Chaque mardi, entre quelques retraités en bonne forme, nous avions une séance de ping-pong. Après la séance d’entraînement qui s’était déroulée à Mainvilliers, je rentrais chez moi en écoutant France Info dans mon véhicule. À la hauteur du jardin du Clos-Pichot, un journaliste annonce la nouvelle de l’attentat frappant la première tour du World Trade Center à New-York.
Dès mon arrivée au domicile, je me précipite pour allumer mon téléviseur. La première image qui m’apparaît, ce sont les deux tours jumelles dont celle de droite sur l’écran laisse échapper des panaches de fumée et la seconde tour est à ce moment percutée par un avion. L’impact sur la deuxième tour est situé plus bas que le précédent. L’image est vraiment « percutante », s’il est possible dans un tel cas d’oser utiliser ce qualificatif. Il y a quelque chose d’irréel tellement cela ressemble à des images de film catastrophe.
J’ai vraiment l’impression de vivre un film, et cela sera également ressenti et répété par les journalistes qui couvrent l’événement.
J’assiste à l’Histoire en direct, je me sens témoin en dépit de la distance géographique, parce que cela se passe en ce moment même. J’ai une pensée alors pour un autre événement appris en direct à la radio le soir du 22 novembre 1963. L’assassinat de John Kennedy à Dallas. J’étais jeune marié et j’avais ressenti aussi l’importance de l’événement.
Mais là, il y a l’image en plus, et je reste devant mon téléviseur à suivre la catastrophe alimentée d’images nouvelles du drame qui s’amplifie.
Des personnes se jettent dans le vide et la trajectoire des corps est filmée. Des pompiers courent en tous sens dans un nuage épais de poussière. Les tours s’effondrent l’une après l’autre. Des passants s’abritent accroupis près des voitures…
*
Le 11 septembre 2001 était un mardi ; inutile de compulser le calendrier de cette année-là pour m’en souvenir. C’est une journée de travail normale. Je quitte mon bureau en centre-ville de Chartres assez tôt pour aller récupérer mes deux filles chez la nourrice qui habite à La Madeleine.
La rentrée des classes a eu lieu la semaine précédente et nous avons promis un dîner chez Buffalo Grill pour fêter l’entrée de notre aînée en grande section de maternelle. Je récupère ma voiture garée dans le parking souterrain des Halles à Chartres.
Il est environ 16 heures 45. Il me semble qu’il ne fait pas très beau : il ne pleut pas, mais le ciel est gris. Je porte un imper couleur kaki. J’allume le poste-radio du véhicule sur la station France Inter.
Ce n’est pas l’émission habituelle à cette horaire. La première chose que j’entends est un nombre : 30 000. Je ne comprends pas à quoi le journaliste fait référence. Il répète : potentiellement, il peut y avoir 30 000 victimes, le nombre de personnes travaillant sur le site du World Trade Center. Je pense qu’il se trompe ou que je n’ai pas compris.
Arrivée à destination, je reste littéralement scotchée dans ma voiture, sidérée par ce que j’entends.
Parvenant enfin à me détacher de la radio, je monte au 5ᵉ étage de l’immeuble où habite la nourrice des enfants. Il me semble que la télévision dans l’appartement est allumée. Sur le chemin du retour, je ne pense pas avoir écouté la radio en raison de la présence des enfants dans la voiture.
Arrivée à la maison, j’allume la télévision sur France 2 et ne parvient plus à me détacher de l’édition spéciale animée par David Pujadas.
Mon mari rentré à son tour, nous hésitons à nous rendre au restaurant comme prévu, finalement nous faisons le choix d’y aller. L’établissement est quasiment vide. Tous les visages sont graves et fermés.
Le peu de monde présent ne parle que de ça. Au retour, les enfants couchés, c’est à nouveau devant la télévision que nous terminons cette journée du 11 septembre 2001.
La mémoire du « 9-11 » (1)
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« 9-11 »
Il y a 19 ans…