À Chartres, certains rêvent de modernité. D’autres, comme notre maire bétonneur, semblent nostalgiquement attachés aux années 1960, quand le béton triomphait et les voitures dictaient la ville.

Dernière lubie en date : transformer les Jardins de l’Évêché, unique jardin intra-muros, en parking souterrain. Un projet absurde, archaïque, et surtout, destructeur. Ce jardin, adossé à la majestueuse cathédrale, est un trésor historique gravé sur les cartes depuis des siècles, protégé par le plan de sauvegarde. Et pourtant, il gêne. Pourquoi ? Parce qu’il ne rapporte rien au mètre carré.

Alors, comme à son habitude, le maire laisse pourrir le site. Abandon, fermeture puis, miracle : une « solution » surgit — du bêton ! Une méthode déjà rodée à Beaulieu, Rechèvres, La Madeleine ou encore le Rigeard et bientôt Bel-Air, où des hectares de verdure échappent aux Chartrains ou disparaissent sous le béton au profit d’intérêts privés.

Sous couvert de sécuriser un mur fissuré, on nous vend un projet de 500 places payantes, sans justification, sans besoin exprimé. Coût de l’étude pour ce non-sens : 675 000 euros d’argent public. Une folie budgétaire quand il suffirait de consolider le mur pour rouvrir les jardins dès 2027. Une délibération a fait l’objet d’un débat en conseil municipal en février dernier : elle cible une tranche ferme de l’étude, c'est à dire un mur de soutènement pour lequel nous sommes d’accord pour permettre la stabilisation définitive et solide de l’ensemble. La tranche optionnelle de cette même étude correspondant à la création d'un parking d’au moins 500 places. Les deux tranches sont fort heureusement dissociées. Le projet de mur de contrefort se suffit à lui-même pour permettre de solidifier l’ensemble et rouvrir les jardins rapidement, après remise en état paysager, c’est-à-dire en 2027. Mais non : les jardins doivent doit servir d’alibi à un bétonnage massif et inutile, et une réouverture qu’en 2030…Quitte à priver les chartrains, pourquoi pas attendre encore 5 ans ? La majorité dans son ensemble, Renaissance compris, a voté d’une seule voix pour la vitrification du site !

Pire encore : ce projet pourrait dissimuler les premières fondations d’un “aérotram”, projet délirant évoqué par le maire dans les colonnes de l’Echo dès mars 2020* « extrait de l’article citant le Maire : Plateau nord-est : « L’idée est de mettre en place un aérotram, sorte de téléphérique urbain, entre les jardins de l’Évêché, à la cathédrale, et le futur parc des expositions». Pas impossible que la fermeture des jardins de l’Évêché en 2021 ait déjà été décidée bien avant l’apparition des premières fissures. Un gadget déconnecté des réalités locales, mais qui exigerait, bien sûr, une base de béton solide. Devinez où ?

Et les Chartrains dans tout ça ? Relégués. Chassés. Une politique brutale qui ferait fuir les habitants les moins fortunés, en supprimant les stationnements gratuits existant en basse ville et en imposant des abonnements hors de prix dans des infrastructures bétonnées. Sans parler des conséquences d’années de travaux en basse ville sur des rues et ponts médiévaux inappropriées, et l’appel que constituerai un tel « parking de supermarché » pour autant de véhicules intramuros. Pour rappel, l’achat d’une place de stationnement en souterrain, c’est autour de 15 000 €, et l’abonnement QParc : 1 500€ / an. Quel habitant pourra se le payer ?

Les alternatives ? Elles existent. Sécurisation et réouverture des jardins, réflexion pour leur aménagement paysager, création d’une liaison douce entre ville haute et ville basse par un ascenseur, réflexion participative pour un stationnement intelligent et respectueux du patrimoine sur les secteur Drouaise, Morard, Foch. Résidentialisation de la basse ville par des bornes. Développement des transports en commun sur les boulevards. Mais cette vision-là ne plaît pas au bétonneur en chef. Trop verte, trop humaine, trop démocratique, trop moderne.

En 2026, il ne tiendra qu’à vous de choisir entre la pensée grisonnante du tout-béton et la vision verdoyante d’une ville vivable.

Olivier MAUPU. Urbaniste. Conseiller municipal de Chartres – Conseiller communautaire de Chartres Métropole.

*cf. article de l’Écho Républicain du 12 mars 2020 : https://www.lechorepublicain.fr/chartres-28000/politique/les-grands-projets-des-candidats-a-la-mairie-de-chartres_13764143/

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Carte archéologique de Chartres vers 1750 : en vert, le périmètre du Jardin de l’Evêché historique