Peu après la Seconde Guerre mondiale, les Lévois.es bien inspiré.es et plein.es d’espoir ont fait pour l’avenir le pari de la nature et de la culture. Tandis que les bénévoles de l’Amicale Laïque édifiaient de leurs mains et avec des matériaux de réemploi une salle pour le théâtre, la danse, le dessin, la fête, les élu.es plantaient 18 tilleuls sur la place de l’église enherbée pour que leurs descendant.es bénéficient des décennies plus tard de leur ombre et de leur bienfaisante fraîcheur. Ils ne se doutaient sûrement pas qu’ils tomberaient dans la force de l’âge à cause de la folie d’un lointain successeur, au moment où les premiers effets du dérèglement climatique les rendent plus précieux que jamais !

Pas d’autre justification que l’autoritarisme monarchique du maire et l’aveugle soumission de sa majorité municipale pour expliquer ce crime contre le vivant, cet écocide anachronique. Martial porte bien son nom lorsqu’il remplace ce havre de biodiversité où il faisait bien être par une scène de guerre, la dévastation d’un champ de bataille où régnait hier le souffle de la mort.

Nous n’y percevrons plus le butinement des abeilles.

Nous n’y admirerons plus la course des écureuils.

Nous n’y entendrons plus les merles chanter.

Nous n’y goûterons plus le réconfort estival de leur ombrage.

Le cœur de Lèves n’y bat plus, une immense pierre tombale y sera bientôt réalisée.

J’accuse Rémi Martial, maire de Lèves et commanditaire du crime, fossoyeur du patrimoine naturel collectif, de mépriser la mémoire de ceux qui nous avaient offert ces beaux et généreux compagnons, d’insulter l’avenir des futures générations lévoises dont il rend la ville stérile et inhospitalière.

J’accuse Hervé Jonathan, préfet d’Eure-et-Loir, qui a autorisé l’abattage des quatre alignements urbains que la loi lui permettait de protéger : qu’il ne parle plus au nom de l’Etat de la Stratégie Nationale de Biodiversité !

J’accuse Franck Masselus, président de la SPL Chartres Aménagement, maître d’ouvrage délégué de cette exécution sommaire et rémunéré pour cela.

Je plains les paysagistes, aménageurs, urbanistes et élagueurs qui ont du cœur de n’avoir pas eu le courage de dire NON !

Je m’accuse enfin de n’avoir pas été assez vigilant ou trop naïf puis de n’avoir pas eu le réflexe lundi à 11 heures, lorsque j’ai été informé du massacre de n’avoir pas quitté mon poste de travail et renoncé à mes autres obligations, pour m’interposer physiquement afin de tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être.

Eh oui, j’en viens à culpabiliser tandis que l’auteur du forfait, l’écoterroriste local, l’écocidaire en série a certainement passé une excellente nuit, très heureux d’avoir berné les gardien.nes du vivant en leur donnant RDV le lendemain mardi pour remettre les 800 signatures de leur pétition… une fois qu’il serait trop tard ! Encore une manipulation à la hauteur de son respect de la démocratie.

Jean-François Bridet