Le conseil municipal de Chartres du 8 décembre débutant à l’heure inhabituelle de 19 heures, j’arrive quinze minutes en retard avec Quentin Guillemain.
En l’absence du maire Jean-Pierre Gorges, resté en coulisse en raison des risques de conflits d’intérêt, Jean-Maurice Duval est alors en plein cœur du plaidoyer anti-écolo qu’il déroule pendant d’interminables minutes suite à la courte intervention d’Olivier Maupu pour expliquer notre vote contre le mode d’exploitation commerciale proposé pour la Maison Picassiette. Nous assimilant toujours à des fachos qui vont diriger la vie des gens, le conseiller délégué à la communication évoque l’affaire Bayou, le barbecue de Rousseau, la démission de Chantal Vinet (il en est toujours là…), la charte EELV qui devrait m’empêcher de cumuler mes mandats régional et municipal… Bref, nous incarnons pour lui le pire d’Europe-Ecologie-les-Verts et de la LFI, dont pourtant aucun de nous quatre n’est adhérent !!! Sur le fond, évidemment, aucun sujet n’est abordé.
Pour bien rappeler de quel côté du manche LREM se trouve désormais, leur nouvelle élue profite de l’occasion pour s’exprimer : « ils ne savent pas ce qu’ils veulent chez Chartres écologie ».
Olivier reprend la parole pour argumenter notre opposition renouvelée au projet du plateau Nord-Est. Nous n’obtiendrons du maire qu’un poli : « Merci pour vos questions et vos remarques ». Etonnamment, c’est à ce moment qu’Emmanuelle Ferrand, déléguée à la jeunesse m’interpelle : « Vous nous avez demandé de veiller à la parité dans les rangs du conseil municipal des jeunes mais je suis au regret de constater qu’il n’y a qu’une seule femme sur quatre conseillers dans vos rangs. Je suggère de ne plus débattre avec vous tant vous continuerez à bafouer le droit des femmes. » Je lui réponds exactement comme le maire : « Merci pour vos remarques ».
(A propos de la représentativité du conseil municipal des jeunes, je vous rappelle sa composition quant à la provenance de ses membres collégiens : 21 de Saint-Marie et Notre Dame, 12 d’Hélène Boucher, 3 de Victor-Hugo, aucun de Jean-Moulin et Mathurin-Régnier….)
Lorsqu’il s’agit de débattre de la baisse de subvention aux classes de neige, de mer et sorties scolaires, le maire, déjà agacé par l’intervention de Boris Provost, refuse de poursuivre le débat en ne donnant pas la parole à Quentin Guillemain qui quitte alors la salle où ses droits sont bafoués, au lendemain du jour où déjà M. Bourguignon l’avait molesté…
Je reprends le micro pour m’insurger contre la baisse de 20% des subventions aux associations non conventionnées, justifiées par les efforts à réaliser sur le budget communal, tandis que le budget de communication explose* et que les aides au sport professionnel sont intégralement maintenues… Jacqueline Marre appuie ensuite mon propos. Le maire nous répond en bloc :
« Ça ne veut rien dire une subvention, il faut voir tout ce qu’on leur offre à côté. »
« Tous les équipements communaux qui sont ouverts aux associations : le OFF, bientôt le Colisée qui leur permettra d’augmenter leurs revenus par la billetterie…. »
« Votre idéologie ressort toujours, elle bave à travers vous. »
Quand Olivier explique notre opposition renouvelée aux 200 000 euros versés à un inconnu pour le futur Festival International du Film Muet, le maire se contente de lui rétorquer qu’il « retombe dans le caniveau ». Je relance en déplorant n’avoir aucune info sur l’état d’avancement et le contenu du projet : « Nous devons voter à l’aveugle pour le cinéma muet ! » et reçois des réponses aussi convaincantes que :
« Vous verrez après si ce sera réussi. »
« Quand vous allez à une soirée vous ne savez pas à l’avance si vous allez vous amuser. »
Pas de quoi s’inquiéter, il ne s’agit que d’un cinquième de crotte de nez d’argent public…
Dernière leçon de rhétorique gorgienne avant la clôture des débats : au vote de la convention liant la ville au Conseil départemental pour la réfection de la rue du Faubourg La Grappe comprenant une piste cyclable (avec changement de côté au milieu du trajet), je déplore que cet équipement si longtemps attendu ne s’inscrive pas dans un schéma cyclable local à l’échelle de l’agglo. Jean-Pierre Gorges qui n’hésite pourtant pas à engager l’agglo dans des programmes complexes de plusieurs dizaines de millions explique que c’est très compliqué de mettre tout le monde d’accord et qu’ensuite c’est aux communes de payer la voirie dans un contexte où le coût de l’énergie notamment ne permettra bientôt plus d’investir, ce qui mène naturellement à l’accusation portée contre les écolos d’avoir tué l’industrie nucléaire, nous privant ainsi d’une énergie bon marché.
En résumé, lorsque j’évoque des priorités d’investissement différentes entre nous (la proximité et transition écologique) et eux (l’attractivité artificielle des grands équipements inutiles), on me répond que les écolos ont mis la France en faillite !
Nous finissons la séance assez tôt sans avoir rejoué un match autour des arbres en ville : « Allez les planter en Beauce », « Ils sont interdits dans le secteur sauvegardé », « Comme les marronniers (sic !), les platanes des Trois Ponts sont malades, nous serons obligés de les abattre : vous allez vous y enchaîner ? »
Nous sortons vers 21h15 en traversant le hall où un buffet est en cours de dressage pour les élus de la majorité : encore une bonne séance d’écolo-bashing à arroser !
Jean-François Bridet, conseiller municipal Chartres Écologie
*pour info, au sujet du magazine municipal :
Votre Ville, Chartres, 39 000 habitants : 56 000 exemplaires de 90 pages tous les mois
Orléans Mag’, 130 000 habitants : 64 000 exemplaires de 36 pages + encart « sorties » de 24 pages tous les deux mois