Soudés par plus de trois semaines de lutte et de résistance civile au pied des trois marronniers de la Courtille, c’est accompagnés d’une vingtaine d’amis que nous débutons cette séance de rentrée municipale du 15 septembre 2022.

En remplacement de M. Garreau et Mme Chauvel (LREM), nous accueillons deux nouveaux conseillers qui sont invités à se présenter. Chacun décline son pédigree 200% chartrain avant que M. Caplain précise qu’il ne s’inscrira pas dans l’opposition municipale. Saluons sa clarté, elle nous fait gagner du temps.

Quentin Guillemain propose un amendement à la modification de règlement intérieur proposée en début de séance. Le maire commence à demander aux conseillers s’ils sont d’accord pour qu’il soit mis au vote, avec autant d’aplomb que d’illégalité ? c’est alors que son chef de cabinet vient lui chuchoter à l’oreille, avant qu’il ne se décide d’un coup à accepter le vote… Merci Gimini !

Suite à cette modification, désormais les vœux ne seront examinés que si la majorité vote d’abord s’ils peuvent être présentés... Nous tenterons pourtant à nouveau d’en porter (comme la limitation de vitesse à 30 km/h dès notre premier conseil de 2020).

Jacqueline Marre ose s’opposer au projet de « spectacle immersif » dans l’église Saint-Pierre, ce qui lui vaut le droit d’être traitée de menteuse. Quentin Guillemain abonde et précise la critique de Jacqueline, mais on lui reproche évidemment d’être un jeune Chartrain qui ne connaît pas sa ville et son patrimoine !

JPG avait quitté la salle lors de cet échange en raison du risque de conflit d’intérêt. Les élus qui quittent la salle suivent cependant les débats par écran interposé, c’est pourquoi il se permet de reprendre la parole après le vote en se lançant dans un exposé de politique générale remontant au début de son premier mandat. Cela m’offre enfin la possibilité d’intervenir pour regretter que, depuis que Chartres en Lumière s’étale durant onze mois, la ville a perdu la beauté de l’éclairage architectural nocturne de son patrimoine. MIRACLE, le maire me donne raison et indique réfléchir à une modification de la saisonnalité ! Je me mets à rêver : et si nous arrêtions le spectacle permanent l’été pour éviter de climatiser les projecteurs en pleine canicule ?

A l’occasion d’une délibération relative aux dotations pour le concours des villes fleuries, Olivier Maupu intervient pour souligner la nécessité de préserver les arbres patrimoniaux qui, à l’image des trois marronniers récemment sauvés de l’abattage, font la beauté de notre ville et nous protègent contre la dérive climatique.  Le maire empêche les membres de la majorité de répondre…

Nous votons pour la convention passée avec le monde associatif pour l’éducation au vélo dans les écoles, mais regrettons par la voix d’Olivier que les infrastructures ne soient pas à la hauteur dans une ville qui se dit amie des vélos mais qui met cependant les cyclistes en danger. Durant son exposé argumenté et documenté (la limitation généralisée à 30 km/h ne suffit pas et la mauvaise note donnée par la Fédération des Usagers de la Bicyclette), M. Gorges ne me quitte pas des yeux et prononce silencieusement du bout des lèvres une dizaine de fois : « Fascistes ! »

La suite des débats, entre projets délirants de parkings souterrains et cours magistral sur l’arbre d’ornementation en ville s’avère interminable et confuse, mais porte de la part du maire son habituelle récolte de pépites et provocations :

Vous avez des idées fixes, M. Bridet, comme IDEFIX, attention à la fin de l’histoire, il finit suspendu à un arbre (je lui demande de revoir ses classiques car il s’agit du barde Assurancetourix !)

Les parkings souterrains, ils ne sont pas en béton (?!) alors qu’au pied de vos éoliennes, il y en a des tonnes

J’aime plus la nature que vous, d’ailleurs c’est à la campagne que j’ai grandi. Quand j’en ai besoin, je vais au milieu de mes arbres en Ardèche (ces crétins de Chartrains qui n’ont pas de résidence secondaire…..)

Au sujet des marronniers : la seule façon de nous mettre d’accord sur leur âge, c’est de les couper pour pouvoir compter les années.

Les Chartrains ont validé notre projet présenté en 2020 dans un beau livre, c’était autre chose que vos distributions de tracts.

Les restaurateurs de la place du Cygne nous remercient d’avoir supprimé les tilleuls : ils étaient obligés d’ajouter des parasols pour éviter que les clients ne reçoivent des fientes d’oiseaux.

Si, à cause de vous et des vieux arbres, les terrains deviennent inconstructibles ou pas assez rentables, nous seront obligés de déclasser les Espaces Boisés Protégés sur les parcelles privées (ce qui a déjà été fait il y a quelques années sentier du Clos Vert….)

Je ne fais pas de politique : je ne suis ni de gauche, ni de gauche.

Et comme d’habitude, nos convictions écologistes sont très régulièrement niées et requalifiées d’extrême-gauche ou d’anarchistes, pour résumer : « ma mission est de protéger Chartres contre vous puisque vous êtes là pour déstabiliser la société et la démocratie ».

Il nous ré-intègre finalement parmi les écolos pour nous rendre responsables (bien que n’ayant jamais été au pouvoir) de la crise énergétique (l’arrêt du programme nucléaire) et des méga-feux en Gironde (nous avons empêché de créer des chemins d’accès pour les secours).

Ladislas Vergne clot la séance par un vœu visant au blocage du prix du repas scolaire (une augmentation de 3 centimes est indiquée), ce qui lui vaut les qualificatifs de démagogue et de clientéliste, et permet au président de séance, maître absolu comme jamais de la prise et du temps de parole, de jubiler de sa trouvaille : « Trois parkings (il nous a rappelé son projet en bas de la Courtille), trois marronniers, trois centimes ».

Merci encore à tous les amis des marronniers pour leur silencieux soutien durant toute ou partie de cette pénible séance, 4h45 de monologues gorgiens rarement interrompus par Jacqueline Marre et vos serviteurs de Chartres Écologie, la lassitude devant encore être plus grande quand il est impossible de s’exprimer !

Jean-François Bridet, conseiller municipal Chartres Écologie.