Le stupéfiant adoucissement de ton que j’ai connu à mon égard suite à mon élection au Conseil Régional a fait long feu, le naturel revenant au galop, Jean-Pierre Gorges a de nouveau livré un combat sans merci aux élus de Chartres Ecologie durant les 4 heures du conseil municipal de rentrée du 16 septembre.

Infatigable, le conseiller Duval prend d’abord la parole pour revenir sur le rejet en appel du recours porté par Quentin Guillemain contre le résultat de l’élection municipale en lui demandant perfidement comment il a payé son avocat. Ce dernier répond qu’il s’est défendu seul et se voit proposer par le triste flingueur de déposer un nouveau recours contre l’élection régionale en raison du haut niveau d’abstention. Il me reproche ensuite fielleusement de m’être renié en cumulant les mandats régional et municipal. Suite à ma réponse précisant que la question n’a de sens que pour les mandats exécutifs, le maire précise que j’ai eu raison d’accepter une vice-présidence régionale « malgré l’avis contraire de votre entourage ». Devant ma surprise, il répond que les rumeurs vont bon train à ce sujet. Passionnant !

Après ces trop longs préliminaires, en réponse à une question de Jacqueline Marre, Gorges nous dispense 20 minutes de cours soporifique soulignant tout l’intérêt de la multiplication des Sociétés publiques locales (SPL) pour toutes les affaires publiques. Il reconnaît que leur grand nombre augmente sensiblement le nombre d’agents, mais que leurs bénéfices sont tels que c’est « peanuts », tout comme les fortes rémunérations de leurs dirigeants. Le maître de séance nous explique que la transparence de ces structures est prouvée par la place laissée à l’opposition parmi leurs administrateurs. Il demande pour l’exemple qui la représente dans C’Chartres tourisme… Manque de chance : il n’y en a pas, car la ville n’y dispose que d’un siège ! On nous explique qu’il faut au moins trois représentants pour laisser un strapontin à l’opposition.

Nous passons aux travaux pratiques : nous votons pour désigner les représentants municipaux à la toute neuve SPL C’Chartres Spectacles : 8 sièges sont à pourvoir… Pourtant, un seul est généreusement proposé à Jacqueline Marre, « pour qu’elle comprenne comment ça marche ». Elle demande une suspension de séance pour y réfléchir et nous convenons avec elle que le principe de deux sièges pour l’opposition serait plus démocratique. À sa demande de siéger au côté d’Olivier Maupu, le maire rétorque, outré, que dans ces conditions, il demande à l’assemblée d’attribuer ce seul siège à Fabien Standaert (LREM). La parodie de vote à laquelle nous ne participons pas permet de vérifier la solidité de la majorité.

Réveillé par cette magnifique victoire, Gaël Garreau s’encanaille lorsqu’il comprend que la fête de la lumière ne se tiendra qu’une année sur deux, en alternance avec la fête médiévale : il regrette la disparition du rythme annuel de cette « si belle fête » et prend tous les risques en annonçant : « Je serais même tenté de m’abstenir ! »

Il faut attendre la mi-séance pour que s’ouvre l’habituel volet climato-sceptique du conseil : pour des questions de sobriété énergétique, nous votons contre l’installation très coûteuse d’une patinoire provisoire place des Épars, et Brigitte Cottereau suggère d’affecter cette somme à la gratuité et à l’animation durant les vacances de la patinoire de l’Odyssée pour les jeunes et les familles. Réponse hallucinante et rigolarde du maire : « Vous vous plaignez que la ville se réchauffe et vous n’êtes pas contents quand on y met de la glace, vous ne savez vraiment pas ce que vous voulez ! »

Jusqu’à 0h45, fin de la séance, nous avons droit alors à tous les quolibets nous qualifiant d’agitateurs d’extrême-gauche ou de dangereux semeurs de désordre ne voyant dans l’écologie qu’un nouveau moyen d’abattre le capitalisme. Au passage, Gorges nous ressert ses habituelles théories exonérant l’homme de toute responsabilité dans le dérèglement climatique et précise que le GIEC n’est pas composé de scientifiques. Il nous explique aussi que les températures sur terre ne sont mesurées que depuis les années 60, par satellite, et que toutes nos théories ne sont qu’élucubrations. Je lui demande alors si les glaciologues sont payés à jouer au tarot !

En réponse à Jacqueline Marre demandant à la ville de se rendre prête à accueillir des réfugiés afghans, le maire émet des doutes sur les réelles motivations de ces migrants et déplore qu’ils ne résistent pas sur place. Plus tard, il nous demande d’aller vivre ailleurs, de quitter Chartres si nous avons tant de reproches à faire à sa politique : « Allez planter vos arbres à la campagne ». Je pointe cette contradiction en affirmant que nous sommes résolus à résister et à mener notre combat pour le climat sur place, ici et maintenant !

La séance s’achève enfin après une nouvelle série d’attaques personnelles, puis nous sortons et nous arrêtons de l’autre côté de la place des Halles pour échanger sur nos impressions de la soirée avant de nous quitter. Au bout de cinq minutes, Gorges nous rejoint seul et tente à nouveau de nous convaincre que nous avons tort comme la quasi-totalité de la communauté scientifique : hallucinant !

Jean-François Bridet

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