiste ensuite sur la nécessité de nous organiser localement, collectivement et solidairement pour trouver des solutions efficaces, rapides et justes. Enfin, à travers le témoignage de la géographe allemande Susanne Moser et des collectifs tels qu’Extinction Rebellion ou encore les images de militants bloquant une mine de charbon en Allemagne, le film montre comment certains s’emparent de cette problématique, parcourent les solutions et se mobilisent pour sortir de l’attentisme…
Le film se terminant davantage sur un appel à la mobilisation générale que sur une note d’espoir, la centaine de spectateurs présents dans la salle a mis quelques minutes à « redescendre ». Une fois qu’on sait, qu’est-ce qu’on fait ..? Des échanges s’en sont suivis notamment sur l’éco-anxiété et notre sentiment d’impuissance parfois devant l’ampleur d’enjeux qui nous dépassent mais aussi sur les issues : la nécessité d’entrer dès maintenant en décroissance et de changer de modèle politique se fait de plus en plus ressentir. Comment embarquer tout le monde et être inspirant ?
Il manquait sans doute à ce film la dimension de la joie que pourrait nous procurer ce changement : fondamentalement, notre modèle actuel de société capitaliste a montré ses limites, ne nous épanouit pas et nous fait courir après des besoins artificiels ; nous avons dès lors tout à gagner à basculer.
Alors basculons, collectivement, dans la joie et non dans la contrainte !
Claire Picard