Cactus. Quel bilan tirez-vous du quinquennat législatif de Guillaume Kasbarian ?

Quentin Guillemain. Le bilan du député sortant est désastreux. Où sont ses réponses à l'urgence démocratique et à la rénovation de la vie publique qu'il portait il y a cinq ans ? Où sont ses réponses sur la question de la désertification médicale qu'il disait vouloir traiter il y a cinq ans ?

Le cumul des mandats dans le temps est toujours possible, plusieurs députés de la majorité ont quitté leur mandat pour rejoindre des lobbies. Quant à l'accès aux soins, le problème est encore plus prégnant aujourd'hui qu'il ne l'était il y a cinq ans.

Sur la question de la transition écologique, là aussi, rien n'a été fait pour répondre à cette urgence vitale. Les propositions de la Convention citoyenne pour le climat ont été ignorées, la majorité parlementaire est même revenue en arrière sur l'interdiction du glyphosate ou des néonicotinoïdes. Le bilan est tellement mauvais de ce point de vue que M. Kasbarian s'est vu décerné un bonnet d'âne : il figure parmi les derniers du classement des députés au niveau de leur action environnementale, classement réalisé par l'association Agir pour l'environnement.

Sur l'A154, je reste le seul opposant parmi les candidats à la législative. M. Kasbarian est un critique de la dernière heure, par intéret électoraliste. C'est sa propre majorité qui a lancé l'appel d'offres pour la concession autoroutière. Le premier ministre s'est même déplacé à Chartres pour l'annoncer à Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, en présence du député Kasbarian. En tant que député, quelle action a-t-il mené auprès de son gouvernement pour refuser ce projet ? Aucune ! Aucun courrier, aucune intervention.

Cactus. Que vous a inspiré le duel fratricide au premier tour entre les deux candidats de la droite chartraine Karine Dorange et Ladislas Vergne ?

Quentin Guillemain. C'est pathétique. Je remarque simplement que Jean-Pierre Gorges tire encore et toujours les ficelles de la droite chartraine en tant que seigneur de la politique locale. Quand vous ne lui faites pas révérence, il tente à tout prix de vous abattre, quitte à faire perdre son propre camp.

Je ne suis pas dupe de ce qui s'est passé avec une candidate, Karine Dorange, marionnette de Jean-Pierre Gorges, son véritable directeur de campagne. Il n'a pas hésité pas à mettre à sa disposition son propre directeur de cabinet afin de faire échouer l'autre candidat de la droite, pour in fine faire gagner la majorité présidentielle.

Kasbarian et Dorange sont en réalité le recto-verso d'une même politique : celle du président Macron.

Cactus fait le pari que vous serez élu le 19 juin prochain. Dans cette perspective, dites-nous vos priorités de futur député.

Quentin Guillemain. Je souhaite répondre à la triple urgence sociale, démocratique et écologique.

Pour l'urgence sociale, je souhaite que nous portions le blocage des prix des produits de première nécessité, comme cela a été fait pour les masques ou bien le gel hydroalcoolique précédemment. Il faut mettre fin à cette spirale de la spéculation qui conduit certains à revendre des produits à des tarifs prohibitifs. Je souhaite également que nous allions vers un SMIC à 1500 euros et que nous augmentions sensiblement les petites retraites. Nous porterons également la possibilité de départ à la retraite à 60 ans.

Concernant l'urgence démocratique, il nous faut renouer la confiance entre les citoyens et la politique. Nous devons sortir du régime présidentiel, et donc changer de constitution en direction d'un rééquilibrage des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Par ailleurs, nous devons associer le plus possible les citoyens à la gestion du pays.

S'agissant de l'urgence écologique, mes collègues de la Nupes et moi oeuvrerons pour que les 150 propositions de la Convention citoyenne pour le climat soient effectivement réalisées selon un calendrier ambitieux à l'échelle de l'enjeu de la sauvegarde de notre planète. Rendez-vous compte que la majorité macroniste actuelle n'en a validé que 15...

Interview réalisée par Gérard Leray