Conseil municipal du 18 septembre 2025. Le maire souligne que, malgré le tassement au niveau national, la ville de Chartres a connu cet été une croissance de l’accueil de touristes. Son analyse est limpide : « Grâce à l’affaire des robiniers qui a fait des millions de vue sur les réseaux sociaux, les gens ont voulu voir de quoi il retournait. Ils ont rempli les terrasses des restaurants mais ils se demandent toujours où étaient les arbres… »
Au sujet du relèvement des tarifs d’entrée à la maison Picassiette : « Lorsque que vous proposez côte à côte des oranges à 3 euros ou à 1 euro le kilo, les gens prennent toujours les plus chères ». C'est bien la remarque de quelqu’un qui touche 3 000 euros mensuels de « frais de représentation » !
En réponse à Ladislas Vergne : « Vous n’allez dans les quartiers que depuis que vous faites votre propagande, vous la faites même en parlant en arabe ! », puis au sujet de la bétonnisation : « Ici on ne construit pas la maison des petits cochons, on ne fait pas dans la paille et le bois comme les escrologistes ».
Au sujet de la baisse de population : « Si on voulait, on pourrait se passer de la DGF (Dotation globale de fonctionnement, subvention d'Etat) »
« Moi, je suis un vrai décentralisateur et je veux offrir plus d’autonomie aux communes de l’agglo » avec la promesse assortie de passer d’un minimum de contribution de solidarité de 30 000 à 50 000 euros par commune. Le clientélisme pur du président trahit la peur des lendemains….
Suivront les habituelles moqueries et attaques personnelles à destination de Ladislas Vergne, auxquelles Guillaume Bonnet ajoutera son fiel : il doit bien leur faire peur leur ancien colistier, jusqu’à le soupçonner de rejoindre les rangs de LFI !
Je décide de rassembler trois explications de vote en fin de séance pour éviter d’ouvrir au maire trois nouvelles tribunes d’autosatisfaction personnelle. Or, il a quitté la séance quelques délibérations avant mon intervention, pour des raisons juridiques. Cela permet (enfin !) à trois adjoint.es de s’exprimer pour répondre aux sujets évoqués. Ils soulignent surtout mon manque de courage présumé d’avoir attendu que le maire quitte la salle pour prononcer un monologue jugé interminable (4 minutes à tout casser !). Soit dit en passant, il est de notoriété publique depuis le premier mars 2025 que le mouvement Chartres en Commun m’a confié la tête de sa liste municipale, je n’ai manqué aucun des conseils municipaux et toujours veillé à débattre avec le maire.
M. Masselus croit me faire peur en me disant que je ne pourrai pas me défiler lorsqu’il y aura un débat de campagne avec le maire : menace très surprenante lorsqu’on se remémore que Jean-Pierre Gorges fut le seul candidat à sécher le débat de premier tour organisé par France 3 pour les élections municipales de 2020...
L’explication du refus d’ajouter à l’ordre du jour le vœu que nous proposions avec Chartres à Gauche constitue un triste épilogue à la séance. Il s’agissait de la demande de réactivation solidaire du jumelage de Chartres avec Bethléem, ville palestinienne de Cisjordanie, en proie à des difficultés grandissantes liées aux opérations militaires israéliennes à Gaza. Il nous a été expliqué dans la journée, par écrit, que le vœu était illégal car « ne relevant pas des affaires locales », comme si les relations avec les villes-amies n’existaient pas ! Jacqueline Marre, à l’origine de la démarche et co-rédactrice du vœu, pose une « question orale » pour que le sujet soit discuté malgré tout, ce qui autorise le maire à dérouler un interminable discours (20 minutes) émaillé des habituelles pépites et approximations :
« Macron a décidé de reconnaître Gaza » : ah bon ? »
« Trump : je n’ai pas d’avis sur la personne mais attention à ce qu’il peut faire. »
« Je suis déçu par Faure qui engage le PS dans le soutien à la Palestine : je le connais bien, nous avons des proches en commun en Ardèche. »
J’en passe et des plus fumeuses, mais sans oublier de se comparer au général de Gaulle en 1967, « critiqué par tout le monde », le maire finit par déclarer qu’il faut laisser en sommeil le jumelage avec Bethléem le temps que la situation se calme, d’autant qu’on ne peut même plus y aller : bravo pour la solidarité avec nos « villes-amies » ! Il conclut en nous détaillant ses balades en Espagne pour y trouver un nouveau point de jumelage, sans avoir eu un seul mot pour les souffrances endurées depuis des mois au Moyen-Orient. Même au sein de la majorité, le malaise était palpable.
Il nous affirme qu’il ne voulait pas faire de ce sujet une discussion de comptoir, mais c’est bien lui qui ce soir a ouvert et tenu le bistrot où seule sa voix s’est fait entendre ! Honte et colère…
Jean-François Bridet