Passer devant la Commission Nationale de l'Architecture et du Patrimoine ne vaut pas autorisation d'aménager ni permis de construire : d'autant plus que cette commission, après examen du projet d'aménagement de l'esplanade en juin 2023, a conclu son examen comme suit :
(…) la CNPA émet un avis favorable assorti des conditions suivantes :
- Traitement paysager :
Demande que le projet porte une ambition plus grande sur le plan paysager tant pour répondre aux enjeux de recomposition urbaine, en accord avec l'organisation médiévale d'origine, que pour améliorer le confort des usagers et prendre en compte les effets du réchauffement climatique.
Recommande l'adjonction d'une compétence paysagère à la maîtrise d'œuvre.
Le futur équipement culturel et archéologique et la dalle qui le recouvre pourront ainsi être revus dans leurs volumes, afin de permettre la plantation d'arbres de haute tige en périphérie de l'esplanade.
- Matériaux :
Rappelle la nécessité d'une cohérence des aménagements futurs avec les espaces publics autour de la cathédrale et demande que le choix des matériaux employés pour l'esplanade réponde à cet objectif.
Demande également de veiller au traitement des émergences (garde-corps) prévues pour le monte-charge ou pour les accès PMR, ces émergences pourraient s'insérer dans un espace végétalisé.
- Grilles + murets du tour de la cathédrale :
Monument historique classé, ne peuvent être supprimés.
- Modifications des maisons canoniales :
Estime que le projet de réhabilitation de ces maisons ne pourra conduire à la création d'ouvertures disproportionnés ni à l'ajout d'appendices à l'avant des façades.
- Escalier de l'esplanade :
Considère que le positionnement et l'orientation de l'escalier de l'esplanade, déxaxé par rapport à la cathédrale, doivent faire l'objet d'études complémentaires, y compris pour accroître les espaces végétalisés. »
Ces conditions ne sont pas de simples « remarques », comme veut bien le dire le Maire de Chartres, qui s'est bien gardé de le faire savoir. Ce sont de sérieuses réserves. On voit bien que l'aménagement doit être revu pour devenir favorable sans réserves. Il manque cruellement d'arbres. Pourtant, par anticipation et en catimini, la ville de Chartres vient de commencer les travaux en abattant deux tilleuls, sans autorisation ni avis de l'Architecte des Bâtiments de France, donc illégalement*.
Il faut aussi savoir que le 16 novembre dernier le conseil municipal de Chartres a autorisé une mission de bureau d'étude pour « une assistance à maîtrise d'ouvrage, de programmation architecturale et d'ingéniérie culturelle pour la création d'un équipement muséographique et touristique au sein du cloître Notre-Dame ». Mission rémunérée 400 000 euros ! pour quoi faire exactement ? Et pourquoi maintenant et pas plus tôt ? L'aménagement de l'esplanade a donc été projeté sans connaître le contenu du futur « musée » ? Cloître Notre-Dame ou esplanade ? Beaucoup trop d'imprécisions et de questions sans réponse.
Le mystère est bien entretenu.
* Les arbres abattus étaient sur un terrain noté « DV1 » sur le plan du SPR PSMV de Chartres, espace soumis à prescriptions particulières, avec le texte réglementaire suivant :
« Les espaces à conserver doivent être maintenus voire entretenus selon leurs dispositions actuelles (qu'elles soient à dominantes minérales ou végétales). Cela implique la conservation des alignements d'arbres, des boisements, des plantations DM1 DM2 DV1 DV2, des dallages ou pavages de pierre, des sols stabilisés, des murs de clôture ou de soutènement, ou leur restauration dans l'esprit des orientations contenues dans le Cahier de Recommandations et d'Intentions Architecturales et Urbanistiques ».
On peut aussi noter qu'il y avait initialement au moins trois arbres sur ce terrain, donc un alignement.
Extrait du « plan polychrome » du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur : le terrain concerné par l'abattage au 12 rue de l'Etroit Degré comporte deux parties : un espace réservé (en rouge) et un espace végétal (en vert) noté DV1.