Les premiers romans sont toujours une source d’interrogations. Entre la joie de découvrir les qualités d’un auteur jusqu’alors inconnu et la déception de trouver des faiblesses dans un premier livre édité, la curiosité palpite au gré de la lecture.
Dans le cas de Basile Mulciba, on peut dire que c’est une première réussie. Avec Hors saison, qui nous plonge au cœur d’un hiver dans une station de ski, le romancier suspend ses lecteurs hors du temps. Sa priorité : les gens que l’on découvre au fil du temps. Avec le changement climatique, Basile Mulciba nous entraîne au cœur de cette période charnière. Le temps change mais également les hommes. Yann est un étudiant en médecine habité par un mal de vivre.
Désireux de rompre avec sa vie sans intérêt, il décide de larguer les amarres laissant derrière lui sa petite amie et sa famille. Ne sachant quoi faire, il part en train vers une station de ski pour devenir saisonnier. C’est dans l’hôtel de Hans, que Yann pose son baluchon. Avec Joachim, un autre saisonnier, il découvre la vie de ceux qui vont de boulot en boulot l’hiver et l’été.
Il règne une certaine ambiance entre les saisonniers. Les soirées arrosées permettent à ces travailleurs précaires de décompresser, de partager leurs expériences et leurs doutes. Malheureusement pour eux, la neige se fait attendre. Doucement mais sûrement, la station voit le peu de touristes plier bagages et les professionnels fermer boutique. Dans ce no mans land que devient la station, l’ambiance ressemble à une fin du monde.
Malgré quelques lueurs d’espoir, la neige ne tombe toujours pas. Hans, croulant sous les dettes, n’a pas d’autre choix que de licencier Yann. Mais ce dernier, en sécurité dans cet hôtel, demande à Yann de rester pour l’aider à fermer l’établissement. Finalement, la neige boudant la station contraint Yann à reprendre le train pour rentrer chez ses parents. Mais c’est un Yann transformé par une vie de naufragés qui rejoint la ville.
Au cours de ces dernières années, la vie de l’homme sur la planète bleue est contrariée par des obstacles venant d’un virus, de la guerre et du changement climatique. Avec une touche toute personnelle et pleine d’humanité, Basile Mulciba aborde intelligemment les conséquences de toutes ces modifications sur les relations sociales devenues complexes.
Pascal Hébert
Hors saison, de Basile Mulciba. Éditions Gallimard. 190pages. 19,50€.
Photo Francesca Mantovani