Je suis en terminale au lycée Marceau, je vais bientôt avoir dix-sept ans. Je me souviens qu’un camarade de classe fêtait sa majorité ce jour-là. C’est au retour du lycée, en rentrant chez moi vers 17 heures que j’ai appris la nouvelle. Mon frère âgé de dix ans me parle d’avions dans des tours à New York, mais je ne comprends rien à ses explications. La télévision est allumée, ce qui me permet de voir les images des avions percutant les tours jumelles. Dans la foulée, nous apprenons les autres événements. L’impression que ça ne va pas s’arrêter. Tout cela paraît irréel, ne semble possible que dans des films. Je reste happé par les images qui tournent en boucle.
Ce qui m’a marqué aussi, c’est que ce soir-là, la famille avait dîné au Mac Do, symbole de la mondialisation américaine. Sur place, les télévisions étaient branchées sur une chaîne d’informations.
Le lendemain, c’était bien sûr le sujet de conversation dans le bus avec mes amis. Nous étions conscients d’avoir vécu la veille un événement historique majeur. Le premier dont je me rappellerai vraiment. Trop jeune au moment de la chute du mur de Berlin, seulement quelques vagues souvenirs. Il me fallait aussi les journaux du jour, pour les conserver. Chose faite. À la première heure de cours, nous en avons aussi parlé. Tout le monde était sous le choc. Mais les informations en notre possession étaient assez limitées. Fut évoqué le nom de Ben Laden, inconnu à l’époque. Le dimanche d’avant, la mort du commandant Massoud avait été annoncé, sans que cela m’interpelle vraiment. J’avais déjà entendu son nom et vu son visage.
Comme je disais, je savais que c’était un événement qui ferait date dans l’Histoire, mais je n’avais pas vraiment peur, car cela touchait les États-Unis, notamment en raison de leur politique internationale. Que c’était impossible ailleurs, ces attaques de cette envergure.
Je n’imaginais pas qu’il y aurait tant d’impact que cela en Europe, notamment les journaux télévisés délocalisés à New-York avec une durée bien plus longue que d’habitude. Je me souviens aussi de quelques réactions de ma part qui, avec le recul, étaient déplacées, mais peut-être que je ne me rendais pas compte de cet aspect de la mondialisation : par exemple que les matchs de la Ligue des champions de football programmés le 12 septembre soient reportés (Lyon-Barcelone était prévu), ou qu’une minute de silence soit respectée le vendredi en France. D’ailleurs, ce moment de recueillement n’a pas été fait dans ma classe. Pas pour une raison politique ou idéologique, mais probablement en raison d’une absence d’organisation du lycée.
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J’étais lycéen en terminale au lycée Marceau. Comme chaque soir, je rentrais en train Chartres-Courville avant que ma mère vienne me chercher, ainsi que deux camarades du village, pour effectuer les derniers kilomètres jusqu’à Chuisnes. C’était le début des téléphones portables, je n’avais pas encore Internet et j’étais bien loin d’imaginer le pire. Un soir comme les autres…
En montant dans la voiture, la radio était branché sur France info et j’apprenais la nouvelle. Ma mère a eu cette phrase terrible que je n’oublierai pas : « L’Amérique est attaquée, c’est la guerre ! »
En rentrant chez moi, je restais tétanisé devant l’écran de la télé. Toutes les chaînes passaient en boucle les crashes des avions et l’effondrement des Twin Towers. Des images qui restent gravées.
Et je n’avais qu’une hantise, les représailles de la plus grande armée du monde contre cet inconnu qu’on appelle terrorisme.
Je me souviens que mes parents ont ravivé le souvenir de l’assassinat de Kennedy quand ils étaient gamins, comme un choc pour le monde entier.
En 2016, j’ai eu la chance de me rendre à New York et n’ai pas pu m’empêcher d’aller « visiter » le site du drame. Très impressionnant. Immense. Un vrai moment de recueillement pour toutes les victimes.
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J’avais vingt ans, je m’apprêtais à débuter mon année de licence à la faculté d’histoire de Tours. Les cours n’avaient pas encore repris et je résidais encore dans la maison familiale, sans avoir grand-chose à faire en ce milieu d’après-midi ensoleillé. J’ai eu connaissance des événements en allumant la télévision, à l’étage, et en tombant immédiatement sur un flash spécial. Ma mémoire me fait dire que j’ai eu connaissance des événements avant que la seconde tour du World Trade Center ne soit touchée, mais il est possible que ce soit l’idée que j’en garde et non la réalité. J’ai appelé, peu après, mon père qui jardinait, et nous avons suivi le déroulement des événements, cette fois dans le salon, avec un ami arrivé entre-temps. Ai-je perçu toute l’importance de ces attentats au moment de leur déroulement ? Probablement pas. C’est surtout la sidération qui primait alors, face à la puissance visuelle de ces buildings dévorés par les flammes. L’incrédulité également devant cet événement presque irréel. Ma connaissance de la géopolitique, à l’époque, ne me permettait pas de réfléchir aux conséquences de ces attentats au demeurant, bien évidemment, inexpliqués à ce moment-là.
La mémoire du « 9-11 » (1)
La mémoire du « 9-11 » (2)
La mémoire du « 9-11 » (3)
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« 9-11 »
Il y a 19 ans…